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Plantes utiles : la filière se lance tous azimuts

Composition mixte de plantes constituant un des Carrés gourmands de Graines Voltz durant les Carrés fleuris 2016, au Puy-en-Velay (43). Ces minijardins en bacs d'orangerie associent des fleurs, des aromatiques, de la vigne, des tomates, des piments, des figuiers, des patates douces...PHOTO : ODILE MAILLARD

Les professionnels du fleurissement, comme les producteurs, cherchent de nouveaux créneaux, dont des niches de marché. Quelques tendances se dessinent au travers des essais de fleurs, catalogues, rayons de magasins et sites Internet... Les plantes utiles arrivent en tête.

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Les légumes, aromatiques et mellifères poursuivent leur percée dans l'offre variétale des distributeurs et des producteurs, également dans les espaces verts. Dans son catalogue Annuelles 2017-2018, Claude Bouchez, responsable des établissements A. Ducrettet, distributeur de semences et plants, met en avant un panel de « légumes ornementaux pour patios », avec aubergines, concombre, poivron, piment, fraisiers, et de nombreuses variétés de tomates. Ainsi que des mélanges fleuris Esprit Citiz®... « pour assurer une transition entre milieu rural et urbain, dans un esprit éco-responsable et favorable à la biodiversité en réinsérant des fleurs sauvages dans la ville et sur les talus, en complément du fleurissement classique ». Et dans son catalogue Potagères sont identifiées des aromatiques biologiques, des sélections pour engrais verts et pour les bandes fleuries...

Jardins en libre dégustation

À l'occasion des 13es Carrés fleuris, au Puy-en-Velay (43) début septembre, le distributeur de semences et plants Graines Voltz a démontré qu'on peut « fleurir utile » avec des initiatives qui s'inscrivent dans les projets d'agriculture urbaine. Au-delà de la recherche des classiques textures, volumes, hauteurs, formes, couleurs..., il ne faut plus oublier les saveurs. Ainsi, les Carrés gourmands ou minijardins dans de grands caissons d'orangerie ont permis de jouer sur la surprise des visiteurs dans le jardin Michel-Pomarat. Se trouvaient associés des aromatiques, potagères, tomates cerises, petits fruits, poivrons, aubergines, de la vigne, sans oublier des patates douces, décoratives et alimentaires. Tels de petits jardins comestibles en libre cueillette et dégustation. « C'est une manière de renforcer le lien social », souligne la société Voltz. Ce type de concept peut devenir une base de fleurissement événementiel en ville, un concept « chic & mobile » associé aux temps forts d'une saison touristique. Il peut donner des idées pour égayer un salon, une fête, des jardins partagés... Ou comme l'ont fait les équipes du Puy-en-Velay un samedi jour de marché, s'en servir de prétexte à des animations et découvertes pour instaurer un dialogue entre les jardiniers et les citadins.

Prise de conscience éco-responsable

Dans la même veine, pour décliner le thème de l'agriculture urbaine proposé pour le fleurissement 2016 aux jardiniers de la ville de Paris, l'École Du Breuil a intégré dans ses essais un massif dédié aux multiples fleurs comestibles ou évocatrices de la santé et de la gastronomie. La palette présentée a constitué un bon support pédagogique pour les élèves, pour apprendre de façon mnémotechnique les noms des plantes liées à la cuisine, et pour intégrer l'idée que l'on peut apporter de la surprise et de la nouveauté. Les établissements Haberschill, producteurs et fournisseurs de jeunes plants à Valdurenque (81), travaillent eux aussi sur les plantes comestibles, avec le concept Regal'Fleurs au sein du GIE Hort'Innov (voir le Lien horticole n° 986 du 5 octobre 2016). Ils proposent également plusieurs séries de plantes à leur catalogue 2017, avec des guides et de la publicité sur le lieu de vente (PLV) à l'appui. « Nous lancons plusieurs gammes, même si certains produits étaient déjà dans notre catalogue les années précédentes, sans être cités pour leur utilité. » Ainsi, la sélection « De la plante à la tasse » propose des végétaux pour les infusions : absinthe, pimprenelle, hysope officinale ou anisée, monarde, camomille et autres aromatiques. La série « Les plantes aux saveurs surprenantes » incite à explorer neuf végétaux qui offrent autant de goûts : cola, anis & réglisse, concombre, concombre & huître, bouillon cube (Maggi), champignon, épices, huître ou estragon. La catégorie « Les plantes utiles dans nos jardins » décline un éventail de variétés permettant aux producteurs de les proposer à ceux de leurs clients qui ont envie de nature « bien-être », de beau et de bon. Elle concerne aussi ceux qui souhaitent accompagner la prise de conscience sociétale et la pression du plan Écophyto « parce que, demain, les jardins seront éco-responsables », affirme l'entreprise. Dans cette collection, les producteurs peuvent trouver des jeunes plants de plantes hôtes attractives pour les insectes utiles (aneth, bourrache, camomille, cosmos) ; des plantes à purins fertilisants (consoude, ortie blanche) ; des plantes « insectifuges » (rhubarbe, rue) ; et des plantes répulsives contre les insectes, les rongeurs, les taupes, les chiens... (absinthe, hysope officinale, mélisse, rue, sarriette, ricin, cataire, coléus, géranium odorant...). « Mon travail de fournisseur consiste à sentir les tendances, à trouver de nouveaux produits, pour susciter l'envie aux horticulteurs de les produire et de les proposer à leurs distributeurs ou clients », assure Pierre Haberschill qui poursuit : « C'est à moi de fournir des produits packagés (guides informatifs et illustrés, conseils, chromos, affiches... et même des recettes) utiles pour aider mes clients à dynamiser leurs ventes. » La conception des guides, affiches, conseils, recettes... est réalisée avec l'agence Smact, et les chromos fournis par Floramedia.

Plantes « amies » ou répulsives, c'est selon

Stéphane Morard, responsable stratégie, communication et marketing pour cette agence, confirme que des producteurs vont relayer ces tendances auprès des consommateurs. Il précise : « La pression Écophyto joue un rôle dans le développement de ces gammes, et certainement une prise de conscience des consommateurs... Le fait de mettre en avant les plantes pour leur utilité, et notamment dans le cadre de solutions naturelles, est un garant pour des ventes réussies. » Entre autres exemples, les producteurs du groupement Jardin De Loire (Végécom) ont travaillé sur différents chromos à destination des jardineries pour le printemps prochain : les plantes répulsives (13 espèces), hôtes (5), à purin (3), mellifères (3), pour les animaux de compagnies (4), à saveur surprenante (7), pour les infusions (10)... La distribution spécialisée n'a pas attendu. Les chaînes Botanic et Truffaut (1) dédient déjà une ou plusieurs pages aux plantes utiles sur leur site Internet ; on va jusqu'à les dénommer «éco-répulsives». Ces alliées des jardiniers vont lutter contre leurs cibles privilégiées : les taupes et les rongeurs, les limaces, les insectes rampants ou volants, les fourmis, les chiens et les chats, les pucerons, les moustiques.

Parmi les plantes proposées à la vente, figurent Euphorbia lathyris (épurge), Mentha pulegium (menthe pouliot), Satureja hortensis (sarriette des jardins), Tanacetum vulgare (tanaisie commune), Plectranthus ornatus caninus (coléus canina), Artemisia absinthum (absinthe), Pelargonium citronnelum (pélargonium odorant), Melissa officinalis (mélisse officinale), Allium schoenopragum (ciboulette), Euphorbia lathiris (euphorbe des jardins), Ricinus communis (ricin commun), Ruta graveolens (rue des jardiniers), Satureia hortensis (sarriette commune)...

La société Botanic va plus loin en mettant en avant une petite sélection de « plantes biologiques spéciales grignotage intempestif » destinées aux animaux domestiques. L'enseigne les répertorie parmi les plantes « bien-être animal» (2). Ainsi, Nepeta cataria ou cataire ou « menthe à matous » attire les chats grâce à ses huiles essentielles spécifiques et euphorisantes. Elle est également attractive pour les insectes pollinisateurs. Cyperus zumula ou « herbe à chats », riche en vitamines et minéraux, facilite la digestion de ces derniers. Callisia turtle, plante fourragère très riche en nutriments essentiels, est particulièrement recommandée pour compléter l'alimentation des canaris et des cochons d'Inde. Elle est aussi intéressante pour certains rongeurs, oiseaux et reptiles. Très connue, Chlorophytum serait « le nec plus ultra pour nos lapins et nos intérieurs. En plus d'être purifiante et rustique, elle serait un excellent complément alimentaire pour les lapins ». Mais elle est toxique pour les chats.

Gageons que cet intérêt pour les végétaux utiles tous azimuts va nous révéler de belles surprises et de nouveaux argumentaires marketing ayant pour objectif de redynamiser les ventes. Attention toutefois à la justesse de certains arguments et préconisations avancés. Les conseils relatifs à la santé humaine doivent correspondre à des plantes référencées dans une liste officielle de sujets comestibles.

Odile Maillard

(1) http://tinyurl.com/huy3he9 (Botanic) et http://tinyurl.com/z6df7wxcom/jrvzbmr (Truffaut) (2) http://tinyurl.com/z6df7wx (Botanic)

Chez Jardins de Loire Chromo pour une gamme de plantes « à goûter pour leurs saveurs insolites »...

PHOTO : SMACT/VÉGÉCOM

À l'École Du Breuil Basella rubra 'Select Red' proposée dans un massif de démonstration de fleurs comestibles.

PHOTO : ODILE MAILLARD

Chez Haberschill Guide de neuf plantes « à explorer pour leurs goûts et leurs saveurs surprenants ».

PHOTO : SMACT/HABERSCHILL

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