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Adapter sa production aux secteurs en croissance

Le marché des toitures végétalisées représente aujourd'hui près de 10 % du chiffre d'affaires de la pépinière Damien Vivier. La production est en croissance régulière.

Pépiniériste spécialisé dans la culture de jeunes plants d'arbustes et de conifères, Damien Vivier, installé à Penol (38), a diversifié sa production vers le marché des toitures végétalisées depuis 2010. Conscient des difficultés, il mise sur les chantiers de taille moyenne et ceux des particuliers.

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C'est à la demande d'un client, que le pépiniériste a démarré cette production spécifique. « Une entreprise d'étanchéité locale était à la recherche d'un producteur de végétaux en vue d'établir un contrat de culture concernant la fourniture de plants de Sedum en micromottes et qui puisse par la suite tenir régulièrement en stock ce type de produits pour des chantiers plus réduits, explique Damien Vivier. La production s'est concentrée au départ sur la production de minimottes avec trois espèces de Sedum, pour s'accroître progressivement sur une gamme beaucoup plus large. » La construction, l'année suivante, d'une salle des fêtes couverte d'un toit vert, au sein de la commune de Penol (38), où est implantée la pépinière, a donné un coup d'accélérateur à l'exploitation avec un nouveau contrat de culture pour des caisses précultivées, cette fois. « Nous produisons une dizaine de taxons de Sedum, certains ont un meilleur comportement que d'autres sur les toitures avec une bonne résistance à la sécheresse, particulièrement Sedum album 'Muralis' et 'Coral Carpet', ainsi que, dans une moindre mesure, Sedum sexangulare, et Sedum acre, ce dernier présentant toutefois une moins bonne pérennité.

Diverses formes pour différents débouchés

Ces Sedum sont commercialisés sous plusieurs formes. Il peut s'agir de fragments : les plantes sont cultivées en pleine terre sous des tunnels et fauchées deux fois par an en mars avril et en septembre octobre. Mélange de sept à huit taxons, ces fragments ainsi récoltés sont expédiés dans toute la France. C'est une production qui monte en régime. Faciles à cultiver, à expédier, et à mettre en place, les fragments sont simplement étalés sur le substrat (100 grammes/m² de toiture). Ils permettent de réaliser une végétalisation à moindre coût. Par contre, il faut compter environ un an et demi pour une couverture complète de toiture, ce qui implique un suivi régulier des mauvaises herbes durant ce temps d'installation. Les implantations automnales sont préférables et offrent une meilleure résistance aux périodes sèches de l'été suivant.

Le second type de production concerne les plaques en minimottes de 160 unités (un seul taxon par plaque). Facilement expédiables également, le coût de la fourniture est plus élevé, deux fois et demie plus cher au mètre carré (densité de 25 unités/m²), et il faut ajouter le temps de plantation. La couverture du sol est plus rapide qu'avec la méthode des fragments, entre six mois à un an. Le cycle de production en pépinière est très court, un mois et demi à deux mois, ce qui permet de répondre rapidement à une demande importante. De plus, il est possible de bouturer toute l'année, et les plants peuvent être conservés en alvéoles jusqu'à pratiquement un an. Les pépinières Vivier en produisent entre 300 000 et 400 000 chaque année, soit 2 000 à 2 500 plaques.

Enfin, troisième produit commercialisé par l'entreprise, les caisses précultivées. Sur les toitures, ce procédé permet d'avoir un résultat immédiat et ainsi de limiter les opérations de désherbage dès la première année. C'est le système le plus coûteux, mais il offre l'avantage d'une pose facile et rapide des plantes, directement sur la structure mise en place pour assurer l'étanchéité. Solution tout en un, elle ne nécessite pas, comme les autres procédés, l'installation préalable d'un système de drainage et l'apport de substrat. Elle est intéressante pour une clientèle régionale, les frais de transport pouvant rapidement en augmenter le coût. Les caisses sont préparées à partir de plants de Sedum en minimotte pour les variétés montantes et de fragments pour les couvre-sol. La durée de culture est de huit mois, 1 500 m² sont produits et vendus chaque année.

La pépinière iséroise a également testé un quatrième procédé : les tapis. Près de 2 500 m² ont été mis en culture à partir de 2012. Malheureusement, l'aire de production a subi de fortes inondations deux années de suite. Elle a été recouverte de limons et tous les végétaux ont été perdus. Damien Vivier n'a pas pour l'instant renouvelé l'expérience bien qu'il estime qu'il y a un fort marché potentiel sur ce type de produits, par ailleurs très concurrentiels. Un projet de culture de tapis sous abri est en cours d'étude.

Le marché des toitures végétalisées représente aujourd'hui près de 10 % du chiffre d'affaires de la pépinière, la production est en croissance régulière. Le producteur est conscient que le développement de ce débouché sera difficile : « Nous avons affaire à une clientèle très différente de la pépinière classique. C'est un marché qui a échappé aux paysagistes, au niveau des appels d'offres la toiture ne fait pas partie des espaces verts mais apparaît dans le même lot que l'étanchéité, y compris la fourniture des végétaux. Nos clients sont des étancheurs ou leurs sous-traitants. Les étancheurs importants ont pour la plupart leur propre réseau de fournisseurs qui sont de grosses structures de production, à l'image des producteurs de gazon de placage. Il est extrêmement compliqué de s'insérer dans ce réseau. Il n'en reste pas moins que nous sommes en mesure de fournir des chantiers de surface moyenne, entre 300 et 500 m², pour lesquels nous travaillons de préférence en contrat de culture, ainsi que tous les chantiers de particuliers d'une surface comprise généralement entre 15 et 30 m². » Le marché se dirige vers les produits les moins chers : les fragments et les minimottes. « Mais les clients ne sont pas toujours conscients des contraintes. Même si le Sedum est très résistant, cela reste un végétal. Il nécessite de l'entretien : un engrais organique au printemps, un désherbage manuel, un arrosage à prévoir durant l'été... Le drainage et le type de substrat sont importants ; s'ils sont mal aérés, le Sedum dépérit durant l'hiver. Un bon substrat comprend au moins 70 à 80 % de pouzzolane et seulement 20 à 30 % de terreau organique. »

Claude Thiery

Une opportunité Damien Vivier : « J'ai pu me lancer car une entreprise d'étanchéité locale recherchait un producteur pour un contrat de fourniture de plants de Sedum. »

Différents produits Les caisses précultivées utilisées pour les toitures permettent d'avoir un résultat immédiat et de limiter les opérations de désherbage dès la première année.

Une gamme qui s'étoffe La production s'est concentrée au départ sur la production de minimottes avec trois espèces de Sedum, pour s'accroître progressivement. Ici Sedum floriferum.

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