Salon Le plein de visiteurs et de prix

Pour la douzième année consécutive, Jardins, Jardin s'est déroulé dans le jardin des Tuileries, à Paris, du 4 au 7 juin. Le grand soleil au rendez-vous a permis à la manifestation de trouver une fois de plus son public, malgré la chaleur parfois accablante, en particulier le vendredi, et quelques menaces orageuses en soirée. Globalement, les amateurs d'espaces verts sont venus découvrir les jardins, les végétaux, ainsi que toutes les modes du moment, qui semblent d'ailleurs se confirmer au fil des années : le potager, la basse-cour ou le recyclage sous toutes ses formes..

Les alvéoles des parpaings de béton remplies de substrat

Le meilleur révélateur de ces tendances reste d'ailleurs le palmarès des prix décernés par différents partenaires ou associations : prix de la création paysagère (Trophée Daum), prix de la presse (Trophée Haviland), prix de l'innovation et enfin Trophée des exposants (Trophée Verycook). C'est le Jardin noir, réalisé par l'un des co-organisateurs de la manifestation, Pierre-Alexandre Risser, en collaboration avec Solenn Moquet, qui a reçu le prix de la création paysagère. Ce jardin de 150 m2 ou le Cornus et autres pariries fleuries se reflétaient dans un bassin noir, le tout régulièrement noyé dans une brume dense, a fait l'unanimité. La présence de mobilier rouge et le reflet de l'ensemble dans un immense miroir donnant à cet espace une grande profondeur et un côté un peu mystérieux ne gâchaient rien... L'ensemble de ces créations est à découvrir dans les prochains jours sous forme de diaporama sur le site internet du Lien horticole (www.lienhorticole.fr).

Le Trophée de la presse Haviland a été remis à une entreprise de conception de jardins, particulière et originale : le Pack. Il s'agit d'une équipe interdisciplinaire composée d'un paysagiste, d'un designer, d'un « artisan », d'un « paysan » et d'un ingénieur. Ensemble, ils proposent de retrouver de la nature à l'état brut en ville, dans des parpaings de béton dont les alvéoles sont remplies de substrat, par exemple.

Le prix de l'innovation a été remis à un projet mené par deux Espagnols réunis au sein de Bioloop. L'idée est d'offrir des végétaux dans une « capsule » d'argile, sorte de pot en terre formé grossièrement à la main et ni séché ni cuit. Les personnes qui reçoivent cette plante peuvent la garder dans ce pot ou la planter dans un site de leur choix... Le but étant de propager des espaces de nature le plus largement possible. Mais en ville, si possible ! Alex Jimenez et Jon Martin ont ainsi offert aux visiteurs de Jardins, Jardin des dizaines de petits érables pour faire connaître leur initiative (notre photo).

Les vers de terre, infatigables travailleurs trop souvent oubliés

Dans la catégorie « objets, » le prix a été décerné à une équipe de deux étudiantes en design et un studio de design franco-allemand, Prism Design Studio. Ils ont imaginé un composteur qui permet d'accueillir des vers de terre. L'originalité du nouveau venu tient au fait qu'il prend place en partie dans le sol et en partie en aérien. Cet appareil offre un abri idéal aux vers, et permet de générer un compost mur rapidement. Les concepteurs ont voulu rendre hommage aux vers de terre, infatigables travailleurs de nos sols, mais souvent mal, voire pas, reconnus... Cette équipe a terminé ex aequo avec des designers qui ont mis au point Res't'ool, un banc qui fait en même temps abri de jardins pour les outils.

Enfin, le trophée des exposants a été décerné à Farmily, une équipe de grapheurs qui réalisent leur art sur... des poulaillers pour le jardin.

Jardins partagés, écolos, recycleurs, citoyens : ces tendances qui s'affirment depuis plusieurs années maintenant étaient donc fortement présentes cette année. La manifestation est résolument urbaine, tournée vers un public de ville qui semble apprécier de pouvoir découvrir de nombreuses initiatives qui lui sont dédiées, dans un espace accueillant en bord de Seine, à deux pas du musée du Louvre. Aujourd'hui, le secteur du jardin grand public a trouvé le concept qui permet de communiquer avec son public, au moins en région parisienne...

Pascal Fayolle