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Processionnaire du pin : combiner les méthodes de lutte

La processionnaire du pin développe une génération par an en plaine. Après l'éclosion (de fin juillet à fin septembre), les chenilles se forment pendant 4 à 8 mois en dévorant les aiguilles de pin. Elles s'abritent dans des nids d'hiver. Après quelques prospections en février, elles quittent les arbres entre mars et mai en processions caractéristiques pour s'enfouir dans le sol et y effectuer leur nymphose. Les adultes, papillons nocturnes, émergent de terre de début juin à la mi-octobre selon l

Pour venir à bout de la chenille urticante, le plus efficace est d'associer diverses techniques de lutte aux différents stades de développement de l'insecte.

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La chenille processionnaire du pin Thaumetopoea pityocampa, originaire du bassin méditerranéen, est responsable de dégâts sur les arbres mais constitue aussi un problème de santé publique, de par son caractère particulièrement urticant (1) pour l'homme, le bétail et les animaux domestiques. On estime que 25 % des pins français sont touchés. Le réchauffement climatique favorise la progression du papillon vers le nord de la France (plusieurs foyers ont été détectés en Île-de-France), à raison d'environ 4 à 5 km par an et de 3 à 7 m en altitude. Des processions de nymphoses sont parfois observées dès la fin du mois de décembre.

Lors d'une journée technique organisée par l'école Du Breuil en avril dernier à Paris, Jean-Claude Martin, ingénieur-chercheur à l'Inra d'Avignon (84), a présenté différentes techniques de lutte.

1. DES SOLUTIONS CONTRE LES CHENILLES

La destruction des nids - qui peuvent contenir jusqu'à plusieurs centaines de chenilles - est efficace, mais ne peut se faire que pour de petites surfaces et avec un équipement de protection intégrale. Le coût augmente avec la hauteur des nids (recours à une nacelle).

Les traitements à base du microorganisme Bacillus thuringiensis kurstaki tuent sans distinction les chenilles de lépidoptères. Quand ils sont appliqués en hiver, ils ont un impact limité sur les autres insectes, en phase d'hivernation. Ils sont efficaces jusqu'au quatrième stade larvaire, avec des persistances d'action de 8 à 10 jours. Ils sont généralement répandus grâce à des canons atomiseurs (l'épandage aérien est interdit sauf dérogation par arrêté préfectoral). Les distances de sécurité par rapport aux habitations et aux points d'eau, et le délai de rentrée rendent leur application contraignante en ville.

L'Écopiège® (de 35 à 70 euros TTC selon la circonférence de l'arbre et le nombre de nids), efficace, s'installe autour du tronc, avant le démarrage des processions, de décembre à février selon le climat : les chenilles s'engouffrent dans le sac rempli de terre en descendant des arbres. Encore faut-il avoir placé la collerette au bon moment ! Les pièges doivent être disposés hors de portée des enfants. Il faut veiller à bien colmater les espaces entre le tronc et le piège. Cette solution est envisageable à l'échelle de quelques arbres, mais pas d'une forêt.

L'Inra travaille sur la pose de nichoirs à mésange : cet oiseau peut en une seule journée dévorer jusqu'à 25 chenilles en hiver, et entre 600 et 900 pendant la période de nidification. La pose de dix nichoirs (à nettoyer à l'automne) par hectare sur une parcelle expérimentale en forêt du mont Ventoux (84) a permis une régulation durable des populations.

2. À COMBINER AVEC LA LUTTE CONTRE LES PAPILLONS

Le piégeage des adultes, de juin voire mai (en climat océanique) à août voire octobre (en climat méditerranéen), s'effectue à l'aide de phéromones sexuelles qui attirent les mâles. Il permet le suivi des populations. Il faut compter six pièges par hectare pour les petits îlots de résineux ou un piège tous les 25 m pour un alignement d'arbres. Comme pour le piège à chenilles, il est nécessaire de tenir compte du coût en personnel et en matériel (pièges de 35 à 60 euros TTC, et phéromones à renouveler tous les ans de 5 à 20 euros TTC ; il est possible d'utiliser le piège à pyrale Buxatrap à 12 euros). Les avantages et les inconvénients de différents pièges existants ont été évalués dans le cadre du programme Alterpro (2). Le dispositif Process'Attract présente une bonne efficacité.

La combinaison des différentes méthodes avec le piégeage des papillons au cours de l'été et le piégeage des chenilles au début du printemps permet d'envisager un contrôle du ravageur.

3. DE NOUVELLES TECHNIQUES PROMETTEUSES

D'autres solutions sont en cours d'évaluation : la confusion sexuelle avec des billes de phéromones tirées par paint-ball (voir encadré) et l'utilisation de micro-hyménoptères parasites des oeufs de processionnaire du pin.

L'Inra-Paca (Provence - Alpes-Côte d'Azur) a réalisé un fascicule intitulé Les clés pour lutter contre la processionnaire du pin, en collaboration avec Plante & Cité, et l'Onema dans le cadre du plan Ecophyto, et avec le partenaire Hévéa. Il présente : le cycle de vie de la processionnaire du pin, les risques sanitaires et les bons gestes en cas de manipulation, les risques de confusion avec d'autres papillons, des fiches techniques de lutte. Il est téléchargeable à l'adresse suivante : http://tinyurl.com/hwgxhnq

Plusieurs documents sont également disponibles sur le site www.ecophytozna-pro.fr dont un poster synthétisant les stratégies de piégeage (http://tinyurl.com/j8uswom).

Valérie Vidril

(1) À partir du troisième stade larvaire, les chenilles possèdent des soies urticantes qu'elles libèrent en cas d'agression.(2) Plante & Cithttp://tinyurl.com/zphc63rapport 2013 est disponible sur http://tinyurl.com/zphc63

En période hivernale, les nids fonctionnent comme de véritables capteurs solaires, maintenant une température de 40 °C à l'intérieur par exemple, quand il fait 10 °C à l'extérieur.

JEAN-CLAUDE MARTIN, INRA

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