L'Unifa choisit la pédagogie contre les idées reçues sur les engrais

Historique : plus d'un siècle d'évolution des produits et pratiques

Au fil de l'évolution de son organisation, l'interprofession des engrais a élargi la gamme de ses produits et les familles de producteurs qu'elle représentait. Après s'être renforcée, début des années 2000, sur les éléments majeurs que sont l'azote, le phosphore et le potassium, l'Unifa a intégré les amendements minéraux basiques. Elle s'est, par la suite, mobilisée sur les produits spéciaux. Toutes les formes de fertilisation sont aujourd'hui travaillées au sein de l'organisation. Pourtant, pendant longtemps, les travaux se sont concentrés sur l'usage agricole des fertilisants en oubliant des marchés, peut-être moins conséquents en volumes mais certainement pas incontournables aux yeux de la société, tels ceux des espaces verts, des jardins et de l'horticulture.

Une section Villes & Jardins

Pour pallier ce manque, l'Unifa a élargi son périmètre d'information en fédérant, parmi ses membres, les entreprises actives sur ces marchés. L'idée s'est concrétisée sous la forme d'un groupe de travail, en 2013, qui allait devenir un an plus tard la section Villes & Jardins (la cinquième), comptant 10 adhérents (1). Cette dernière met en oeuvre des actions de communication plus en adéquation avec les cibles de ses membres : municipalités, terrains de sports privés, professionnels de l'horticulture, sans oublier les jardineries et les particuliers.

Filière : les enjeux sociétaux doivent être pris en considération

Dans le contexte actuel, les intrants demeurent mal compris et sont de plus en plus souvent la cible de mesures coercitives. La loi Labbé, qui interdit à terme l'utilisation de produits phytosanitaires par les particuliers, et le plan Ecophyto, qui vise à en réduire l'usage par les professionnels, entretiennent le doute chez les utilisateurs d'intrants de manière générale. Les régulières confusions entre produits phytosanitaires et produits fertilisants, la mauvaise connaissance souvent observée des besoins des plantes en éléments nutritifs et les idées reçues sur la toxicité des nitrates ont incité les membres de la récente section de l'Unifa à mieux comprendre les attentes de leurs publics et à renforcer la pédagogie autour de la fertilisation. Pour ce faire, ils ont développé des messages spécifiques pour les professionnels comme pour les particuliers.

Des actions de pédagogie

Concernant les jardiniers amateurs, la section Villes & Jardins a souhaité les accompagner dans la gestion de leurs plantes d'ornement en donnant des conseils de fertilisation, via le blog www.parlezvousbienengrais.fr, une mascotte facilement identifiable, Ferty la tortue, et une figure bien connue des jardins, Laurent Cabrol.

Des astuces et solutions simples pour obtenir un jardin bien fleuri, un potager riche en fruits et légumes ou encore un gazon résistant et des fiches-conseils sur la nutrition des plantes d'intérieur et d'extérieur sont régulièrement mises en ligne. Un partenariat avec l'enseigne Gamm Vert a permis d'élaborer un dépliant pédagogique qui sera diffusé à plus de 100 000 exemplaires cet automne dans toutes leurs jardineries.

Concernant les municipalités, l'Unifa a réalisé une enquête auprès des responsables d'achats d'intrants dans 29 475 communes, du 6 au 23 novembre 2014, à l'occasion du Salon des maires et des collectivités locales. Il s'agissait de mieux connaître la perception de la fertilisation au sein des communes françaises (2). Depuis, une communication spécifique a été mise en place dans la presse à destination des collectivités. Si la fertilisation est plutôt bien comprise et perçue positivement, cette étude a permis de mettre en évidence la permanence d'idées reçues à propos d'un geste indispensable à la nutrition de tous les végétaux, qu'ils soient ornementaux ou potagers.

Une deuxième enquête, ainsi qu'une action de promotion des bonnes pratiques de fertilisation, sont en préparation pour cet automne 2015.

Perspectives : nourrir les plantes, une question stratégique

L'enjeu principal au niveau des marchés de petites et moyennes capacités, c'est le maintien de l'usage raisonné des produits fertilisants. Il n'y a pas d'alternative aux éléments nutritifs ! Qu'ils soient d'origine minérale ou organique, ils proviennent de notre environnement, il faut optimiser leur usage et préserver les ressources :

- les engrais et amendements minéraux qui proviennent du sous-sol (phosphore, potassium, calcium), de la mer (potassium, calcium) ou de l'air (azote) ;

- les engrais et amendements organiques issus de la transformation de matières végétales et animales sélectionnées ;

- les engrais organo-minéraux qui allient les deux sources, minérales et organiques.

Action rapide et ciblée, libération progressive ou contrôlée..., on choisit selon ses besoins.

Au niveau interne à la section Villes & Jardins, les statistiques de marché représentent aussi un chantier majeur. Renforcer les connaissances des volumes et produits utilisés selon les types d'usage (potager, horticole, gazon, massifs, privés ou collectifs...) permettra de préciser la connaissance des marchés et d'affiner les messages, notamment sur les bonnes pratiques.

Propos recueillis par Odile Maillard

(1) Les adhérents engagés dans Villes & Jardins : Angibaud, Derome et spécialités, Cedest, Engrais de Longueil, Compo Expert, Ets Lautier-Germiflor, Florendi, Groupe Lhoist, Groupe Frayssinet, Haifa France, MEAC. L'Unifa (qui représente 95 % de la production française de fertilisants et 76 % des livraisons) est certifiée Quali'OP/Afaq-Afnor, une certification de service pour les organisations professionnelles. (2) L'analyse en détail des résultats (125 réponses) est disponible sur http://tinyurl.com/p7bgeau