Été 2016 : les plantes à massif à l'heure du bilan

Des Calibrachoa et des pétunias qui ont été dévorés - en pleine terre - en début de saison par les escargots en Pays de la Loire. Des Zinnia elegans qui n'ont pas du tout apprécié l'humidité et les températures fraîches du début d'été (ils ont été atteints d'oïdium et de rouille) du côté de Paris Vincennes, regrette Véronique Segonds, responsable de l'atelier production à l'école Du Breuil, à Paris. Des jardins qui ont bénéficié de températures élevées avec une pluviométrie correcte mais néanmoins irrégulière dans la Manche. Un thermomètre qui a frôlé 42 °C à la mi-août, au Puy-en-Velay (43)... L'été 2016 a été pour le moins contrasté. Mais tout n'a pas été négatif. Cette saison compliquée du point de vue climatique a permis de juger le comportement des élues de nos massifs. Et nombre d'entre elles étaient encore très bien en septembre, date de visite et de restitution des résultats d'essais mis en avant dans ce dossier.

Sur le terrain, « les plantes ont un peu souffert des températures chaudes et du manque d'arrosage "naturel", mais un bon paillage (BRF) combiné à une irrigation modérée ont permis d'obtenir des résultats satisfaisants », précise Sébastien Guillet, jardinier botaniste, responsable de la valorisation, de la conservation et du développement du patrimoine végétal à l'école Agrocampus Ouest, à Angers (49).

« Cet été a été marqué par des conditions climatiques assez inhabituelles : un mois de juin sec et frais, celui de juillet touché par de grosses chaleurs entrecoupées de froid, et une pluviométrie toujours faible voire nulle, de même pour celui d'août », constate de son côté Gilles Cloître, responsable de l'exploitation du lycée horticole de Coutances (50), qui ajoute : « Heureusement, quelques pluies abondantes ont évité la sécheresse, mais nous sommes loin du climat océanique traditionnel de la Normandie aux pluies généralement peu fréquentes et peu intenses. Quelques incidents de croissance ont été constatés sur les espèces et cultivars les plus sensibles aux coups de chaud froid chaud. Au final, les floraisons se sont maintenues correctement jusqu'à la fin du mois de septembre. L'année prochaine, certains massifs seront équipés de gaines d'irrigation localisée, afin de réduire le temps de travail consacré à l'arrosage. »

Des mélanges... toute l'année

Deux profils d'essais se distinguent. D'un côté, une approche classique en hors-sol, surtout destinée à des producteurs. Dans ce cadre, la station d'expérimentation et développement du GIE Fleurs & Plantes du Sud Ouest a travaillé avec 190 espèces et cultivars fournis par 9 obtenteurs et distributeurs de semences et plants. L'empotage final (en semaine 18, début mai, avec 3 à 4 plantes par conteneur de 33 l) a permis d'analyser l'évolution des innovations testées. Il s'agissait d'expérimentales (encore en observation par leur obtenteur) ou de plantes déjà en phase de précommercialisation (tests pilotes), voire de commercialisation pour la saison 2016-2017. De l'autre côté, les essais en situation, ayant pour principal objectif de guider les responsables d'espaces verts : le distributeur de semences et plants Graines Voltz prône de jouer sur la mixité entre annuelles, bisannuelles, vivaces et arbustes. Pour ses équipes, le fleurissement peut, et même doit, être pensé sur tous les espaces de la ville, surtout avec une succession de floraisons au fil de l'année. C'est ce qui a été démontré à l'occasion des 13es Carrés fleuris, au Puy-en-Velay (43), début septembre, avec plus de 600 espèces et cultivars (dont des nouveautés majeures) dans 15 massifs thématiques au coeur du grand jardin Henri-Vinay, des jardinières en 7 nuances le long du boulevard Carnot, et une démonstration événementielle sur les nouveautés en fleurissement automnal pour revisiter l'arrière-saison... En conséquence, la décision a été prise pour la saison commerciale à venir : le catalogue Couleurs de ville 2017-2018, dédié au fleurissement des espaces verts, rassemble désormais les différents catalogues saisonniers en un seul, annuel. Pour que les jardiniers y trouvent tout pour toute l'année. Au-delà de cette tendance forte, Graines Voltz a démontré qu'on peut « fleurir utile » avec des jardins Carrés gourmands qui s'inscrivent très bien dans les projets d'agriculture urbaine à la recherche de textures, volumes, hauteurs, formes, couleurs... et saveurs. Ce thème sera développé dans une prochaine édition du Lien horticole car il émerge fortement dans les efforts de diversification des usages du fleurissement, notamment pour ouvrir de nouveaux marchés.

Essayées et approuvées... ou pas...

C'est dans cet objectif que ce dossier vous propose une sélection de plantes à massif au comportement estival contrôlé cette année. Cette synthèse ne peut pas être exhaustive. Elle propose des plantes retenues lors de nos visites sur le terrain (station Astredhor GIE F&PSO près de Bordeaux (33), Le Puy-en-Velay, et la région parisienne), ainsi que des sélections proposées par Agrocampus Ouest, l'école Du Breuil, le lycée horticole de Coutances et la station Ratho, à Brindas (69). Avec de vrais coups de coeur, de belles surprises, et des satisfecit : par exemple beaucoup de plantes notées *** dans les essais du Ratho à Brindas, et de beaux dahlias primés par le public à Coutances. Bien sûr, le tableau à découvrir dans les pages suivantes (p. 14-15) ne serait pas complet sans quelques déceptions..

DOSSIER RÉALISÉ PAR ODILE MAILLARD

Pour en savoir plus : Fleurissement : mieux connaître les attentes des acheteurs, article paru dans le Lien horticole n° 984, du 14 septembre 2016, pp. 12-13.