Cercidiphyllum japonicum : un parfum de caramel en automne

L'arbre au caramel porte un nom vernaculaire qui annonce bien la couleur... Et même la senteur ! Ce végétal de la famille des cercidiphyllacées est un arbre qui dans son aire d'origine asiatique (Himalaya, centre et ouest de la Chine, Japon) peut atteindre 20 à 30 m, parfois jusqu'à 40 m. Mais en Europe, où il a été introduit en 1865, Cercidiphyllum japonicum dépasse rarement les 15 m et forme le plus souvent un baliveau ramifié, un arbrisseau ou une cépée constituée de plusieurs troncs dès la base (y compris à l'état naturel).

De loin, la couleur, de près, le parfum

Dans sa jeunesse, son port est élancé, tandis qu'il s'étale en vieillissant pour développer une large couronne ovoïde-conique et branchue. Ses feuilles cordiformes de 5 à 10 cm de long, vert glaucescent en été, rappellent celles du Cercis, à marge délicatement ondulée ou crénelée. En septembre-octobre, selon les régions, le feuillage se teinte de rose et de jaune, puis se pare au fil des jours de touches de mauve, de rouge orangé, d'écarlate, de cramoisi et d'acajou, avant de tomber. Mais il est parfois complètement jaune ou rouge, selon son hérédité.

C'est surtout au cours d'une belle arrière-saison ensoleillée que C. japonicum se distingue nettement des autres végétaux ligneux d'un parc ou jardin lors de la chute odoriférante de ses feuilles, dont le parfum de caramel chaud embaume l'air ambiant. Une fois au sol, les feuilles dégagent une odeur encore plus prononcée, notamment lorsqu'on les piétine ou qu'on les remue. Cette particularité olfactive vaut à l'arbre différents noms communs évocateurs : arbre au caramel, arbre pain d'épices ou encore arbre gâteau. Même au fond de la forêt, caché dans un peuplement très dense, son parfum caractéristique permet de le détecter à coup sûr.

L'influence de la culture

Pour profiter au mieux de cet arôme volatil aux notes de caramel, il est important de réserver à l'arbre un endroit relativement protégé, situé si possible à mi-ombre (par exemple à l'orée d'un bois, en lisière de forêt ou sous la frondaison de grands arbres). Si une exposition ensoleillée est retenue, elle ne doit jamais être brûlante ou séchante. C. japonicum supporte mal la canicule, ainsi que les longues périodes d'aridité, en particulier les jeunes plants. Ces situations provoquent une décoloration marquée du feuillage en été, un flétrissement et un roussissement du houppier, conduisant à une défeuillaison précoce. Pour produire un beau feuillage, C. japonicum doit disposer d'un sol profond, frais, humifère, voire tourbeux, à tendance acide de préférence ou peu calcaire. La nature du sol semble avoir une influence importante sur le luisant des feuilles et la vivacité des coloris automnaux. D'ailleurs, l'une des meilleures stations de sol, surtout dans la moitié sud de la France généralement plus chaude, est la proximité d'un plan d'eau ou d'une rivière. Dans tous les cas, un arrosage régulier est nécessaire les premières années après la plantation pour assurer la reprise, en complément d'un paillage organique au pied. Sur le plan phytosanitaire, C. japonicum ne connaît pratiquement aucune maladie ou ravageur. Il peut ainsi préserver l'intégrité de son feuillage en période de végétation et exprimer son plein potentiel jusqu'en automne. Sa rusticité est tout aussi favorable, avec une résistance au froid hivernal estimée entre - 15 et - 20 °C. Cependant, ses jeunes pousses sont sensibles aux gelées printanières.

Jérôme Jullien