Journée technique Les couverts enherbés dessinent un nouveau paysage
Le 11 avril dernier, Plante & Cité organisait une journée technique sur le thème « gestion et conception des couverts enherbés ». L’occasion de dévoiler les grandes lignes de l’observatoire des pratiques pour l’optimisation de la tonte et de la fauche mené entre 2016 et 2017.
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À l’ère du zéro phyto dans les espaces verts publics et d’un engagement des collectivités pour réduire leur empreinte environnementale, les pratiques de gestion et de conception des couverts enherbés se doivent d’évoluer. La tendance est à la réduction des gazons tondus et arrosés régulièrement au profit d’autres types de surfaces végétalisées basses, pelouses, prairies naturelles ou fleuries, entretenues de façon plus extensive. Pas toujours simple à concilier avec les attentes des habitants, de plus en plus désireux de s’approprier ces espaces pour leurs activités récréatives. La question est d’autant plus prégnante sous climat méditerranéen, comme l’a souligné Guilhem Hugounenc, directeur du cadre de vie de la ville de Perpignan, qui accueillait le 11 avril dernier la journée technique organisée par Plante & Cité et ses partenaires. Palette végétale tolérante à la sécheresse et esthétique en été, gestion du risque incendie, ressource en eau, y figurent parmi les problématiques majeures.
S’inspirer de la nature
Pour répondre à la nécessité de concevoir de nouvelles formes de couverts enherbés adaptés aux conditions du sud de la France et favorables à la biodiversité, Thierry Dutoit, chercheur en écologie à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie d’Avignon, propose de s’inspirer de la nature. Il s’appuie sur l’étude des pelouses sèches et prairies semi-naturelles méditerranéennes, dont la flore présente une forte richesse spécifique et une importante originalité du fait de la présence d’une multitude de micro-faciès dans ce type de milieu. Y est associée une faune composée d’espèces rares et endémiques (oiseaux, lézards, insectes) et une fourniture de services écosystémiques spécifiques, production de fourrage et lutte contre l’érosion. L’utilisation d’espèces végétales similaires pour l’aménagement de prairies en milieu anthropisé nécessite de respecter quelques « règles d’assemblage » notamment la présence d’une surface minimale de 20 à 40 m2 pour permettre le développement d’une diversité floristique optimale ; une teneur en phosphore du sol inférieure à 5 mg pour 100 g de sol sec, car elle constitue un facteur limitant important pour la biodiversité. À noter que sous fortes contraintes (sol, climat, gestion) les espèces végétales ont tendance à s’entraider, sans contraintes, elles sont plus en compétition. Thierry Dutoit insiste aussi sur la patience : « la richesse spécifique d’un couvert herbacé régulièrement entretenu par le même type d’intervention, augmente avec le temps jusqu’à un palier qui dépend des conditions environnementales dans lequel il se développe. Il faut savoir attendre plusieurs années à plusieurs dizaines d’années pour l’atteindre ! ».
Réduire les tâches gourmandes en main-d’œuvre
Concernant l’évolution des pratiques de gestion, la journée technique a permis à Pauline Laïlle, chargée de mission à Plante & Cité, de dévoiler les grandes lignes des résultats issus de l’observatoire des pratiques pour l’optimisation de la tonte et de la fauche. Ce guide technique, disponible en téléchargement gratuit depuis la plateforme Internet de Plante & Cité, permet d’aborder les itinéraires techniques d’entretien des pelouses, prairies et terrains de sport, avec une analyse des matériels utilisés et des temps de travaux. L’étude permet aussi de s’interroger sur les moyens de rationaliser ces derniers et de réduire des tâches très consommatrices, comme les opérations de découpes de bordures ou des entourages d’arbres. L’observatoire s’appuie sur les données de 45 contributeurs (collectivités territoriales, entreprises du paysage, un bailleur social et un centre de formation) collectées sur 219 sites différents. Les résultats sont présentés sous formes de fiches synthétiques.
Yaël HaddadPour en savoir plus :
Laïlle P., Cheval H., 2019. « Optimisation de la tonte et de la fauche. Résultats de l’observatoire des pratiques : Itinéraires techniques, Temps de travaux » Plante & Cité, Angers, 28 p.
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