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Davantage de visibilité pour les chantiers-écoles

Les adultes en formation continue de BP « aménagements paysagers » ont réalisé une chaîne humaine pour acheminer les 290 sacs d'ardoise et les 3 m3 de terreau nécessaires à la rénovation du jardin potager du château d'Angers (49).PHOTO : CFPPA LE FRESNE

Former autrement, à partir d'un support concret et de mises en pratique interdisciplinaires : ce sont les atouts des dispositifs de type chantier-école. Mais beaucoup reste à faire en matière de communication.

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Très souvent encore, l'enseignement agricole en général, et horticole en particulier, est victime de nombreux reproches. « Les jeunes n'apprennent plus que de la théorie. » « Ils sont trop en classe et pas assez sur le terrain. » « Ils ne sont pas capables de prendre des responsabilités. » Et même : « Ils sont de moins en moins motivés », assurent des chefs d'entreprise, d'équipe ou d'exploitation qui ont besoin de personnels qualifiés, plutôt autonomes, à même de respecter la sécurité, les réglementations...

Une réalité ou une méconnaissance ?

Sans beaucoup chercher, il ne manque pas d'exemples d'initiatives dans lesquelles les apprenants sont mis en situation semi-professionnelle, avec des responsabilités, comme des professionnels, ou presque. Ils apprennent à se familiariser avec des situations variées, complexes et même délicates. Que ce soit sur les terres de l'école ou, plus intéressant, dans le bassin régional d'activité proche. Qu'il s'agisse de réalisations ponctuelles ou sur toute l'année scolaire, éphémères ou pérennes. Et parmi les pratiques, différentes formules permettent de s'immerger dans des sites réels, et dans des partenariats concrets avec des acteurs professionnels : projets informels, compte d'affectation spéciale développement agricole et rural (CASDAR), Module d'initiative locale (MIL) ou Projet d'initiative et communication (PIC)...

Du point de vue pédagogique, l'apprentissage des connaissances techniques et des compétences professionnelles passe mieux par le concret. En réponse à toutes les critiques, on trouve les chantiers-écoles. Un outil, ou un terrain d'expérimentation ? Probablement les deux. « Dans un chantier grandeur nature, les stagiaires peuvent acquérir un grand nombre de capacités, toucher à tout : terrassement, menuiserie, production, plantation... Ils doivent respecter les règles et les horaires, comme dans un véritable travail. Ils ressentent de la fierté de mener un projet à terme et prennent de l'assurance. Des ponts se mettent en place entre la conception d'un projet et la pratique. Les matières comme les maths prennent alors du sens. C'est très motivant pour tous », assurent les interlocuteurs rencontrés pour ce dossier. Par ailleurs, toutes les réalisations ouvertes ensuite au public - d'autant plus si elles sont pérennes - deviennent des outils de valorisation des apprenants et des écoles.

Un sérieux challenge pour les enseignants

Beaucoup de chantiers ne sont pas ringards, bien au contraire. Ils peuvent servir de terrain d'expérimentation à de nouvelles techniques professionnelles et pour des modalités pédagogiques. Par exemple, en paysage, ils concernent de plus en plus des pratiques différenciées, durables, favorables à la biodiversité et à l'environnement, reflétant l'évolution récente mais rapide des pratiques du métier de jardinier orientées par les préoccupations et la prise en compte des mesures environnementales, relayées par les Grenelles dédiés, les lois européennes...

Mais surtout, rien ne vaut l'échange et la confrontation pour réussir le transfert des savoirs (faire et être), et même les synergies associant professionnels et enseignants-formateurs (souvent de plusieurs options, et de plusieurs promotions ensemble dans le même projet).

Former autrement : le challenge devient sérieux pour les professeurs. Ces projets complets obligent à travailler en collectif et en concertation, en pluridisciplinarité (technique, organisation, gestion, juridique, communication...), avec des classes et des âges mélangés. Tous vivant le même projet, chacun selon sa maturité. Les évaluations varient, entre autres, en fonction des attentes du référentiel de l'année et de l'option.

Treize écoles dans une communication globale

Reste un manque cruel de communication, et des efforts pour plus de visibilité, en particulier pour les filières de la production (voir Parole de pro). C'est inscrit dans les réformes des diplômes, même en CAP. Mais il faut du temps pour que les habitudes changent. Ce dossier illustre des chantiers-écoles à Saint-Germain-en-Laye (78), Le Breuil (75012) et Écully-Dardilly (69), présentés lors d'une conférence-débat à l'occasion de Jardins, Jardin, à Paris en juin 2016. Saint-Germain-en-Laye (p. 14) avec de l'élagage hors normes, délicat et professionnel. L'École Du Breuil (p. 16) avec des réalisations multiples au fil de l'année et du cursus. Écully-Dardilly (p. 19) et son partenariat avec un fournisseur pour optimiser l'ergonomie et l'efficacité d'outils. Ainsi que d'autres chantiers-écoles (p. 18) qui montrent une palette de situations et de secteurs.

Pour la première édition du concours de blogs « Apprendre, avec les pros ! » (p. 4), à suivre entre mi-janvier et mi-avril 2017 (*), treize écoles (soit quinze équipes) vont tenter de prouver qu'elles peuvent communiquer sur la durée.

Que ce dossier et notre concours invitent à ouvrir les yeux. Et incitent les professionnels, les collectivités, les fournisseurs à accepter plus volontiers des chantiers-écoles avec les centres de formation proches. Et que chacun fasse mieux savoir que des jeunes se mobilisent...

Odile Maillard

(*) Dans le Lien horticole, sur www.concours-lienhorticole.com, sur twitter (@lien_horticole #Apprendreaveclespros) et sur www.facebook.com/lienhorticole/

Quarante-cinq étudiants en BTS « gestion de la nature » et bac pro « gestion des milieux naturels et de la faune » des lycées de Sées (61) et de la Lande de la rencontre, à Saint-Aubin-du-Cormier (35), ont contribué à l'aménagement du chantier de la ligne à grande vitesse LGV Bretagne - Pays de la Loire.

PHOTO : UPGE

Un élagueur du CFPPAH de Saint-Germain-en-Laye (78) a mis en place avec précaution le système d'ancrage aux poutres dans la grande serre des forêts tropicales au Muséum d'histoire naturelle, à Paris.

PHOTO : C. AMBIEHL

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