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Rosiers : des auxiliaires très utiles

Les larves de coccinelles mangent les pucerons. Elles interviennent après les syrphes. Ici, une larve d'Harmonia axyridis.PHOTO : F. CAULE

Sur le rosier, le projet Bioberos confirme l'importance de l'environnement sur le développement des prédateurs. Décryptage des pratiques qui favorisent la biodiversité.

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Améliorer la protection biologique intégrée (PBI) sur le rosier, voici le défi du programme Bioberos, mené pendant deux ans chez deux rosiéristes. Le CDHRC (Comité de développement horticole de la région Centre, station constituante d'Astredhor) et le CFA (centre de formation d'apprentis) agricole de Bellegarde (45) ont démontré que des aménagements comme les bandes enherbées, les prairies fleuries, les plantes de service et les haies bocagères favorisent la présence des syrphes, des hyménoptères parasitoïdes, des cécidomyies prédatrices et des coccinelles. Un tas de petites bêtes qui peuvent combattre les pucerons ou autres bioagresseurs du rosier. Mais encore faut-il savoir les reconnaître !

Parmi les bioagresseurs peu préoccupants, la cicadelle du rosier (Edwardsiana rosae) se nourrit de la sève des jeunes pousses. À Bellegarde, l'année dernière, la population était très présente autour de la mi-avril. Mais avec moins d'un individu par plante, elle n'a causé que très peu de dégâts. « Avec des insecticides à large spectre, on ne voit pas ce genre d'insectes. Sans produit chimique, ils reviennent mais ils ne sont pas préoccupants », souligne Violaine Le Péron, responsable PBI au CDHRC.

D'autres insectes, les chenilles et les tenthrèdes, sont un peu plus inquiétants. Ils dévorent les feuilles et les font se plier sur elles-mêmes. Les dégâts, assez spectaculaires, sont visibles de la mi-mars à la mi-juillet. Les produits de biocontrôle à base de Bacillus thuringiensis sont assez efficaces. Le prédateur le plus préoccupant reste toutefois le puceron. On trouve majoritairement Macrosiphum rosae.

1. CONTRE LES PUCERONS. Certains auxiliaires aident à réguler les pucerons, comme les hyménoptères parasitoïdes, des petites guêpes qui pondent dans leurs victimes qui se transforment alors en momies. « Il est important de prendre une loupe pour regarder si les momies sont ouvertes ou fermées pour savoir si une nouvelle génération d'auxiliaires va apparaître et donc continuer à contrôler les pucerons », explique l'experte en biodiversité. Autre auxiliaire, la cécidomyie prédatrice. Semblable à un petit moustique, cet insecte peut être un ravageur sur les arbres fruitiers ou sur les céréales. Mais, sur rosier, les larves se nourrissent de pucerons. La coccinelle, la chrysope ou la punaise sont également redoutables contre les pucerons, mais elles arrivent souvent en juillet, après le premier pic de population.

Les syrphes jouent un grand rôle contre les pucerons. Les larves de ces mouches qui, pour certaines ont l'abdomen rayé, se nourrissent de 400 à 700 pucerons au cours de leur vie larvaire. Les larves se voient à l'oeil nu, généralement sur le foyer de pucerons. Elles sont souvent présentes en mai. Le syrphe est attiré par les groseilliers et affectionne les sols ouverts. Dans l'essai, une belle corrélation, à 97 %, a été observée entre la présence des syrphes et celle des pucerons.

Mais combien faut-il de syrphes pour arriver à se débarrasser d'une colonie de pucerons ? Violaine Le Péron répond : « Le contrôle est assuré si lors de l'observation, vous notez au minimum un syrphe, tous stades confondus, pour 4 foyers de pucerons. Il faut arriver à trouver un équilibre entre les deux populations d'insectes. Si ce n'est pas le cas, on peut traiter. » Sur rosier, des produits de biocontrôle, comme Delfin pour le traitement des chenilles, les produits phytosanitaires compatibles Floramite 240 SC contre les acariens, ou Teppeki et Plenum 50 WG contre les pucerons, sont à utiliser en premier recours. « Si l'on applique un traitement phytosanitaire non compatible, il va détruire tous les auxiliaires et il appellera automatiquement d'autres traitements. Dans notre essai, seule la chrysope a résisté », ajoute la conseillère.

2. DES PLANTES HÔTES. Pour attirer les insectes, la floraison d'une haie est la première source de nourriture, des pucerons comme des syrphes. En production de rosiers pleine terre, il faut donc implanter des espèces plutôt précoces comme la coronille (Coronilla emerus), le groseillier à maquereaux (Ribes uva-crispa), la viorne obier (Viburnum opulus) ou le noisetier (Corylus avellana). Les pucerons sont particulièrement attirés par la viorne obier et les chenilles par le charme commun. Puis, à la fin du mois d'avril, les insectes migrent dans la parcelle de rosiers et reviennent fin juillet dans la haie.

Dans le projet Bioberos, il était prévu d'implanter des bandes fleuries autour des terrains. Mais les rosiéristes ont craint un salissement des parcelles. Au final, les rosiers en fleurs sont suffisamment attractifs pour attirer divers auxiliaires, grâce à l'attractivité des fleurs d'une part et à la présence de pollen d'autre part. Il manque seulement un relais pour faire venir les insectes et les transférer vers la culture très tôt au printemps. Ce rôle peut être joué par la potentille qui fleurit à la fin du mois de mai, avant le rosier. Elle séduit les insectes (syrphe, coccinelle, punaise, chrysope) sur un rayon de 12 m et peut être plantée, en quinconce, en même temps que les porte-greffes. Néanmoins, elle nécessite d'être arrosée. « Cela peut constituer une bonne solution, pratique pour la culture du rosier et qui améliore bien la biodiversité », juge Jean-Michel Leplat, rosiériste à Bellegarde.

Aude Richard

Adulte d'Harmonia axyridis sur rosier.

PHOTO : V. LE PÉRON

Le prédateur le plus préoccupant sur rosier reste le puceron. Il se multiplie, par voies asexuée et sexuée, du printemps à l'automne, et donne naissance à d'immenses colonies. À gauche, un parasitoïde de puceron.

PHOTO : V. LE PÉRON

La larve de syrphe est un des meilleurs exterminateurs de pucerons.

PHOTO : V. LE PÉRON

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