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Quels sols urbains pour bâtir la ville verte ?

De plus en plus, les décideurs publics et les aménageurs se heurtent à la raréfaction de la terre dite « végétale », à la question de la qualité du sol en place, en fonction des usages prévus. Il est parfois nécessaire d'envisager de reconstituer un sol qui puisse ensuite supporter et nourrir des végétaux.PHOTO : CÉCILE CLAVEIROLE

Végétaliser la ville ne peut se concevoir sans un support de culture adéquat. Même s'il est de plus en plus question de hors-sol ou d'hydroponie, rien ne vaut, du moins pour les arbres, un sol fertile. Une ressource de plus en plus rare en milieu urbain où bitume et béton menacent la moindre parcelle laissée nue.

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Le sol est constitué du volume qui se trouve sous nos pieds. On ne peut pas le limiter à une surface plane. Le sol se considère en trois dimensions, voire en quatre, si on ajoute sa valeur agronomique. Pourquoi est-il si important ? Parce que de lui vient toute vie. Sans un sol vivant, les plantes ne pourraient assumer la photosynthèse et fabriquer la matière carbonée à la base de l'alimentation des animaux et des êtres humains. Cette base biologique est bien souvent ignorée aujourd'hui et le sol n'est pas considéré à sa juste valeur. Pour Jean-Pierre Rossignol, agropédologue, les sols constituent la trame brune indispensable à la trame verte et en lien fort avec la trame bleue.Les sols urbains sont constitués de l'ensemble des surfaces et des volumes sur lesquels sont bâtis les villes, villages, y compris les infrastructures de transports. Cette notion recouvre donc les espaces entièrement bétonnés ou bitumés, les espaces verts, les sols reconstitués. Ces sols supportent une forte concentration de population : 80 % de la population en Europe et 50 % dans les pays du Sud vivent dans les espaces urbanisés. On estime à 70 % au niveau mondial la proportion d'humains qui vivront dans les villes en 2050.

L'action de l'Homme sur les sols : anthroposols et artificialisation

Les villes se sont historiquement installées dans les zones fertiles. Actuellement, le taux d'artificialisation est plus élevé que la croissance démographique. Les sols urbains peuvent aussi être définis par opposition : ils ne sont ni à usage agricole, ni à usage forestier. Ils sont supports d'infrastructures, supports d'espaces verts et de réseaux enterrés. En France, ils représentent 10 % du territoire et augmentent de 1,6 % par an, en superficie. Les sols urbains sont des sols anthropiques, ou anthropisés. Toutefois, selon certains chercheurs, tous les sols le sont, puisqu'ils ont tous subi une action quelconque des êtres humains, certains depuis des millénaires ou des siècles, comme par exemple l'accumulation de matériaux anthropiques depuis le Moyen Âge, sur parfois plus de dix mètres de profondeur. Les anthroposols sont donc des sols complètement transformés, artificiels, reconstitués, construits, voire archéologiques. Les sols artificialisés, aussi appelés « scellés », qui supportent les voies de transports et les constructions, ont des propriétés bien particulières. Ils sont composés d'éléments grossiers, compacts, denses, ils sont impropres au développement racinaire, présentent une faible macroporosité, une faible teneur en matières organiques et en éléments nutritifs.

« La pression démographique et l'efficacité énergétique constituent les deux raisons principales de la modification de la géographie de nos villes actuelles », souligne Fabienne Trolard, directrice de recherche à l'Inra à Avignon (84). « Et cette évolution a un impact global sur les sols, sur l'air et sur les cycles de l'eau et du carbone, avec pour conséquence un effet global sur le climat, sur les ressources naturelles et sur la sécurité alimentaire. »

Des terres fertiles à préserver aux sols construits à partir de déchets

Dans une acception commune, le sol est présent et nous le prenons tel qu'il est. Cependant, de plus en plus, les décideurs publics et les aménageurs se heurtent à la raréfaction de la terre dite végétale, à la question de la qualité du sol en place, en fonction des usages prévus. Il est parfois nécessaire d'envisager de reconstituer un sol qui puisse ensuite supporter et nourrir des végétaux. La direction de l'économie circulaire et des déchets de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) s'est donc intéressée à ce sujet, par le biais de la problématique de la préservation des ressources non renouvelables, comme la terre végétale et le sol de manière plus générale. La préservation des ressources se trouve au coeur de l'économie circulaire, car nous avons à présent le plus grand besoin de les économiser. C'est un objectif national, un pilier du développement durable. Dans ce cadre, la valorisation de tous les biodéchets peut répondre au besoin en matériaux pour les aménagements urbains. Pour l'Ademe, ce programme est au coeur d'autres enjeux, comme la préservation des sols, ressource qui se raréfie autour des villes. En effet, la possibilité de construire des sols ne se substitue pas à l'utilisation de terres végétales, mais intervient quand celles-ci ne sont pas disponibles.

Cécile Claveirole

Sous la pression démographique, les villes s'étendent. Cette évolution a un impact global sur les sols, sur l'air et sur les cycles de l'eau et du carbone, avec pour conséquence un effet global sur le climat, sur les ressources naturelles et sur la sécurité alimentaire.

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