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Aronia : des arbustes d'ornementà baies utilitaires

Les aronias ont des atouts, ornementaux mais aussi culinaires ou encore pharmaceutiques. Ici, Aronia melanocarpa en période de récolte.PHOTO JERÔME JULLIEN

Injustement peu plantés en France, l'aronia à fruits noirs et l'aronia à fruits rouges sont pourtant des arbustes aux multiples atouts, tant sur le plan ornemental, écologique, culinaire que pharmaceutique.

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À l'époque où les consommateurs sont en quête de cultures faciles et de produits du terroir, les aronias devraient répondre à leurs besoins. Ces végétaux à feuilles caduques de la famille des rosacées, proches du sorbier, du poirier et du photinia, présentent un beau feuillage vert foncé en période végétative qui devient rouge intense à l'automne. Leurs fleurs blanches aux anthères roses regroupées en corymbes, très mellifères, évoluent sous forme de baies noires ou rouges selon l'espèce.

Des atouts à valoriser

L'aronia à fruits noirs (Aronia melanocarpa) et l'aronia à fruits rouges (Aronia arbutifolia) sont originaires de l'est de l'Amérique du Nord où ils prospèrent dans des régions humides jusqu'à 1 700 m d'altitude. Ils ont été introduits en Europe de l'Est, en Asie, en Scandinavie, en Russie et en Pologne au début du XXe siècle. Des vergers professionnels ont été implantés au Québec au début des années 2000. En France, leur culture est surtout réservée aux jardins d'amateurs, mais reste assez marginale malgré les nombreux atouts qu'offrent ces végétaux, en particulier leur rusticité, leur intérêt pour les oiseaux frugivores ou les personnes qui souhaitent récolter les baies pour les valoriser en préparations culinaires ou pharmaceutiques.

Parfaits en haies fruitières

Les aronias sont très appréciés en Pologne et en Russie, car ils résistent jusqu'à - 20 °C et au-delà. En culture, ils commencent à fructifier vers la troisième année et donnent une production maximale entre cinq et sept ans, qui est alors de 8 à 10 kg par pied. Les rendements à l'hectare avoisinent les 15 à 20 tonnes. Leurs fruits mûrissent fin août-début septembre. On les cueille à la main ou mécaniquement. Peu juteux, astringents car riches en tanin, au goût amer, ces baies sont d'une grande valeur nutritive : forte teneur en vitamine C, en polyphénols, en flavonoïdes et en anthocyanes aux propriétés antioxydantes. L'aronia rouge est d'ordinaire plus sucré que l'aronia noir. On transforme les fruits en jus (pur ou en mélange avec du jus de pomme ou de raisin), en compotes, en confitures ou en gelées, mais ces petits fruits permettent aussi de produire par macération alcoolique une excellente liqueur digestive à saveur astringente, et du vinaigre fin. Ils peuvent être aussi introduits dans des purées ou des sauces. Les baies d'aronia supportent bien la congélation. Lorsqu'elles sont séchées, on les utilise en tisane, comme colorant alimentaire, de même que dans l'industrie pharmaceutique. Les fruits déshydratés sont très recherchés en phytothérapie pour leurs propriétés pharmacodynamiques. Un extrait d'aronia sous forme de poudre peut être valorisé à des fins nutraceutiques.

Quelques exigences,mais peu d'entretien

En France, les aronias sont surtout plantés en isolé pour leur port arrondi, leur floraison et/ou leur couleur automnale. Ils mériteraient d'être davantage cultivés en haie fruitière de moyenne vigueur (2 à 2,5 m de haut), voire en vergers de production. Ces végétaux de plein soleil ou de mi-ombre apprécient les sols humifères à tendance acide (pH 5 à 6,5), amendés en matières organiques avant la plantation. Ils supportent cependant les terrains assez pauvres, humides et même tourbeux. En présence de calcaire actif, la carence en fer provoque un jaunissement du limbe foliaire entre les nervures. Il convient donc d'éviter leur plantation en sols alcalins à pH > 7. Veiller également à ne pas les installer dans des endroits totalement ombragés qui nuisent à la floraison et la fructification, de même que dans des sols superficiels et séchants, dans lesquels la fructification est médiocre. Leur système racinaire peu profond, fin et fibreux, exige un terrain frais. Il est préférable de pailler dès la plantation et d'arroser en complément lors des étés chauds et secs, si possible de façon localisée, en particulier les premières années après la plantation. Ces arbustes réclament peu d'entretien. Ils nécessitent une taille de ramification des jeunes plants (plantation n+1), puis une suppression des drageons et d'une partie du vieux bois en fin d'hiver (surtout si la récolte est mécanisée pour favoriser l'émission de jeunes rameaux plus souples). Les seuls risques phytosanitaires sont les pucerons et parfois l'oïdium, peu fréquents et en général sans gravité.

Jérôme Jullien

Une culture marginaleEn France, la culture d'aronia est réservée aux jardins d'amateurs.

PHOTO JEROME JULLIEN

PhytothérapieLes fruits déshydratés sont très recherchés en phytothérapie.

PHOTO PIXABAY

Résultat d'un hybride Aronia x mitschurinii est un hybride tétraploïde vigoureux et productif.

PHOTO TAPPINEN (DR)

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