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Noisetier : l'une des meilleures plantes en agroécologie

Le noisetier abrite une entomofaune utile aux végétaux cultivés. La variété 'Contorta', à branches tortueuses, peut être valorisée en plantation isolée ou associée à des arbustes en massif.PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Le noisetier commun ou coudrier (Corylus avellana) est l'un des arbrisseaux les plus attractifs d'auxiliaires des cultures. En favorisant la biodiversité fonctionnelle, il contribue activement à la stabilité des agroécosystèmes.

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Achaque saison, le noisetier recèle des attraits pour les invertébrés, les oiseaux, les petits mammifères et les lombriciens. C'est une niche écologique de premier ordre pour l'entomofaune utile aux végétaux cultivés, associant des insectes prédateurs et parasitoïdes aux pollinisateurs. Sa rusticité, son aptitude à la composition de haies bocagères ou brise-vent, son adaptation à de nombreuses expositions, la qualité de son bois et l'abondance de ses récoltes le situent comme l'une des meilleures plantes en agroécologie.

Un réservoir de biodiversité dans les parties aériennes...

Le noisetier offre une floraison hivernale des plus attrayantes pour les insectes pollinisateurs. De janvier à mars, parfois dès décembre, ses chatons pendants, jaunâtres, longs de 6 à 8 cm, apparaissent à la base des rameaux de l'année écoulée. Ils libèrent un pollen profitable aux abeilles et aux syrphes en quête de nourriture. Plus tard en saison, l'apparition des colonies de pucerons sur les jeunes pousses et sous les feuilles favorise l'activité prédatrice des chrysopes, des coccinelles comme la coccinelle à damier Propylea quatuordecimpunctata, ainsi que des punaises, en particulier des espèces de la famille des mirides. Le puceron jaune (Myzocallis coryli) et le grand puceron du noisetier (Corylobium avellanae) sont également des proies pour certains hyménoptères parasitoïdes. Ces derniers pondent au-dessus ou dans le corps de leur hôte, puis les larves s'y développent jusqu'à l'émergence au stade adulte. L'intérêt du noisetier commun en lutte biologique par conservation est renforcé par la fréquentation d'oiseaux insectivores comme la mésange bleue (Cyanistes caeruleus). Ce passereau chasse les oeufs et les larves d'insectes, qu'il complète temporairement avec des graines d'oléagineux. C'est un auxiliaire efficace, notamment pour les arboriculteurs et les sylviculteurs. En hiver, la sittelle torchepot (Sitta europaea) apprécie les noisettes dans toute la France métropolitaine. Mais en période de végétation, ce petit oiseau diurne de 14 cm de long, solitaire et sédentaire, se nourrit surtout d'insectes, notamment de chenilles et de coléoptères. Ses longues griffes lui permettent de se mouvoir à la verticale sur les troncs et sous les branches et de sonder ainsi l'écorce à la recherche de larves et d'oeufs d'insectes.

... Mais aussi au niveau du sol

La litière organique du noisetier formée par la décomposition de ses feuilles caduques sur le sol assure une nourriture optimale pour les vers de terre épigés. Ces petits lombriciens, affairés dans l'horizon pédologique de surface bonifient la structure du sol, mais sont plus rares dans les milieux perturbés par les pratiques agricoles (travail du sol, pesticides...). Grâce à la plantation de noisetiers dans l'environnement des cultures, la richesse et l'abondance de ces invertébrés est meilleure au profit des chaînes alimentaires naturelles. On observe ainsi plus fréquemment des animaux vermivores tels que le rouge-gorge familier (Erithacus rubecula) et le hérisson commun (Erinaceus europaeus). En automne, le noisetier commun favorise l'activité des rongeurs de noisettes, dont l'écureuil roux (Sciurus vulgaris), les mulots (Apodemus sylvaticus, A. flavicollis) et plus rarement le muscardin (Muscardinus avellanarius), sauf dans la moitié nord-est de l'Hexagone où ce micromammifère est encore abondant au sein des habitats forestiers à sous-bois touffus, des buissons épais et des taillis composés de noisetiers, de charmes et de ronces, à l'écart des habitations humaines. Tous ces rongeurs sont régulés par divers prédateurs, notamment des rapaces.

Jérôme Jullien

Niche écologique Les pucerons spécifiques au noisetier attirent les auxiliaires comme la coccinelle à damier.

PHOTO : SCOTT BAUER

Nourriture hivernale Les chatons libèrent un pollen profitable aux abeilles et aux syrphes en quête de nourriture.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Réservoir de biodiversité En hiver, en France métropolitaine, les noisettes sont très appréciées de certains oiseaux.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

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