Santé du végétal Les points de vigilance de novembre

Notre expert en protection des plantes, Éric Chapin, synthétise, pour ce début de mois, quelques observations sur l'état des plantations et donne des recommandations de surveillance.

Les bioagresseurs sont pour la plupart sous leur forme hivernale ou dans leur abri d'hiver ; tout du moins, ils se préparent à passer la saison froide. C'est le cas de l'adulte d'acarien du tilleul qui ira rejoindre les anfractuosités de l'écorce, le puceron du tilleul qui passera l'hiver sous la forme d'oeuf pondu dans les anfractuosités du tronc, le black-rot du marronnier sous la forme de pycnide dans les feuilles tombées au sol, le tigre du poirier sous les feuilles au sol, la rouille du rosier sous forme de téleutospore sur les feuilles tombées au sol, la mineuse du marronnier sous la forme de chrysalide dans les feuilles tombées au sol, etc. Globalement, les risques sanitaires sont passés. Le ramassage et la destruction des feuilles malades ou infestées permettront de réduire le niveau de la population du printemps suivant. L'impact de cette technique dépend de l'environnement : intéressant dans les situations isolées, mais sans effet lorsque la pression parasitaire de l'environnement direct est très forte.

Pyrale du buis Les températures clémentes de cet automne ont rallongé la période d'activité de la pyrale du buis, ce qui a conduit à l'observation d'une troisième génération dans les zones où l'on n'en observait habituellement que deux. Dans certains secteurs, tous les stades sont observés et avec une très grande disparité d'un site à l'autre. Cela montre l'intérêt de suivre les vols avec des pièges olfactifs pour évaluer le risque sanitaire du jardin et de raisonner les traitements au Btk. Pour conserver l'efficacité du Bt et limiter son impact sur les lépidoptères non-cibles, il est conseillé de rationaliser les traitements en se limitant à un traitement par génération.

Processionnaire du pin Les situations sont très diverses et dépendent complètement des conditions climatiques. Ainsi, on observe les premières processions (nymphose) sur la côte vendéenne qui sont le fait de températures exceptionnellement clémentes qui ont accéléré le cycle de développement des chenilles. Ailleurs, ce sont soit des pré-nids dans les zones de vol tardif, soit des nids d'hiver qui sont observés. On note toutefois que les défoliations induites par les chenilles peuvent être bien avancées dans certaines zones.

Signalement d'un nouveau thrips sur Aloe C'est en septembre 2018 qu'Hercinothrips dimidiatus a été observé pour la première fois en France dans un jardin à Ajaccio (Corse). Ce thrips, originaire d'Afrique du Sud, est observé depuis 2012 sur Aloe arborescens au Portugal et a été détecté dans une serre de production d'Aloe vera au Pays-Bas en octobre 2015. Selon le BSV de Corse, ce ravageur a pu être introduit en Europe par des plants d'Aloe sp. ou d'Haworthia sp. importés d'Afrique du Sud. Les symptômes sont une dépigmentation puis un rougissement des feuilles qui finissent par se dessécher. Les dégâts infligés à l'Aloe arborescens sont importants dans la mesure où une attaque pourrait aboutir au dépérissement des plants. À surveiller !

Légende photo : Dégâts du thrips Hercinothrips dimidiatus sur Aloe. ©Catherine Gigleux-Spitz - FREDON Corse

Eric Chapin