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Aménagement Le paysage en mode réversible

Un aménagement réversible permet de restituer un site dans son état antérieur. Les jardins éphémères, ici à Nancy (54), en sont un exemple.PHOTO : PASCAL FAYOLLE

Qui n'a pas rêvé, devant certains paysages, de pouvoir appuyer sur la touche « reverse » ? L'urbanisme offre la possibilité de faire machine arrière...

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« Chaque seconde, vingt mètres carrés de terres arables disparaissent dans le monde ; tous les dix ans, en France, c'est un département entier qui disparaît sous le béton. » C'est avec ce constat que Vincent Bouvier, paysagiste et enseignant-chercheur à Agrocampus Ouest (UMR « Espaces et sociétés »), a posé l'enjeu de la réversibilité des espaces lors d'une conférence qui a eu lieu au Salon du végétal, à Angers (49), en février dernier. Comment, face à une urbanisation croissante, assurer la disponibilité de sols nécessaires à notre autonomie alimentaire, au maintien de la biodiversité ou encore à l'installation d'espaces verts, sources de bien-être social et de fraîcheur urbaine ? Tout au long d'un projet, de sa conception à sa mise à disposition, les usages et les choix politiques changent. Le climat lui-même évolue ! L'aménagement réversible permet de répondre à ces changements, en prônant la mutabilité du bâti, la résilience du paysage et sa flexibilité. La dynamique d'un territoire n'est plus une course effrénée vers l'avant, mais un cheminement complexe avec des retours possibles selon les besoins, avec des coopérations croisées entre les acteurs, le tout dans un contexte d'économie circulaire. L'idée peut paraître bien conceptuelle pour un responsable d'espaces verts.

L'éphémère au secours du durable ?

Pourtant, dans son métier, ce professionnel a pu manipuler la notion à travers les jardins éphémères, par exemple. Transformer, pour quelques jours, voire quelques semaines, une place de mairie en une vitrine végétale à destination du grand public revient ni plus ni moins à jouer sur la réversibilité des aménagements. Les friches, jusqu'alors délaissées, deviennent également des lieux « flexibles » : des jardins y poussent, des expositions artistiques y naissent... Le caractère temporaire d'un espace ne fait plus peur, et le sol devient un bien trop précieux pour qu'on se permette de le laisser à l'abandon. Pour Émile Beucher, de l'association Hamosphère coopération (http://hamosphere-cooperation.org), la réversibilité est une solution à l'artificialisation et à l'appropriation des terres agricoles. « Un pourcent de personnes détient 50 % du patrimoine mondial ! »

Protéger le statut du sol

En séparant le droit d'usage du sol du droit de propriété, l'association, créée en 2012, propose de protéger le statut agricole de la terre : même si un usage permet une construction pour un temps défini, le sol doit pouvoir revenir à sa mission d'origine. « C'est une autre façon de penser le territoire. » Hamosphère, également SCIC (société civile d'intérêt collectif), aide les particuliers et les collectivités dans leurs projets d'aménagements réversibles : installer un module temporaire en réponse à un agrandissement familial, aménager un lieu d'accueil social sur des friches, valoriser un site horticole...

À l'ère de la mobilité, il semble finalement logique que les aménagements, tout autant que les hommes, sachent faire preuve d'adaptabilité...

Valérie Vidril

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