Fiche expert Prévoir le blanchiment de ses abris au printemps
Avec l'arrivée des beaux jours, la question du blanchiment des serres et tunnels se pose. Du choix du produit à l'organisation du chantier, l'opération ne se fait pas au hasard.
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Avril-mai correspond à la période de blanchiment des serres et tunnels destiné à éviter les excès de lumière et de chaleur néfastes aux cultures. C'est aussi l'époque de pleine production pour les serristes qui, dans un planning surchargé, doivent réussir à trouver un créneau pour cette opération. Faute de temps, un producteur privilégiant ses commandes a mis un mois pour blanchir la totalité de ses 3 hectares (compter 4 heures à la lance pour 1 500 m2 de serre plastique à deux chéneaux). Mais se consacrer à sa production, c'est prendre le risque de voir celle-ci dépréciée du jour au lendemain à la suite de belles journées chaudes et ensoleillées. Peut-être faut-il envisager de faire appel à un prestataire extérieur, lorsque c'est possible.
Bien choisir son jour d'application
L'application doit s'effectuer sur un matériau propre et sec (pas de présence de rosée), ni gelé, ni trop chaud, par une journée sans pluie (pour ne pas lessiver le produit), ni vent. L'humidité relative doit être inférieure à 80 %. Attention à l'environnement proche ; notamment les véhicules qui pourraient inopinément profiter du blanchiment. L'opération peut s'effectuer manuellement à l'aide d'une lance ou d'une perche, ou de façon automatisée avec un appareillage spécifique. Il faut tenir compte de la diversité des structures sur l'exploitation (modèles de serres, largeurs, hauteurs sous chéneaux...).
La sécurité avant tout
Si l'ombrage des parois (en priorité le côté sud, puis l'ouest, éventuellement l'est dans le sud de la France) s'effectue depuis le sol, celui de la toiture, prioritaire, nécessite de marcher sur les chéneaux. Les risques de chute réels incitent de plus en plus de patrons à effectuer l'opération par eux-mêmes, sans que la sécurité soit forcément mieux assurée. Il existe des barrières pour limiter les risques le long des chéneaux latéraux, plus étroits, ou des déambulateurs qui stabilisent l'opérateur.
Organiser le chantier
Avant de commencer, il faut bien organiser le chantier : prévoir l'accessibilité de la cuve du pulvérisateur en façade de la serre ; placer les enrouleurs du tuyau pour la peinture et du câble électrique de préférence dans l'axe des chéneaux pour une bonne facilité de déroulage ; s'assurer que tuyaux et câbles soient au minimum à la longueur de la serre ; prévoir le raccordement à l'eau (vérifier le débit et la pression), l'électricité et la disponibilité des produits.
Des produits à la carte
Achetées dès février, les peintures d'ombrage liquides doivent être protégées du gel et entreposées dans leurs pots hermétiquement fermés. Les poudres ne craignent pas le gel, mais attention à ne pas abîmer l'emballage en cours d'emploi et de stockage. Différents produits existent et permettent désormais de réaliser un « blanchiment » à la carte, en fonction des besoins des cultures, du type d'abri, des conditions climatiques, de la persistance d'action, du temps dont dispose le producteur au moment de l'opération et à l'automne pour le nettoyage, et du budget : classiques à base de chaux ou de craie, devenant translucides avec la pluie, diffusant la lumière pour optimiser la luminosité dans la serre, réduisant la transmission lumineuse, photosélectives pour contrôler certaines longueurs d'onde et leur intensité (bleu, vert...). Ainsi, certaines peintures bloquant les infrarouges courts diminuent la chaleur dans l'abri sans baisser la part de la lumière utile à la photosynthèse (PAR), et peuvent avoir une action conjointe de diffusion.
Doser pour plus ou moins de transmission
Une application dense dure plus longtemps, avec le risque d'affecter la culture en cas de temps nuageux. Une application plus légère pourra nécessiter d'autres opérations complémentaires en cours de saison. Vérifier que le produit choisi est compatible avec le matériau de couverture (verre, polycarbonate, polyéthylène). Les formulations (poudre, pâte) peuvent être plus ou moins pratiques à utiliser. L'appareil de pulvérisation (souvent le même que celui employé pour les traitements phytosanitaires) doit être rincé et correctement nettoyé après l'opération, afin de ne pas obstruer les buses.
Prévoir le nettoyage
Le déblanchiment se prévoit également au risque de voir la transmission lumineuse chuter à l'automne et les cultures retardées. Pluie et parfois UV ou neige peuvent nettoyer progressivement l'abri des résidus de produits les moins tenaces, comme ceux à base de craie (vérifier la persistance d'action). Lorsque ce n'est pas le cas, il faut brosser ou se servir d'un produit nettoyant spécifique. Dans ce cas, mieux vaut ne pas mélanger les produits de différentes marques : les usages incompatibles sont généralement bien identifiés.
Par Alain Durantin, Serre-Vis (69)
À lire dans le Lien horticole : Peintures d'ombrage pour serres et tunnels : de l'écran total au filtre sélectif, n° 697, pp. 12-13.
Par Alain Durantin, Serre-Vis (69)
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