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Paysage Les « Urba-griculteurs » au secours des délaissés périurbains...

La ville des Ullis (91) a fait appel à l'association « jadopteunpotager » pour mettre sur pied des parcelles d'« Urba-griculture ».PHOTO : JOSSELYNE GAILARD

L'association « jadopteunpotager » propose de mettre ses compétences au service des villes périurbaines pour valoriser les terrains désertés par les agriculteurs mais recherchés par les citoyens.

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C'est entendu, dans la ville dense, les terrains sont rares et chers, et trouver de la place pour installer des parcelles d'agriculture urbaine reste souvent compliqué. « Mais les villes en limite d'urbanisation présentent des espaces (zones agricoles ou naturelles) fragilisés par cette poussée de l'urbanisation bien que classés au PLU (plan local d'urbanisme). Ils sont abandonnés de toute culture car ils sont devenus trop petits ou inaccessibles aux engins agricoles, souligne Josselyne Gaillard, paysagiste à Longpont-sur-Orge (91), au sud de Paris, une zone concernée par ce constat. « Alors que les PLU raisonnent en termes 'd'espaces verts', terme directement lié à l'urbanisme, il se crée des no man's land qui, loin de contribuer à l'équilibre environnemental et au maintien de la biodiversité, accentuent paradoxalement l'appauvrissement écologique. »

Dans le même temps, puisque les citoyens sont à la recherche de terrains pour assouvir leur désir de retour à la nature et leur souhait de manger des légumes dont ils maîtrisent la provenance, pourquoi ne pas créer dans ces zones des jardins partagés ? C'est la question que s'est posée Josselyne Gaillard, confrontée régulièrement à ce genre de problématique dans ses contacts avec les villes pour lesquelles elle conçoit des aménagements et qui a créé l'association « jadopteunpotager ». « Posons-nous la question en étudiant une carte communale : ces zones vertes apportent-elles une plus-value, d'un point de vue social et environnemental ? La conscience populaire les a-t-elle assimilées, investies, ou n'ont-elles qu'un rôle de figuration, de décor ? Quel est le maillon manquant pour qu'elles aient une place à part entière dans le schéma d'urbanisation, dans la vie quotidienne du citoyen ? La réponse est peut-être dans l'implication de ce dernier dans la gestion et l'appropriation de ces espaces pour répondre à ses attentes de production de proximité », insiste-t-elle.

Un projet clé en mains de la conception jusqu'à la gestion

La nouvelle forme de production qui en découle, qu'elle nomme « l'Urba-griculture », doit s'exprimer au travers de lieux partagés, avec un projet de société cohérent, local, moderne... et surtout social ! Un rôle d'arbitre qui échoit à la collectivité qui peut s'appuyer sur le concept de « jadopteunpotager » pour mettre sur pied des structures cohérentes issues de savoir-faire éprouvés, dans le but d'agir rapidement à l'échelle locale et à moindre coût. La collectivité pérennise ainsi ses terrains délaissés à destination de ses administrés qui peuvent bénéficier de parcelles de jardins partagés. La gestion se fait via l'association, composée notamment de compétences urbanistiques et paysagistes. Cette dernière peut définir le projet de manière précise, choisir les zones les plus appropriées, adapter le nombre de parcelles à la demande des habitants et de leurs connaissances maraîchères...

Le cahier des charges sur lequel le dossier est bâti débouche sur le dessin cohérent d'un endroit proposé en concertation pour approbation. Il définit la meilleure méthode de gestion pour le lieu en question, jardin partagé ou jardins familiaux hérités des jardins ouvriers. Il réalise les choix nécessaires en fonction des contraintes techniques, pleine-terre ou hors-sol quand il s'agit d'offrir des parcelles de proximité en milieu très urbain. Dans ce cas, les cultures peuvent se faire sur des carrés surélevés ou en lasagnes, qui consistent à superposer des couches de matières organiques rapportées de différentes natures. Mais « jadopteunpotager » s'occupe aussi du montage financier des aménagements, puis des aménagements proprement dits, qui peuvent faire appel à des subventions, des financements participatifs et, le cas échéant, à des chantiers participatifs ou d'insertion. Restent ensuite les choix techniques, les clôtures, nécessaires dans certains cas mais qui doivent ne pas entraver la vie collective des sites, les abris de jardin et composteurs qui peuvent parfois être mutualisés. Il faut enfin choisir un gestionnaire. Jadopteunpotager peut aussi assurer cette mission de par sa structure associative, idéale pour ce genre de tâche. Toutes les étapes d'un projet raisonné et réfléchi sont alors assurées, pour une réalisation qui a les meilleures chances d'être pérennisée.

Pascal Fayolle

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