Quercus pyrenaica : frugal mais source de biodiversité
Au sein des parcs et des jardins, le chêne tauzin peut être planté ou préservé dès que des terres sableuses se révèlent favorables à sa présence.
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En Aquitaine, le chêne tauzin est parfois nommé chêne noir, à cause de la couleur sombre de son écorce profondément crevassée. Cette essence débourre très tard, vers le milieu du mois de mai, sa noire silhouette contrastant plusieurs semaines avec les verts frais du reste de la végétation, puis la blancheur de sa propre feuillaison. Ses feuilles sont d'abord tomenteuses des deux côtés (puis d'un seul une fois adulte), couvertes de très nombreux poils étoilés, comme argentées, parfois rosies par les nuits fraîches. Atteignant 20 cm de longueur, elles sont découpées en lobes profonds et irréguliers, longtemps marcescentes sur les sujets les plus vigoureux. Les glands, allongés ou ovoïdes, solitaires ou groupés jusqu'à quatre, sont portés par un court pédoncule. Le chêne tauzin drageonne de manière spontanée dans son jeune âge, il rejette de souche, peut vivre jusqu'à cinq siècles, atteint de 5 à 20 m de hauteur. Sa hauteur et son port plus ou moins tortueux dépendent beaucoup de la station, mais il ramifie peu. Les vieux sujets deviennent toujours magnifiques avec leurs branches retombantes.
Un pionnier des sols sableux
D'affinité atlantique, le chêne tauzin pousse dans les sols les plus infertiles, à condition qu'ils contiennent une proportion significative de sables. Très héliophile, il sait tirer partie de l'humidité atmosphérique, comme de l'eau puisée par son enracinement pivotant. Il est fréquent de le découvrir loin de l'océan, lorsque les sols lui sont favorables. Il succède aux landes plus ou moins sèches, colonise l'arrière dune littorale, les prés maigres en déprise, formant des forêts pionnières pures ou mélangées, bien éclairées sous son houppier léger. Cet arbre endémique du sud-ouest européen, en régression sensible, caractérise par sa présence un habitat naturel dont la conservation est poursuivie à l'échelle de l'Europe. Il s'agit de protéger les sols oligotrophes (pauvres en éléments fertiles) et la biodiversité élevée associée à ces écosystèmes. Sous le chêne tauzin, la strate herbacée s'avère riche, autorisant le maintien de nombreuses espèces des landes et des lisières, la plus spectaculaire étant l'asphodèle blanche, déjà fleurie avant le débourrement du chêne. L'enrésinement intensif a souvent provoqué le recul du chêne tauzin.
Christophe Chambolle (*) et Valéry Malécot (**)
(*) Ingénieur conseil en horticulture et paysage. (**) Maître de conférences en botanique.
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