Collectivités Fleurissement : les villes font la synthèse
Hortis revient sur la nature et la place qu'occupent aujourd'hui les espaces fleuris au sein des communes. Ils sont toujours recherchés, même si les annuelles n'y occupent plus la même position.
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Hortis, association qui regroupe quelque 600 responsables de services d'espaces verts publics dans toute la France, édite tous les trimestres une revue intitulée De Ville en Ville. Dans son dernier numéro, l'association a choisi de se pencher sur la place du fleurissement dans l'embellissement des villes. L'occasion pour Éric Pesme, directeur adjoint des espaces verts de Bordeaux Métropole (33), de rappeler que le fleurissement classique « mettait en valeur des végétaux s'exprimant tous à la même saison et était renouvelé deux à trois fois par an. La nouvelle place de la nature et l'évolution des surfaces d'espaces verts et des usages associés imposent de réfléchir aussi différemment en revoyant les pratiques d'hier sous les filtres du développement durable... »
Le mouvement n'est pas récent. Quand Jacques Mougey, élu président du CNVVF au milieu des années 1990, avait encouragé le « nouveau fleurissement » qui visait à donner plus de volume aux massifs tout en prônant une forte présence de suspensions dans les parties les plus minérales, la gestion différenciée était déjà sur les rails. Et la rotation rapide des massifs commençait à être considérée comme dispendieuse tant en termes écologiques qu'économiques. Les implantations plus pérennes de vivaces, arbres et arbustes commençaient à les remplacer en partie.
Écologie et fleurissement ne sont pas antinomiques
Dans le dossier de la revue, Jacques Macret, directeur des espaces verts de Courbevoie (92) et vice-président d'Hortis, explique que, chez lui, la transition écologique n'a pas été antinomique avec l'embellissement. Engagée en 2006 dans une démarche de gestion plus écologique, passée au zéro phytos en 2015, la ville, classée 4 fleurs, a obtenu la Fleur d'Or l'an dernier... « Le changement de stratégie de gestion a constitué une véritable opportunité », explique-t-il. Il estime être passé d'un embellissement uniquement à base de fleurs à une amélioration du cadre de vie par le paysage tout entier avec toutes les trames, arborée, arbustive et herbacée.
Pour Nelson Palacin, chef du service parcs et jardins du territoire de Chaville (92), communauté d'agglomération Grand Paris, « le tout-saisonnier a vécu dans nos espaces fleuris » mais il ne faut pas l'opposer au « tout-pérenne ». « Ces deux visions peuvent cohabiter. La gestion de l'entretien de l'une comme de l'autre étant pour des raisons diverses contraignante. » Et d'ajouter que les vivaces demandent de nombreux passages pour un suivi d'excellence et que leur limite est d'être pérennes, et de composer des massifs qui « n'évoluent plus, ou qui évoluent à l'identique au fil des années. Tout le contraire des annuelles et bisannuelles qui rythment les saisons ».
Les horticulteurs se sont bien adaptés
S'ensuit une réflexion sur la production florale dans les villes avec le vieux débat « Vaux-t-il mieux produire ou externaliser ? » Isabelle Chansellé-Bécue, responsable du service des espaces verts de Roubaix (59) et trésorière adjointe d'Hortis, estime que « la fourniture végétale représente la principale charge de dépense » du fleurissement, « bien au-delà de la charge financière qui représente la main-d'oeuvre afférente à la plantation et la maintenance des massifs », et que la question mérite d'être posée. D'autant que les villes sont, « dans leur très grande majorité, attachées à présenter du fleurissement traditionnel, coloré ». Quant à la question de produire ou pas, « la réponse reste propre à chacun ». Les avantages sont de pouvoir produire la gamme souhaitée en variété et quantité, tout en maîtrisant la flexibilité des approvisionnements. Par ailleurs, les coûts sont nombreux : amortissement du matériel, main-d'oeuvre, énergie, etc. D'où la montée en puissance de l'achat de plants racinés pour raccourcir le cycle de culture. Et Isabelle Chansellé-Bécue de conclure « qu'il faut bien avouer que les horticulteurs se sont adaptés aux besoins des collectivités. Ils répondent davantage aux marchés publics et présentent une gamme variétale intéressante à un prix défiant toute concurrence pour une structure municipale. Mais prenons garde à bien choisir des fournisseurs sérieux et produisant de la qualité, surtout pour les villes labellisées. Les marchés publics privilégient beaucoup trop souvent les moins-disants ».
Si dans l'ensemble le dossier de la revue étaye davantage des tendances lourdes depuis plusieurs années qu'elles n'ouvrent de nouvelles perspectives, à n'en pas douter, la conclusion de cette synthèse ne sera pas reniée par le monde de la production. Espérons que la réflexion de la responsable des espaces verts de Roubaix incitera l'ensemble des collectivités à choisir le mieux-disant !
Pascal Fayolle
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