REGARD SUR Fraxinus ornus : un petit arbre polyvalent

Arbre indigène, spontané dans les Alpes-Maritimes et en Corse, le frêne à fleurs a été introduit de manière ancienne dans des parcs d'une grande partie de la France, surtout en pays calcaire, sur les coteaux bien exposés. De sorte qu'il s'est parfois échappé, donnant quelques populations sporadiques à travers le Midi de la France. Généralement de 7 à 10 m de hauteur, à la couronne hémisphérique, souvent plus étroite chez les cultivars, et bien ramifiée, il est doté d'une bonne longévité, un siècle environ. Son écorce grise reste longtemps lisse, ses rameaux sont vert olive avec des bourgeons gris. Les branches deviennent sinueuses avec l'âge. Ses feuilles sont caduques, opposées et pennées. De 15 à 20 cm de longueur, de 5 à 9 folioles, elles prennent souvent une couleur automnale jaune. La floraison, vaporeuse, spectaculaire, dure une douzaine de jours en mai. Elle est formée d'une multitude de petites fleurs à pétales linéaires de 6 mm de longueur, groupées en une inflorescence composée, un racème de racèmes. D'un blanc assez pur, mellifères, elles couvrent presque la jeune feuillaison sur les sujets bien fleuris. Elle constitue un des principaux attraits de la plante, mais les jeunes samares de 2 cm de longueur, presque aussi nombreuses, et colorées de pourpre par les nuits fraîches, prolongent l'attrait printanier de ce frêne décoratif, surtout promu par l'arboriculture urbaine.

Des exigences agronomiques croissant en climat froid

Cette essence très nettement thermophile et héliophile supporte les froids hivernaux les plus rigoureux. Elle requiert beaucoup de chaleur et de lumière. Sous cette condition, elle pousse de manière assez rapide dans la plupart des stations, et même plus vite lorsqu'elle est cultivée et plantée. Elle résiste très bien aux étés les plus torrides à la faveur de sols disposant d'une réserve hydrique significative, ou lorsqu'une humidité atmosphérique favorable règne. Son optimum correspond aux substrats perméables à éléments fins, aux argiles et limons, caillouteux ou bien structurés, et plutôt fertiles. Le frêne à fleurs peut être planté partout en France, hormis dans nos montagnes froides. Au nord de la France, considérer son optimum écologique, en lui procurant un maximum de chaleur et d'ensoleillement, un sol proche de la neutralité, fertile et bien drainé, de manière à optimiser sa croissance. Cet arbre rustique supporte une grande variété de sols, sauf ceux très acides, trop engorgés, trop superficiels ou compacts. À cause de sa taille modeste, il pourrait être plus souvent employé dans les parcs et jardins, où il demeure peu répandu. Ses cultivars forment des sujets d'alignement de premier choix, souples dans leur emploi, et résistant plutôt bien aux pollutions urbaines. La chalarose du frêne, maladie des frênes en forte expansion, semble peu l'atteindre jusqu'ici.

Christophe Chambolle (*) et Valéry Malécot (**)

(*) Ingénieur conseil en horticulture et paysage. (**) Maître de conférences en botanique.