Fiche expert Éviter les pannes de sa station de fertilisation

L'immobilisation de la station de fertilisation pour panne peut avoir des conséquences assez désastreuses pour certaines productions, notamment celles sur substrat à très faible capacité d'échange de minéraux, en hydroponie ou en aéroponie. Au-delà du bon développement de la culture, l'état de l'équipement de fertirrigation peut engendrer des impacts environnementaux par augmentation des effluents rejetés. De même, les surdosages ou fuites sont autant de dépenses inutiles. Nous abordons ici uniquement les stations équipées de capteurs et de régulateurs électroniques permettant de préparer la solution d'arrosage en définissant des consignes d'EC (électroconductivité) et de pH. Il existe deux grands groupes de stations, avec bac de mélange ou à injection directe. Dans les deux cas, l'injection de matières fertilisantes peut être réalisée par des pompes doseuses électriques ou par des venturis.

Un environnement propre et sec

Le local dans lequel se situe la station doit être correctement entretenu et nettoyé. Veiller à ce qu'il protège bien des intempéries et qu'il n'y ait aucune fuite d'eau. Les matières fertilisantes solubles se dégradent rapidement au contact de l'eau provoquant pollution et risques importants de corrosion. De même, si des sacs sont crevés ou des engrais déversés sur le sol ou les équipements, un nettoyage scrupuleux doit être réalisé au plus vite.

Vidanger régulièrement les bacs de solution-mère d'engrais solubles pour éliminer les dépôts qui peuvent s'accumuler au fond. Les fonds de cuve peuvent généralement être utilisés après filtration.

Pour les cuves équipées d'un agitateur, s'assurer qu'il est correctement fixé et ne présente pas de signes de corrosion.

La station doit être vidangée pendant les périodes de risques de gel ou le local doit être équipé d'un système de chauffage pour le maintenir hors-gel.

Des composants hydrauliques en bon état

Pour les stations équipées de vannes de dosage, vérifier l'absence d'écoulement en position fermée, ainsi que la qualité des mouvements d'ouverture et de fermeture. Si possible, contrôler les débits de chaque injecteur, les régler en utilisant les vannes de réglage. Remplacer les pièces éventuellement défaillantes (venturis, pompes électriques...). Dans le cas de pompes doseuses à injection directe, remplacer les clapets, joints, membranes voire cannes d'injection lorsque des dérives ou des défauts sont constatés, et respecter les recommandations de maintenance préventive du fabricant. Pour les stations avec bac de mélange, contrôler la vanne de remplissage et remplacer les éléments défectueux. Quel que soit le type d'équipement, remplacer toute pièce oxydée ou corrodée (colliers de serrage, supports...) et rechercher les causes pour les éliminer.

Des capteurs précis et fiables

Quand la préparation de la solution d'arrosage est basée sur une consigne de conductivité et/ou de pH, l'impact des capteurs est déterminant. Les sondes doivent être contrôlées tous les mois avecun appareil portatif et réétalonnées en fonction des écarts relevés. Un étalonnage systématique de la sonde pH tous les deux mois est recommandé. Elle sera remplacée dès qu'il devient impossible de la recaler durablement, généralement au bout d'un à deux ans, sa durée de vie étant variable. Faire un étalonnage au moins sur deux points : généralement pH 7 et pH 4, en respectant la procédure spécifique au type de capteur utilisé. Pour les sondes pH à électrolyte liquide, vérifier l'absence de bulle d'air à l'intérieur du corps et l'absence de dégradation du bulbe de verre. Si une bulle ou une égratignure est observée, la sonde doit être remplacée. Ces capteurs sont fragiles et doivent être manipulés avec précautions. La sonde EC dérive peu, elle peut n'être étalonnée qu'une fois par saison en l'absence de dérive. Sa durée de vie est de plusieurs années.

Il est indispensable de stocker la sonde de pH à l'abri du gel et dans une solution adaptée, proscrire le stockage dans l'eau distillée ou déminéralisée. La sonde EC peut être stockée à l'air libre. Pour le nettoyage, utiliser de l'eau du robinet ou de l'eau déminéralisée, éviter de frotter avec un textile ou du papier, préférer un jet sous pression modérée (robinet ou pissette). Si besoin, faire tremper les sondes dans une solution de nettoyage adaptée.

La station peut être équipée de compteur volumétrique ou de débitmètre. Ces capteurs sont difficiles à contrôler et étalonner, mais ils dérivent peu. Il faut veiller à les protéger contre le gel et les chocs mécaniques. Dans le cas de l'emploi d'un solarimètre, qui permet de moduler les apports d'eau et de fertilisants, ce dernier mérite d'être nettoyé régulièrement avec un textile doux et vérifié avecun appareil de référence. S'il est défaillant, il devra être réétalonné en conditions contrôlées ou remplacé.

Un automate entretenu

Le régulateur électronique, l'automate ou l'ordinateur de fertirrigation qui pilote la station doit aussi faire l'objet d'une vérification régulière : contrôle de la qualité des alimentations électriques, réglage des tensions si nécessaire, remplacement de la batterie de sauvegarde, resserrage des connexions, contrôle des protections des entrées et des télécommandes.Au-delà de ces diverses précautions, une fertirrigation totalement maîtrisée demande aussi de réaliser régulièrement des mesures de conductivité et de pH de la solution d'arrosage au niveau des parcelles, dans le substrat et dans les percolats de drainage si possible.n

Par Jérôme Lachurie, technico-commercial chez Aria (31)