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Un printemps favorable malgré une fête des Mères décevante

Les jardineries ont été, avec les producteurs détaillants, les grands gagnants de ce printemps favorable. Le végétal au sens large a retrouvé les faveurs des consommateurs qui en ont redécouvert l'attrait et la diversité.PHOTO : PASCAL FAYOLLE

Comme chaque année, notre indicateur Médioflor - Lien horticole a analysé les tendances du printemps. À l'exception de la fête des Mères, la saison 2017 se montre positive, voire très positive, ce qui n'était pas arrivé depuis quelque temps. Ce sentiment partagé lors des différents rendez-vous professionnels de juin doit toutefois être nuancé par région et par secteur d'activité.

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Les conditions climatiques de ce printemps ont été favorables aux ventes de fleurs et plantes qui sont toujours très dépendantes de la météo. Véritable mois d'hiver, janvier a connu des périodes de froid suffisantes pour nettoyer les jardins, les terrasses et les balcons des plantes qui avaient survécu à l'hiver 2015-2016. Février a été suffisamment doux pour faciliter le démarrage des cultures, puis les mois de mars et avril ont été tout à fait propices à l'achat de plantes, frôlant parfois la surchauffe, contrairement à la même période en 2016, caractérisée par le vent et la pluie. Sont ensuite venues trois semaines plus grises, au mois de mai, permettant de calmer le jeu. Elles ont été suivies d'une belle période ensoleillée pour la fête des Mères. Le déficit hydrique pourrait par contre être une menace pour les ventes de juin, mais l'envie de végétal étant lancée, la fête continue.

Les villes désertées

Dans ce contexte favorable, la fête des Mères a un peu déçu pour des raisons de calendrier : le jeudi de l'Ascension situé juste avant le dimanche 28 mai a favorisé un week-end allongé et les consommateurs encouragés par le beau temps ont déserté les villes pour la campagne ou les bords de mer. Les acteurs du MIN (marché d'intérêt national) de Rungis (94) affichent des baisses de l'ordre de - 25 % et les exportateurs néerlandais de plantes d'intérieur parlent de ventes décevantes (fleurs coupées, Phalaenopsis en pot, Kalanchoe, rosiers, mini-hortensias).

Des acteurs sur les genoux

Pour cette saison de printemps, tous les acteurs de la filière ont profité de l'embellie. À commencer par les producteurs qui ont déroulé leurs cultures sans encombre, car il y a toujours eu des acheteurs pour leurs végétaux. En raison des difficultés des années précédentes, ils n'ont malheureusement pas osé ajuster systématiquement leurs prix. Les détaillants ont fait une très bonne saison, parfois à la limite du possible, tellement la demande a été soutenue dans la durée. Les négociants, exportateurs néerlandais, italiens ou espagnols, et les importateurs en France ont eu parfois des sueurs froides pour assurer la logistique, tant la demande était forte. De plus petites quantités ont été livrées plus souvent. Il faut se rendre à l'évidence, les productions de plantes de provenance étrangère représentent maintenant près de 75 à 80 % du marché en France.

Les GSA (grandes surfaces alimentaires) et GSB (grandes surfaces de bricolage), qui avaient basé la majorité de leurs opérations dédiées aux plantes sur les mois de mars et avril, sont satisfaites. L'augmentation du chiffre d'affaires est de 11 % en moyenne pour l'univers du jardin (panel Promojardin pour les GSA, GSB et libres-services agricoles - Lisas) par rapport à avril 2016. Le cumul annuel du marché pour les quatre premiers mois de l'année affiche une progression intéressante.

Jardineries et producteurs détaillants, les grands gagnants

Les jardineries ont été, avec les producteurs détaillants, les grands gagnants de ce printemps favorable. Le végétal au sens large a retrouvé les faveurs des consommateurs qui en ont redécouvert l'attrait et la diversité. Le mois d'avril a été le point culminant de la saison, affichant selon certains points de vente des progressions de l'ordre de 25 à 30 %. Sur l'ensemble, la progression moyenne sur cinq mois est de 10 à 12 %, il faut cependant relativiser ce chiffre si on le compare aux fortes baisses des ventes enregistrées en 2016.

Les fleuristes, peu concernés par les végétaux de printemps, s'attendaient à une bonne fête des Mères, avec un mix de végétaux intérieur et extérieur. Ils sont un peu déçus surtout par les végétaux d'intérieur. Les consommateurs n'étaient pas au rendez-vous, principalement dans les grands centres urbains.

Des gammes élargies

L'orientation des gammes est aujourd'hui toute tournée vers la facilité : poser plutôt que planter, arroser, soigner, et jouir d'un résultat immédiat plutôt que prendre le temps de voir pousser. Le thème du Salon du végétal 2017, FA SI LA Jardiner, le souligne d'ailleurs bien. Depuis plusieurs années, les ventes des végétaux à planter dans les massifs diminuent au profit des compositions, des assemblages et des assortiments de plantes en pot, bac, coupe ou jardinière, malgré un prix plus élevé.

Une exception cependant, et pas des moindres : les plants aromatiques et de légumes ont pris une place importante dans les paniers et les caddies. Le plant se doit d'être biologique, il est apprécié en pot ou en jardinière, mais également en barquette à planter. Leur chiffre d'affaires est l'un de ceux qui a le plus fortement augmenté cette saison.

Selon un distributeur de jeunes plants et de boutures : « Nos clients veulent une gamme étendue, éparpillée, variée afin que leurs propres clients puissent venir picorer dans cette diversité. » Facile à dire, mais pas facile à faire, d'autant plus qu'ils veulent toujours des nouveautés, et seulement en petites quantités.

Les Dipladenia, qui avaient poussé sur le côté les géraniums, sont à leur tour bousculés par d'autres familles de plantes compatibles en intérieur comme en extérieur : campanules, Platycodon, célosie, lys en pot, Alstroemeria, Echinacea, phlox, Delphinium, etc.

Le consommateur pense aux pollinisateurs

Les exigences des consommateurs portent principalement sur des plantes fleuries, nécessitant un minimum de soins, résistantes aux conditions climatiques difficiles (sécheresse, gel), mais compatibles avec les pollinisateurs. Les demandes sur ce dernier point sont de plus en plus fréquentes. Beaucoup de plantes fleuries et de petite pépinière viennent d'Italie. Les Dipladenia et géraniums sont issus d'Espagne. Les pots de 10, 12 et 14 cm plafonnent en quantité et en prix. Et la demande en produits plus travaillés, palissés, tuteurés, augmente. La production française se trouve face à une diminution de la demande de végétaux classiques au profit de sujets plus diversifiés, plus élaborés et mieux marquetés. De plus, il n'est pas toujours certain que les acheteurs soient prêts à payer le juste prix de cette extension de gammes.

Un avenir pas entièrement dégagé pour les Français

Ne boudons toutefois pas notre plaisir : pratiquement tous les acteurs parlent d'une bonne saison, bienvenue après plusieurs années décevantes. Le principal regret à formuler concerne la production française. Elle ne participe en effet que pour une trop faible part à cette embellie. Les fermetures d'exploitations se poursuivent, faute de repreneur, pour des raisons financières, ou par lassitude au regard d'un combat inégal. Environ 15 % de la production française, un chiffre trop peu élevé, figurait dans l'offre nationale pour cette saison de printemps et la fête des Mères. La question est clairement posée pour les prochaines années : « Comment regagner du terrain, convaincre l'ensemble des acteurs d'agir pour garder ceux qui restent ? »

Brand Wagenaar

Approvisionnement Les points de vente ont fait une très bonne saison, parfois à la limite du possible, vu la demande.

PHOTO : PASCAL FAYOLLE

Confirmation Les plants aromatiques et plants de légumes ont pris une place importante dans les caddies.

PHOTO : PASCAL FAYOLLE

Infléchissement Le Dipladenia est bousculé par d'autres familles de plantes compatibles en intérieur et en extérieur.

PHOTO : PASCAL FAYOLLE

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