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Quels linéaires de jardin pour demain

Éco-conception, réparation, recyclage... permettent d'accrocher le consommateur éco-responsable, soucieux de l'histoire du produit qu'il achète et friand d'informations. Le chromo de cet Alocasia zebrina présente un tigre blanc, qui renseigne ainsi sur l'origine asiatique de la plante.PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

Le tendanceur Manuel Rucar a imaginé différents concepts de rayons « jardin » propres à répondre au courant de fond de l'économie circulaire.

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« L'objectif de l'économie circulaire est de produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l'eau et des sources d'énergie », a rappelé Christian Duquennoi, de l'Irstea d'Antony (92), à l'occasion du colloque organisé par Afaïa (ex-Chambre syndicale des améliorants organiques et supports de culture), en novembre dernier (*). Loin d'être une mode passagère, cette nouvelle économie s'inscrit comme une base du développement durable, fondée sur le principe de « refermer le cycle de vie » des produits, des services, des déchets, des matériaux, de l'eau et de l'énergie. La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte prône d'ailleurs la promotion de cette économie circulaire. Les potentialités pour le monde de l'horticulture et des espaces verts sont importantes. Manuel Rucar, du cabinet de tendance Chlorosphère, a présenté lors d'une intervention au colloque trois rayons possibles - indoor, entretien, outdoor - de jardinerie répondant à ce nouvel enjeu.

Rayon indoor : le « Vraction »

Le vendeur peut rendre visible, à travers ses linéaires, sa volonté d'être un acteur de l'économie circulaire. Le recours au vrac est une tendance de cette nouvelle conception. Le consommateur aime faire ses mélanges, diminuer les suremballages, prendre la juste quantité. Le volume prélevé est souvent plus petit, mais le client revient plus régulièrement... Le marché du jardin offre des possibilités dans ce sens, avec les substrats de culture notamment. « Le classement de ces produits (...) s'effectue par usages-client selon une grille claire et lisible », précise Manuel Rucar. Les usages sont ultra-ciblés, proposés en format XS, parfois vendus à la pesée ou en conditionnement « zéro marque ». Pourquoi ne pas lui proposer de réaliser son mélange à base de tourbe blonde ou brune, sable, compost ou engrais organique ? Le faire soi-même (DIY ou Do it yourself) se développe. Il est possible d'y répondre en mettant à disposition, séparément, tous les matériaux et fournitures nécessaires à la réalisation de terrariums ou de minijardins par exemple : verreries, billes d'argile, miniplantes, mousse... avec l'organisation d'ateliers de réalisation. Avec les compositions toutes faites et les kits prêts à l'emploi, le magasin répond aux différents niveaux de compétence du jardinier et l'accompagne. Le vrac permet de montrer la matière pour la valoriser : choix de croquettes en animalerie, choix de plantes en aquariophilie.

Rayon entretien : le « Made by nature »

« L'idée est de présenter l'origine des produits, et quel impact ils ont sur l'environnement », explique Manuel Rucar. De plus en plus de particuliers souhaitent comprendre d'où vient ce qu'ils achètent. « Le classement de ces produits s'effectue par biotope selon une grille géologique ou biologique. » Le tendanceur propose ainsi de jouer sur les visuels pour montrer l'origine des divers paillages (cosses de cacao, fibre de coco, ardoise...), en valorisant le fait qu'ils sont naturels, ou encore l'utilisation des engrais : des illustrations de forêt tropicale humide pour les fournitures de plantes de serres chaudes, par exemple. La scénarisation consiste à afficher l'ensemble de la gamme et augmenter la lisibilité du rayon en partant du bénéfice consommateur ou de l'histoire racontée plutôt que d'opter pour une segmentation purement technique. Cette orientation incite à faire disparaître le stock des rayons pour ne laisser que le showroom.

Rayon outdoor : le « Co-jardinage »

Le rayon invite à « faire ensemble » dans la tendance du participatif, et à diminuer les déchets dans la tendance des recycleries. Le magasin peut proposer à ses clients de ramener les déchets végétaux (tonte, taille...) ou autres rebus (pots...), et de les disposer dans des bacs prévus à cet effet, et les récompenser par des points accumulés sur sa carte fidélité. Le point de vente (seul ou avec l'aide d'un sous-traitant dédié) valorise les déchets (compost...) et propose le résultat à la vente à prix cassé dans son espace outdoor. Le principe du recyclage peut être prolongé aux équipements et matériels, en incitant à apporter les anciens salons de jardin, poteries, outils... Ceux qui participent gagnent des points fidélité, les chineurs font des affaires : un concept gagnant-gagnant.

Valérie Vidril

(*) Voir le Lien horticole n° 995, L'horticulture dans un cercle vertueux, page 4.

Rayon indoor Des matériaux proposés en libre-service, en quantité modulable, sans suremballage.

PHOTO : CHLOROSPHÈRE

Rayon entretien Des produits naturels valorisés, avec une histoire, dont l'origine est clairement affichée.

PHOTO : CHLOROSPHÈRE

Rayon outdoor Un consommateur responsable qui recycle et qui participe à la vie de la jardinerie.

PHOTO : CHLOROSPHÈRE

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