Popillia japonica : le scarabée japonais menace nos cultures
Le scarabée japonais (Popillia japonica) est un organisme nuisible réglementé, soumis à des mesures de lutte obligatoire. Signalé pour la première fois en Europe continentale en 2014dans le nord de l'Italie, où son éradication est devenue impossible, il représente une sérieuse menace pour de nombreuses cultures en France.
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Le scarabée ou hanneton japonais (Popillia japonica) est un insecte phytophage, tant au stade adulte que larvaire. Il présente un risque grave pour plusieurs plantes des jardins et espaces verts (notamment les gazons), des forêts, des productions horticoles ornementales, des vergers (dont les arbustes à petits fruits), des vignes, des cultures légumières et des grandes cultures (maïs, prairies permanentes). C'est pourquoi ce ravageur est classé comme danger sanitaire de première catégorie dans l'arrêté ministériel du 15 décembre 2014. Il est par ailleurslisté en annexe IAII de la directive 2000/29/CE du 8 mai 2000 modifiée (organisme polyphage présent sur le territoire de l'Union européenne). À ce titre, le scarabée japonais est interdit d'introduction et de circulation sur le territoire de l'Union européenne et fait l'objet d'une lutte obligatoire.
1 PLANTES HÔTES ET SYMPTÔMES. Très polyphage, P. japonica se nourrit de près de trois cents plantes réparties dans soixante-dix-neuf familles botaniques, dont des adventices. Des dégâts économiques ont été enregistrés sur plus de cent espèces cultivées. Parmi les plantes hôtes, citons les genres Acer, Aesculus, Betula, Castanea, Juglans, Malus, Platanus, Populus, Prunus, Rosa, Rubus,Salix, Tilia, Ulmus, Vitis.
Aux États-Unis et au Canada, le hanneton japonais est un important ravageur des cultures fruitières au stade adulte et des gazons au stade larvaire. Les imagos se nourrissent des tissus foliaires entre les nervures, leur donnant l'apparence d'une dentelle. Les larves se nourrissent aussi des racines de nombreux légumes et plantes ornementales, sans symptôme spécifique. Au Japon, la gamme d'hôtes semble être plus restreinte qu'enAmérique du Nord.
2 PROGRESSION TERRITORIALE. Originaire du nord du Japon et de l'extrême orient de la Russie (uniquement des îles Kouriles), P. japonica a d'abord été découvert aux États-Unis, dans le New Jersey, en 1916. Il est probablement entré au stade larvaire avec des bulbes d'iris. Ce ravageur réglementé de quarantaine a été trouvé sur l'île Terceira, aux Açores, au Portugal dans les années 1980. Sa capacité d'adaptation à de nouveaux biotopes et sa dynamique de populationont favorisé son établissement sur cette île et, par la suite, sur trois autres îles açoriennes. Le scarabée japonais a été signalé pour la première fois en Europe continentale en 2014, dans les régions de Lombardie et du Piémont, en Italie.
3 SITUATION EN ITALIE. L'éradication de P. japonica en Italie est devenue aujourd'hui impossible. À la suite de l'audit mené en septembre 2016 pour évaluer la situation et les mesures prises par les autorités italiennes, la Commission européenne a conclu que la stratégie d'enrayement mise en place par l'Italie, qui vise à limiter la dissémination naturelle du scarabée japonais en diminuant l'importance des populations, ne permettrait pas de contenir l'organisme nuisible. Par ailleurs, des lacunes ont été identifiées dans la mise en oeuvre de la réglementation visant le contrôle des mouvements de végétaux en dehors de la zone déli-mitée. Les autoritésitaliennes ont répon-du aux recommandations de la Commission concernant la mise en oeuvre demesures d'éradica-tion dans les zonestampon et le contrô-le des mouvements de végétaux à partir des zones délimitées. Cependant, la situation de ce pays reste inquiétante, de même que pour la France limitrophe.
4 RECONNAÎTRE LE SCARABÉE JA- PONAIS. Au stade adulte, l'insecte mesure environ 10 mm de long et 6 mm de large. Ses élytres sont brun cuivré, son thorax et sa tête sont vert métallique, son abdomen est frangé au pourtour de dix touffes de soies blanc doré et présente deux touffes sur la face dorsale du dernier segment. Au niveau deses pattes bien dé-veloppées, les on-gles des tarses postérieurs sont inégaux. Sur chacune de ses antennes, la massue de l'extrémité est formée de trois feuillets mobiles.
La larve du scarabée japonais est typique d'un ver blanc de hanneton, blanche, arquée, avec une tête brune, trois pattes développées et un abdomen à l'extrémité dilatée. Cependant, on peut la confondre avec d'autres insectes de la famille des Scarabéidés (anciennement Rutelidés) et de la sous-famille des Rutelinés, notamment avec le phylloperthe horticole (Phyllopertha horticola), mais aussi Anomala dubia ou Mimela junii. Pour distinguer la larve du scarabée japonais de ces espèces, on doit scruter le dernier segment abdominal et vérifier s'il possède une rangée d'épines sur la face ventraledisposée en forme de V.
5 ÉLÉMENTS DE BIOLOGIE. P. japonica hiverne dans le sol au stade larvaire. Au printemps, les larves rongent des racines, puis se nymphosent. Les adultes émergent entre fin mai et début juillet, consomment le feuillage d'une vaste gamme de plantes et s'accouplent. Les femelles pondent dans le sol. Les larves nouvellement écloses se nourrissent de petites racines. À l'automne, elles s'enfouissent plus profondément dans le sol et cessent de s'alimenter. D'ordinaire, on compte une seule génération par an.
6 VIGILANCE ET SIGNALEMENT. P. japonica n'a jamais été signalé à ce jour en France. Toutefois, son introduction récente en Italie appelle à la plus grande vigilance. Une sensibilisation des professionnels des filières végétales concernées, mais également des jardiniers amateurs, est nécessaire. Les scarabées japonais adultes peuvent être facilement détectés à l'oeil nu et capturés à la main. En cas de suspicion de détection, il est important de prendre, le plus vite possible, contact avec la Draaf-Sral ou la Fredon de votre région. n
Jérôme Jullien
Trois espèces de vers blancs. De gauche à droite : scarabée japonais Popillia japonica, Rhizotrogus majalis et Phyllophaga sp. PHOTO : USDA - BUGWOOD.ORG
Très polyphage,P. japonica se nourrit de près de trois cents plantes. PHOTO :CLEMSON UNIVERSITY - USDA COOPERATIVE EXTENSION SLIDE SERIES, BUGWOOD.ORG
Larve de Popillia japonica. PHOTO :DAVID CAPPAERT,MICHIGAN STATE UNIVERSITY, BUGWOOD.ORG
Dégâts de Popillia japonica adultes. PHOTO : RONALD S. KELLEY, VERMONTDEPARTMENT OF FORESTS, PARKS AND RECREATION - USDA - BUGWOOD.ORG
Gazon infestépar des larvesde scarabéesjaponais, que des mammifères déterrent pour manger. PHOTO : M.G. KLEIN, USDA
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