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La ville jardin, un modèle urbain pour le XXIe siècle ?

Un potager urbain sur un toit de Paris. Même si la mode de l'agriculture urbaine se tarissait, on envisage mal que la végétalisation des toitures ralentisse.

Le Salon du végétal se tiendra à Angers (49) du 16 au 18 février prochain sur le thème du jardin en ville. Un sujet en phase avec notre société, qui s'urbanise mais a toujours besoin de vert, tant pour conserver ses racines que pour rendre la ville plus supportable. Portrait de la cité végétale de demain, à partir de ce que l'on peut observer aujourd'hui...

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Des jardins plus petits. Qui seront sans doute plutôt de simples terrasses, au coeur d'un habitat qui doit se redensifier : volonté de ne plus laisser s'étendre les villes au détriment des terres arables oblige. Cet habitat dense sera noyé dans des trames laissant davantage de place aux espaces verts. Ou plus précisément aux espaces de nature en ville, comme le définit l'association Hortis, ex Association des directeurs de jardins et espaces verts publics, qui se décline désormais comme l'association des responsables d'espaces nature en ville. Telles sont les grandes lignes. Moins de gros végétaux, par exemple, puisque l'espace sera plus contraint. Mais de manière plus précise, quelles seront les photos qui rentreront dans ce cadre ? Quel sera le contenu de ces différents espaces destinés à recevoir du végétal ? Difficile de le dire, tant on peut imaginer que les tendances sont soumises à des modes plus ou moins éphémères. On peut néanmoins, à partir des mouvements qui se profilent, tenter de dessiner la ville nature de demain et les jardins qui y seront associés... Un exercice personnel qui n'engage que son auteur ? Peut-être. Mais toute contribution à cet exercice sera la bienvenue dans les prochains numéros !

Des plantes sur les toits, les murs, dans les rues, autour des pieds d'arbres...

On peut sans prendre de gros risques imaginer que les plantes occuperont de plus en plus l'enveloppe du bâti. Des zones qui, jusqu'ici semblaient dévolues au crépi, aux tuiles et aux plaques de métal céderont certes la place à des outils de production d'énergie, mais aussi à des plantes. Même pour celui qui pense que l'agriculture urbaine ne sera qu'une mode, que les citadins se décourageront vite des contraintes que représente la production de légumes sur leur terrasse, il faut bien admettre que tout un groupe, en particulier des architectes et des urbanistes, ont désormais compris les bénéfices qu'il y avait à privilégier le végétal autour des bâtiments en termes de qualité de vie et de gains sur la climatisation des bâtiments. Et pourquoi ne pas imaginer que, demain, les toits dédiés à la production de légumes puissent devenir des zones de production de fleurs coupées pour le fleuriste du rez-de-chaussée ? Rien n'est certain, rien n'est exclu, mais une chose est hautement probable : la culture sur les toits va s'intensifier. De la même manière, si les murs végétaux à haute technologie pourraient vite s'avérer trop chers et trop peu respectueux de l'environnement, si de simples plantes grimpantes pourraient se révéler d'un rapport qualité prix imbattable, il est raisonnable de penser que les systèmes simples de gabions végétalisés devraient avoir un certain avenir. Et qu'il faudra les végétaliser, même si nombre de gestionnaires y laisseront se développer une flore naturelle, parce que c'est utile pour la faune, par exemple.

Des alignements, des parcs, des massifs fleuris, du classique en fait

Les chercheurs semblent sûrs d'une chose : les végétaux sont efficaces en ville pour lutter contre les problèmes d'îlots de chaleur, par exemple, à condition de ne pas être isolés, mais plutôt d'être regroupés, de créer des masses. C'est le principe des trames vertes et bleues. Un principe souvent assez facile à mettre en oeuvre dans un bâti pas trop dense, plus compliqué dès que l'on rentre dans les hyper-centres, dans les zones très densément bâties. Là, et même ailleurs dans la ville, les arbres d'alignement conserveront tout leur intérêt, de même que les parcs et jardins de proximité, qui devront être de plus en plus nombreux pour que chaque habitant puisse disposer d'un espace vert près de chez lui.

Des friches et des espaces sauvages volontairement non entretenus

La friche, montrée du doigt et définie comme une horreur dans les années 1970 à 1990, marquées par la volonté de faire « propre » et « net », a reconquis ses lettres de noblesse grâce à quelques visionnaires qui semblaient au début très iconoclastes, des paysagistes comme Gilles Clément. Elle a retrouvé une petite place dans les choix de gestion de certaines zones en ville. Une place qui pourrait connaître un essor, au vu des contraintes budgétaires de nombreuses collectivités, alors que les surfaces à entretenir ne cessent de s'étendre, malgré le souhait de ne plus élargir les aires urbaines. Mais sans aller à cet extrême, la mise en oeuvre de modes de gestion plus extensifs, initiée depuis une vingtaine d'années avec la gestion différenciée, a de beaux jours devant elle. La flore locale, supposée mieux adaptée aux climats locaux (encore que ces derniers soient amenés à fortement évoluer...), est peut-être aussi un effet de mode, mais qui laissera forcément une trace lorsque les premiers remous auront un peu reposé. Enfin, on ne peut tenter de dresser un portrait subjectif de l'espace vert de demain sans parler des évolutions de la société. Il semblerait incompréhensible de revoir sur les pelouses des parcs urbains des panonceaux « Interdit au public ». Les espaces verts doivent être ouverts, participatifs, diversifiés dans leurs fonctions et au niveau de leur flore (parce qu'il y a une attente culturelle, mais aussi pour se prémunir des arrivées de plus en plus fréquentes de nouveaux ravageurs et maladies). Les citoyens veulent avoir leur mot à dire sur le contenu de leurs espaces de proximité, sur la façon dont ils sont gérés et entretenus... On est loin du jardin à la française, du syndrome de Versailles (78). On reproche parfois à certains paysagistes de méconnaître et de trop peu utiliser le végétal. Mais, dans le même temps, on voit des architectes s'attribuer les plantes. C'est entre ces tendances, ces interdépendances, cette hyperconnexion qu'il faut imaginer les débouchés pour le secteur de l'horticulture ornementale. L'exercice n'est pas facile, mais indispensable. Le Salon du végétal s'est attelé à la tâche, et c'est une excellente chose !

Pascal Fayolle

Aujourd'hui, les citoyens demandent à participer à la végétalisation de leur quartier. Comme en témoigne ce pied d'arbre dans la capitale.

Les systèmes de murs végétalisés sont peut-être un peu trop chers et sophistiqués. Un procédé bon marché reste à inventer. Mais la végétalisation des façades n'en a pas moins de beaux jours devant elle.

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