Chaumont-sur-Loire (41) Des espaces futuristes adaptés au changement

Des jardins plus alimentaires et utilitaires, préparés à des disponibilités en eau plus réduites, adaptés à un climat plus chaud, mais aussi plus ouverts sur le monde, plus technologiques : telles sont les tendances qui transparaissent dans les réalisations annoncées pour le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire, qui ouvrira ses portes dans une quinzaine de jours. Pour sa 25e édition, le Festival, créé en 1992, a choisi de se tourner vers le futur. Car, pour les organisateurs, « au carrefour de multiples disciplines, au coeur d'enjeux majeurs pour notre avenir, le jardin est aujourd'hui un extraordinaire lieu de réflexion, d'innovation et d'expérimentation. Permaculture, transgénèse, biocontrôle, aquaponie, hydroponie, chimie verte, phytoremédiation, fermes verticales, potagers synergiques... constituent autant de facettes de cette incroyable aventure du vivant ».

Comme c'est désormais devenu une tradition, le Festival a offert des « cartes vertes » à plusieurs personnalités qui ont pu s'y exprimer librement. C'est le cas du parfumeur Jean-Claude Ellena, qui proposera son Jardin du parfumeur dans lequel il nous promet des parfums envoûtants qui proviendront de muguet, d'iris ou de roses. Ont également été invités cette année les paysagistes Andrew Wilson et Gavin Mac William, qui ont une agence près de Londres, en Angleterre. Ces derniers ont été chargés de réaliser au sein du parc du Goualoup, dans la partie qui a été ouverte le plus récemment, un jardin... anglais, dans lequel les vivaces devraient jouer un rôle important.

Explosion d'idées

Une réalisation singapourienne sera également présentée dans la cour de la ferme, par John Tan Chee Hian, qui a découvert le paysage par l'intermédiaire d'un ami, alors qu'il se destinait à une tout autre carrière professionnelle. Habitué des concours d'aménagements paysagers et des expositions, il a conçu une cascade d'orchidées qui, paraît-il, métamorphose le lieu. Dans les jardins du Festival proprement dit, ce sera une explosion d'idées, au sens propre comme au figuré. Pour le sens propre, Explosive Nature est un espace dans lequel les bombes à graines ont été chargées de renaturer notre environnement par-delà les clôtures du jardin et dans les moindres interstices.

Et pour le sens figuré, il reste les quelque vingt autres projets choisis par le jury cette année (il était présidé par Maryvonne Pinault, collectionneur d'art et mécène)... : Frankenstein's nature qui met en scène une parcelle dominée par la science ; La maison vivante, dans laquelle nous serons demain tous jardiniers, et où les immeubles sont des arbres ; Le jardin flottant des songes où Jean-Philippe Poirée-Ville, architecte et paysagiste, présentera ses lianes végétales et aériennes (qu'il a déjà exposées dans le cadre de Chaumont-sur-Loire) qui seront couvertes de végétation exubérante ; Le soulèvement des graines où une simple germination a craquelé le sol ; Humus sapiens sapiens, qui invitera à la découverte du sol...

Pascal Fayolle