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Quel est votre diagnostic ? C'est la mosaïque virale du rosier due au PNRSV

Décolorations foliaires de rosiersEn début d'été, dans une pépinière du sud de la France, des rosiers cultivés en pleine terre manquent de vigueur. Ils accusent des décolorations foliaires, allant de la chlorose modérée vert clair sur certaines pousses, à des marques jaunes beaucoup plus accentuées sur certaines folioles.

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DÉTECTION

La mosaïque virale en arabesques du rosier provient souvent d'une infection par le virus des taches en anneaux des Prunus (Prunus necrotic ringspot ilarvirus- PNRSV). En Europe, il semble que la plupart des infections soient le fait du PNRSV-type, dont les isolats étaient considérés autrefois comme appartenant au sérotype « cerisier », bien que détectés sur des rosiers dans la quasi-totalité des régions du Monde. Aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande, des chercheurs signalaient par ailleurs la présence d'isolats appartenant à un sérotype « pommier », parmi lesquels figurait le virus américain Rose mosaic virus, identifié par la suite comme le virus de la mosaïque du pommier, Apple mosaic ilarvirus (ApMV). Le PNRSV et l'ApMV sont désormais distincts, tous deux pouvant parasiter le rosier. Les infections dues à l'ApMV sont moins fréquentes que celles causées par PNRSV. Il semblerait qu'ApMV soit davantage responsable de larges plages chlorotiques, crispations et déformations foliaires, alors que PNRSV induirait surtout des mosaïques (les arabesques et taches en anneaux étant imputables aux deux virus). Mais il est difficile d'attribuer des symptômes spécifiques à chacun, d'autant que des isolats intermédiaires ont été trouvés et des infections mixtes ont étérévélées par des analyses en laboratoires.

La « mosaïque du rosier » demeure une appellation générique souvent mal définie, regroupant diverses anomalies du feuillage des rosiers. Lorsque la dégénérescence est liée à un phytovirus ou à un complexe viral, l'agent causal est de très petite taille sans métabolisme propre, constitué par une ou plusieurs molécule(s) d'acide nucléique, protégées par une coque protéique (capside). C'est un parasite intracellulaire obligatoire ; il ne peut se développer que dans des tissus vivants ou, pour une observation en laboratoire, dans un broyat de tissus fraîchement préparé. Cela s'explique par la simplicité de son génome. Les particules virales sont ultramicroscopiques, ne mesurent que quelques millionièmes de millimètre (moins de 200 nanomètres), mais n'en demeurent pas moins contagieuses.

Certains pathologistes font référence depuis les années 1960 au virus de la « mosaïque jaune du rosier ». Il correspond plus à un syndrome particulier lié au PNRSV qu'à une entité virale distincte. L'extériorisation des symptômes dépend à la fois du type de porte-greffe, du cultivar et des conditions environnementales, culturales et climatiques. En plein air, les symptômes les plus intenses apparaissent au printemps ou en automne. Les fleurs ne montrent en général aucune décoloration, mais des altérations (petits boutons floraux, faible nombre de tiges florales, retard de floraison). Les symptômes sont souvent fugaces et masqués en été, saison pendant laquelle les rosiers semblent s'être rétablis. Dans une même plantation, l'intensité des symptômes varie d'une année à l'autre. De plus, ils n'apparaissent jamais sur tout le feuillage, mais se limitent à certains organes, voire à certains étages foliaires, les autres parties restant apparemment saines. De ce fait, la gravité et l'incidence économique des mosaïques virales sont discutables. Ils dépendent du type de virus, des facteurs environnementaux, de l'état physiologique et de la qualité sanitaire (parasites autres que viraux) de la plante hôte. C'est en production de fleurs coupées sous abri que l'impact du PNRSV a pu être mis en évidence de façon significative sur la qualité et le rendement. Certains travaux ont mentionné des difficultés de reprise racinaire (jusqu'à 20 % d'un lot) et des retards de floraison. Il a été aussi mis en évidence des baisses sensibles du taux de réussite du greffage de certaines variétés et des dépérissements.

CONFUSIONS POSSIBLES

La détection précoce des symptômes de mosaïque virale en culture de rosiers est primordiale, car elle permet l'élimination rapide des plantes « douteuses » risquant de propager la maladie par l'intermédiaire des pieds-mères donneurs de boutures ou de greffons pouvant servir de réserve d'inoculum primaire. Mais les manifestations de la mosaïque à PNRSV (l'une des viroses les plus fréquentes) sont difficiles à différencier d'autres anomalies, telles que des carences nutritives, dégénérescences d'origine génétique (albinisme, chimères), accidents climatiques (stress physiologique lié à des amplitudes thermiques importantes entre le jour et la nuit), phytotoxicités, dégâts de phytoplasmes ou d'autres maladies à virus (Tobacco streak ilarvirus - TSV, agent de la bigarrure du tabac sous la forme d'une mosaïque foliaire en plages chlorotiques irrégulières ; Arabis mosaic nepovirus - ArMV, agent de la mosaïque de l'arabette, aux symptômes souvent peu marqués ; Strawberry latent ringspot nepovirus - SLRSV, agent des taches annelées du fraisier, affectant des variétés de rosier de jardin greffés sur R. rugosa et des rosiers cultivés en serre pour la fleur coupée, en formant des petites taches jaunes anguleuses avec nanisme et déformation des feuilles ; Rose rosette disease - RRD, agent de la rosette du rosier, organisme nuisible réglementé affectant exclusivement Rosa multiflora aux États-Unis, responsable d'un rougissement des tiges et des nervures, avec développement anarchique des bourgeons axillaires entraînant la formation de balais de sorcière, provoquant la mort des rosiers en général au bout de 3 ans).Dans les situations confuses, seule une analyse en laboratoire permet de certifier la présence d'un phytovirus, et encore, quand la méthode de détection existe... Il arrive ainsi qu'on ne puisse pas identifier la cause d'une pathologie au faciès viral.

Le principe de précaution, tel qu'il existe pour la certification du matériel de multiplication (vigne, arbres, arbustes fruitiers...), consiste à réaliser des tests de façon systématique, même en l'absence de symptômes (échantillon représentatif de plantes asymptomatiques pour chaque lot cultivé).

TRANSMISSION ET DÉVELOPPEMENT

Une fois introduit dans les cellules, le virus envahit peu à peu le végétal. Lorsqu'une plante est infectée, elle le demeure pour toujours et ne peut être guérie. L'ARN se sépare de sa capside et entame sa multiplication en déviant plus ou moins gravement le métabolisme de la plante hôte à son profit. Après un transfert de cellule à cellule, le virus gagne les zones apicales par les vaisseaux conducteurs de sève, entraînant une diminution de la vigueur et souvent des modifications de l'aspect des organes. Les pousses et les fleurs figurent souvent parmi les plus touchés. Les ilarvirus, tels que le PNRSV, se transmettent mécaniquement, mais avec difficulté. On ne leur connaît pas de vecteur biologique (aleurode, puceron, punaise, thrips ou nématode) comme c'est le cas pour d'autres phytovirus. La contamination de plante à plante et l'infection virale se font par l'intermédiaire de blessures occasionnées lors de la multiplication végétative (bouturage, greffage). En revanche, les opérations culturales menées en cours de végétation, comme la cueillette des fleurs et la taille, semblent peut impliquées dans la transmission du PNRSV. Par ailleurs, la dissémination de ce virus par le pollen n'a pas été clairement démontrée pour le rosier, mais elle est très suspectée, les ilarvirus étant présents dans les étamines. n

Par Jérôme Jullien, expert horticole

Les symptômes observésMotifs en zigzag jaune vifCes lignes jaunâtres plus ou moins larges forment des motifs en zigzag sur le limbe et par endroit des anneaux chlorotiques. Les arabesques sont principalement localisées au pourtour des folioles. Elles se détachent en jaune vif sur les tissus vert du feuillage.

Les symptômes observésAucun insecte piqueurSur la plupart des folioles malades, les rayures jaune à crème sont disposées symétriquement par rapport à la nervure médiane. Une observation attentive avec une loupe de poche permet de confirmer qu'aucun insecte piqueur (puceron, cicadelle, aleurode, cochenille, punaise, thrips...) n'est directement à l'origine des symptômes.

Les symptômes observésMarbrure généraliséeSur certaines feuilles, les anneaux chlorotiques sont diffus, assez généralisés et dessinentune marbrure préjudiciable à la photosynthèse du rosier.

Les symptômes observésBrunissements localisésPlus rarement, des brunissements s'expriment de façon localisée sur certaines folioles. Lorsde printemps frais, il est également possiblede détecter au préalable des nécrosesde bourgeons.

Le coupable Prunus necrotic ringspot ilarvirusLe virus des taches en anneaux des Prunus PNRSV est ici responsable de la mosaïque virale en arabesques du rosier.PHOTO : R.W. FULTON, 1985

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