Vers une nouvelle stratégie de protection en production

« Le quotidien de la profession est désormais constitué de consommateurs et de citoyens plus attentifs aux moyens de protection des cultures, au développement durable, dans un cadre législatif européen et national en pleine évolution... », remarque Ardavan Soleymani, responsable Franche-Comté horticole, structure composante d'Arexhor Grand Est. Si les produits phytosanitaires de synthèse ont encore toute leur place en production, ils sont destinés à devenir des compléments de lutte au sein d'une stratégie de protection préventive et curative « durable » : prophylaxie, choix de variétés résistantes, utilisation d'auxiliaires, stimulation des défenses naturelles des plantes, enrichissement des substrats en organismes utiles, gestion du climat et de la lumière favorisant l'endurcissement... et une gestion paysagère favorisant la biodiversité fonctionnelle (auxiliaires indigènes) (*) !

Une mutation inévitable et contrainte

La production ne peut échapper à cette évolution. À l'échelle européenne (directive cadre sur l'eau, « paquet pesticides »...) mais aussi française (plan Écophyto, Loi d'avenir pour l'agriculture, projets de loi sur la biodiversité et sur la transition énergétique...), les textes officiels se succèdent et balisent le chemin. Le développement durable devient un critère majeur d'attribution de subventions. Peu connu encore des consommateurs, le label Plante Bleue est exigé par certaines collectivités et enseignes de jardineries. Parfois vécu comme un supplément de contraintes imposées à la production, il peut lui offrir - pour peu que la communication soit bien menée auprès du public - une opportunité d'afficher ses bonnes pratiques.

La réglementation évolue, de façon à rendre progressivement les solutions de biocontrôle plus attractives que les produits de synthèse (exemption d'agrément « phyto », procédures simplifiées...). Les sociétés fabricantes ne s'y trompent pas et des grands groupes phytopharmaceutiques intègrent désormais des pôles « biocontrôle ».

En première ligne, les producteurs tentent de s'adapter, sans soutien financier (absence d'aide directe en faveur du biocontrôle en ornement), ni celui de l'aval : ses bonnes pratiques sont ainsi parfois mises à mal par un manque d'information du consommateur ou de l'acheteur de jardinerie rebutés par la présence de momies de pucerons sur les plantes ! Quoiqu'il en soit, certains n'ont pas attendu le Grenelle de l'environnement pour se lancer dans le biocontrôle, souvent appuyés par les stations, dont c'est un axe de recherche majeur.

Le renfort de l'expérimentation

« Les solutions de biocontrôle, au sein de la protection biologique intégrée (PBI), ont fait l'objet de travaux importants dès la création d'Astredhor, permettant aux floriculteurs sous abris de contrôler des ravageurs grâce à l'utilisation d'auxiliaires élevés par des partenaires », rappelle Cécilia Derrien, responsable communication de l'Institut. « La PBI s'est ensuite étendue aux productions extérieures avec plusieurs solutions de maintien des auxiliaires telles les plantes-relais, les haies adjacentes, etc. (...) Les stimulateurs des plantes (SDP), étudiés par Astredhor depuis 15 ans, ont abouti à des solutions qui permettent de diminuer, voire supprimer, l'utilisation des pesticides conventionnels. L'Inssimo® contre la rouille blanche du chrysanthème a ainsi été homologué grâce aux travaux de l'institut. » Chaque entreprise étant unique, il revient parfois au producteur de faire siens les résultats d'essai pour les appliquer à son cas particulier. En ce sens, le réseau Dephy Ferme est une opportunité à saisir...

Valérie Vidril

(*) Voir la série d'articles consacrés aux auxiliaires indigènes et parus dans les n° 838 (syrphes), 851 (chrysopes), 874 (coccinelles), 885 (punaises), 896 (parasitoïdes), 903 (carabes), 907 (forficules) du Lien horticole.