Formations horticoles : une attractivité contrastée
L'enseignement horticole est-il vraiment sous tension ? Y a-t-il des disparités entre voie initiale, apprentissage et formation continue ? Quelles compétences sont attendues ?
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Il ne manque pas de mois sans que nous ne recevions des annonces de nouvelles formations en maraîchage, mais quasiment pas en productions ornementales. Certaines écoles ont fermé des classes en pépinière, et plus récemment en floriculture. Nos entretiens avec des responsables de centres de formation, en Rhône-Alpes et en Anjou, confirment de fortes tensions pour le recrutement en productions horticoles alors que le maraîchage (biologique surtout) est très en vogue. Cette voie du raisonné et du bio s'inscrit dans la veine du plan « Enseigner à produire autrement », lancé par la Direction générale de l'enseignement et de la recherche (DGER), en 2014 pour quatre ans, et dans le projet agro-écologique pour la France (*) mis en avant par le ministère de l'Agriculture. Si le maraîchage a su tirer son épingle du jeu et redorer son image, les productions ornementales ne semblent vraiment pas en profiter.
Se défendre en local, face au pouvoir des Régions
Les témoignages qui ont permis de constituer ce dossier appellent à une attitude responsable : attention à ce que tous les producteurs ne basculent pas dans « le » créneau en vogue, sinon il y aura un effet boomerang, avec une surproduction et un risque de crise dans cette jeune filière. Face à ce constat, comment diversifier les créneaux de marché et les métiers ? Les centres de formation, qui veulent faire de la prospective pour anticiper sur les cursus et titres professionnels à créer, se sentent un peu seuls et leurs appels aux producteurs sont trop souvent vains... A priori faute de temps et selon les urgences à gérer à court terme. Dommage, d'autant qu'en apprentissage et en formation pour adultes surtout, les Régions jouent un rôle de plus en plus prégnant dans les décisions de maintenir ou supprimer des formations, de créer de nouvelles options. En tant que financeurs, elles ajustent en fonction de leur politique et des besoins pressentis pour leur bassin d'emploi. Alors peut-être faut-il en passer par du lobbying pour que nos filières ne soient pas oubliées dans l'esprit et dans les budgets des élus ? Cela exige un peu de temps ; la tâche n'est peut-être pas insurmontable en local, plutôt moins que le lobbying au niveau des ministères... Il reste un gros travail à faire pour promouvoir nos métiers et leur redonner de l'attractivité : présenter et témoigner dans les collèges, accueillir des élèves lors des journées-découvertes des métiers, personnaliser le relationnel avec les chargés d'orientation, être présents sur les forums des métiers... Nous avions déjà publié un dossier détaillé il y a quelques années. Le chantier est toujours aussi urgent. Faut-il en passer par les émissions de téléréalité, comme le signale l'un de nos témoins : il assure avoir reçu récemment un candidat qui a vu naître sa vocation de paysagiste après avoir vu L'amour est dans le pré !
Envie d'agriculture : rien n'est perdu
Au moment de finir ce dossier sur l'évolution des effectifs en formations horticoles et sur les besoins en compétences dans nos filières, la radio Europe 1 donnait les résultats d'une enquête et assurait qu'il n'y a jamais eu autant de candidats pour les BTS agricoles en France (+ 14 % pour la conduite d'entreprise agricole, + 19 % pour l'option « productions animales »). Pourtant le secteur est en crise. Ces jeunes, pour la plupart non issus du milieu agricole, s'engageraient par passion et ne seraient pas tous de purs rêveurs. Ils sont formés « à fonctionner dans un système de gestion de crise permanente et d'adaptation », affirme la directrice du lycée agricole de Bougainville (77) citée dans la chronique.
Si des crises économiques et des domaines comme l'élevage ne découragent pas les candidats aux métiers agricoles, reste à redonner envie de maisons, de jardins ou même de fermes fleuries... comme le souhaite Hervé Billon, de la société Gartenbau Versicherung (voir en p. 18), afin que les productions horticoles, et en conséquence les formations spécifiques, retrouvent leur attractivité auprès des jeunes.
Odile Maillard
(*) Objectifs détaillés sur http://tinyurl.com/zr569yj et http://tinyurl.com/jlnbo3g (site Chlorophil).
Pour accéder à l'ensembles nos offres :