Astredhor Penser « produit » et non pas « plante » !

Lors du Salon du végétal 2017, l'institut de l'horticulture a présenté ses travaux en cours sur les attentes consommateurs, parmi lesquels le projet Eval'Innov.

Le 21 juin dernier à Nantes, deux interventions ont présenté les récents travaux de recherche appliquée d'Astredhor autour de l'innovation végétale. Un des axes développés ces dernières années par l'institut porte sur une meilleure connaissance des attentes du consommateur, et les solutions pour y répondre. Alain Ferre, directeur technique d'Arexhor Pays de la Loire (réseau Astredhor Loire-Bretagne), a présenté les premiers résultats du projet Eval'Innov, qui vise à mettre au point une méthode d'évaluation du risque de mise sur le marché d'une innovation. Ce risque est estimé tout au long de la chaîne de valeur, de la production jusqu'à l'utilisation chez le consommateur.

Tester sans a priori« Toute innovation est valable », introduit Alain Ferre. En effet, le consommateur n'a pas forcément une attente claire et « visionnaire » d'un produit. C'est pourquoi il faut tester la nouveauté sans tenir compte d'un jugement a priori. C'est pourquoi aussi les tests doivent s'effectuer en conditions réelles, auprès de vrais consommateurs, et non pas en station ou avec des professionnels qui auront une vision forcément « déformée » de l'innovation proposée (biais cognitifs). Eval'Innov se déroule en trois phases : étude du comportement du produit en production, puis pendant le transport, et enfin durant la vente en magasin et chez le consommateur. Astredhor, ses partenaires (Jardiland et Truffaut) et la plateforme sensorielle Senso'Veg (Esa - École supérieure d'agriculture Angers Loire) réalisent des enquêtes auprès des professionnels et des consommateurs au cours des différentes étapes. L'évaluation du produit s'effectue en deux temps : l'établissement préalable d'une note qualitative sur cent est ensuite pondérée par un facteur économique (par exemple, le pourcentage de perte en production ou le temps de vente en magasin). Rien ne sert de mettre sur le marché une nouveauté formidable impossible à produire, ou qui, malgré tout le potentiel estimé, ne se vend finalement pas en magasin ! Bien que l'objet premier de l'expérimentation consiste à proposer aux professionnels un service d'évaluation de leurs innovations, les enseignements tirés des essais sont intéressants.

Proposer un produit simple d'utilisationL'évaluation de la satisfaction des clients a permis de constater que cette dernière changeait avec le temps, et que le critère « évolution de la satisfaction » permet de mieux discriminer différents produits. Ainsi, les enquêtes ont révélé que les pensées et Viola cornuta satisfont mieux les clients au printemps que pendant l'hiver... « D'ailleurs, les Hollandais les vendent pour le printemps », remarque Alain Ferre. D'autres études ont confirmé, s'il était besoin, la différence de jugement entre professionnels et consommateurs.Les tests utilisateurs 2016 montrent que le consommateur est souvent content de la plante, mais qu'il n'arrive pas à l'entretenir : « Ce qui pèche n'est pas la plante mais ce qui l'entoure : pot, substrat, soucoupe... » Les instituts et agro-fournisseurs ont beaucoup travaillé à faciliter les itinéraires de production (substrat drainant...). « C'est à nous maintenant, professionnels, de prendre un peu de complexité pour proposer au client final un produit intuitif et facile d'utilisation ! » Les pistes sont nombreuses. Par exemple, en rendant compréhensible le « mode d'emploi » sur les chromos : en 2017, Arexhor Pays de la Loire teste le remplacement des pictos par des phrases. Autre possibilité : proposer un produit végétal « Satisfaction-client garantie ». La station va comparer un végétal ainsi « optimisé » (engrais enrobés 8-9 mois, grains d'eau Polyter, soucoupe, informations d'entretien intuitives) avec la même variété produite classiquement.

V.V.