Gestion Manager les risques en agriculture

Le risque en agriculture : c'est presque une « maladie » avec laquelle on vit quotidiennement. Mais faut-il laisser le sort décider ? Pour Jean-Marie Deterre, auteur du Guide de gestion des risques en agriculture, Du diagnostic à l'action au quotidien, paru aux Éditions France Agricole (*), la réponse est non. Fort de ses expériences en agriculture, prévention et communication, ce chargé de développement du marché agricole au sein d'une compagnie d'assurances, également formateur à l'ESA d'Angers (49), ainsi qu'à l'Ifpass et l'IHEDREA de Paris, propose d'anti-ciper et de prévenir.

« Des associations se basent sur une méthode dite du "risk management". J'ai voulu adapter cette approche au management pour les activités des exploitations agricoles », annonce l'auteur qui poursuit : « L'objectif est d'aider une entreprise à encaisser divers accidents, à envisager l'équivalent d'un plan de continuité de ses activités, voire de survie. Cet ouvrage débute par une incontournable approche théorique. Mais j'ai souhaité, dans un second chapitre, présenter un tableau à renseigner pour lister les risques (nature, fréquence...), qui concernent spécifiquement sa propre entreprise. Après cette sensibilisation personnalisée, suit un questionnement : est-ce que j'ai suffisamment analysé les risques ? Sont-ils bien pris en compte par les assurances ? »

L'auteur explique que le travail de mise en exergue de tous ces aspects, notamment à partir des questions de ses élèves et de la recherche d'exemples réels, a permis de mettre en place de nouvelles séries de « risques émergents » : « Bien que souvent collectifs, ces risques ne doivent pas être négligés. Il peut s'agir des cyber-risques, des risques de fraude, des incidents liés aux évolutions et aux changements climatiques - maladies ou parasites nouveaux ou d'ampleur nouvelle, adventices... ».

Attention au cumul

Au fil de son guide, Jean-Marie Deterre porte une attention particulière aux risques de type dommages corporels et humains. Ils peuvent aussi bien concerner le chef d'exploitation ou son/ses associés, le conjoint, les aides familiaux, les salariés, des tiers... « Sur la base de cas concrets, je mets en particulier l'accent sur la faute inexcusable de l'employeur, un risque juridique qui concerne potentiellement tout employeur de main-d'oeuvre. J'aborde ensuite les risques de maladies professionnelles, liées aux produits employés, au développement des dorsalgies et autres TMS (troubles musculo-squelettiques)... et l'absence de garanties spécifiques. J'aimerais surtout alerter qu'un risque seul, même important, peut être généralement géré. Par contre, il est essentiel d'apporter une méthode pour aider à déceler les pré-incidents, ceux qu'il faut détecter assez tôt pour éviter les risques corporels. Des exemples réels incitent à envisager de possibles accumulations de risques dont la fréquence, la répétition et le cumul sont susceptibles de rendre une entreprise agricole très fragile... »

Odile Maillard

(*) Guide pour les écoles, les producteurs (toutes filières), les experts et les conseillers : 233 pages, 45 euros TTC, disponible en ligne sur www.lagalerieverte.com/