« FA SI LA jardiner » ? À Nantes, telle sera la question

Comment aborder la question du jardin facile ? Le sujet est vaste. La première facette du cube semble être : le jardin est-il une activité facile ou pas ? Vient rapidement une seconde facette : faut-il ou pas rendre le jardin facile ? Car que reste-t-il au professionnel si l'amateur peut tout faire sans lui ? Puis viennent une profusion de pistes : le jardin facile est-il le même pour tout le monde ? Au fond qu'est-ce que la facilité ? Se situe-t-elle sur un plan purement technique ? Le sujet est-il nouveau ? Le jardin imaginé par le paysagiste Gilles Clément, visant à « faire le plus possible avec, le moins possible contre », est-il facile pour l'amateur ? Ou peut-il vite se muer en simple friche, qui serait le stade ultime de la facilité, qui n'est d'ailleurs pas exempte de qualités en particulier vis-à-vis de la biodiversité ? On peut facilement trouver d'autres idées, le sujet pourrait nous occuper sur plusieurs numéros !

Sur Internet, le jardin facile, c'est avant tout le pro qui parle à l'amateur

Pour notre part, nous avons proposé aux nombreux professionnels qui participeront à des conférences sur ce thème pendant le Salon du végétal de nous donner leur avis sur le sujet. Onze d'entre eux ont joué le jeu, leur point de vue émaille ce premier dossier consacré à cette manifestation (les « Parole de pro » sont à chaque fois suivi du rappel des conférences qu'ils assureront à Nantes - 44). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que leurs idées sont aussi diversifiées que leurs profils et métiers, pour le plus grand intérêt de la filière. Cette diversité promet des conférences riches et constructives. Nous avons aussi recherché sur des moteurs de recherche sur Internet ce que pouvait donner le sujet du jardin facile, et force est de reconnaître que la notion émane avant tout des professionnels du jardin eux-mêmes. On trouve immédiatement des sites visant à faciliter la vie du jardinier ou la promotion de livres sur le sujet, bien avant les forums où des particuliers prennent la parole. Les conseils donnés par les pros aux jardiniers tournent autour des potagers en carrés, de l'usage des couvre-sol, des paillages, etc. Assez classique, au fond. Quant aux messages de mauvaise humeur des clients sur les sites ad hoc vis-à-vis des enseignes de jardineries, ils portent plus sur des problèmes de remboursements de marchandise que sur les végétaux eux-mêmes...

Le jour où les « millennials » jardineront, les aînés auront moins de savoir-faire

Quoi qu'il en soit, poser la question du jardin facile est incontournable. Parce que nous sommes à une époque où tout est fait pour accélérer le temps. Achat express sans sortir de chez soi via son smartphone et livraison express à la clé. Voyages toujours plus rapides et plus lointains dans des avions plus accessibles que jamais. Communication immédiate avec l'ensemble de la planète, etc. Les générations qui arrivent en âge de consommer sont nées dans la satisfaction immédiate de leurs souhaits. Qui se confronte mal avec la notion de temps long, de respect du cycle de vie et de saison du vivant, du végétal ? Peut-être. Il ne faut cependant pas oublier que les quinquagénaires qui, aujourd'hui fréquentent les jardineries et que lorgnent avec gourmandise les gestionnaires d'enseignes et de points de vente, ont en leur temps été les enfants pressés d'une génération ayant vécu plus lentement son quotidien. C'est même avec cette génération qu'est né le concept de marché du jardin. Reste qu'elle a pu, lorsqu'elle s'est posée et a possédé un jardin, bénéficier de conseils d'ascendants proches capables de leur expliquer les règles de base du jardinage réussi. Il n'en sera pas forcément de même avec les fameux « millennials », nés à partir de 1980, en ville, loin de la nature, de parents souvent urbains. Il faudra leur apporter des solutions techniques plus mûres, plus abouties, pour leur permettre de reprendre confiance en eux.

Un thème décliné sur l'ensemble du Salon, et qui va marquer les prochains mois

Ces réflexions vont forcément être très présentes dans les allées du parc des expositions de Nantes, entre le 20 et le 22 juin. Elles ont émaillé le choix des nouveautés que les exposants présenteront sur le Salon du végétal et au concours Innovert®, que nous commençons à présenter dans ce numéro, page 20 (*). Le thème du « végétal facile » a également guidé les designers qui ont travaillé sur l'Espace inspiration cette année (page 16). Nous avons approfondi la réflexion sur plusieurs pistes dans ce numéro (page suivante). Ce sujet restera toutefois d'actualité dans la période d'après-salon, évidemment, ainsi qu'au cours des prochains mois. Parce que la thématique d'un rendez-vous professionnel a vocation à lui donner de la cohérence,mais aussi à s'ancrer dans le temps...

Pascal Fayolle

(*) Les innovations commerciales sont présentées dans ce numéro 1018 sous l'intitulé Initiatives commerciales végétales. Les Nouveautés végétales et les autres rubriques (Production (technique), Distribution fleuristerie et Espaces verts), créées cette année en raison de l'évolution du Salon, le seront dans notre prochaine édition.