Ils allient l’approche commerciale et le festif !

L

a première équipe, celle du CNPH-Piverdière de La Ménitré (49) est constituée de personnes en projet de création ou de reprise d’exploitation horticole. Leur chantier a été appréhendé dans cet esprit : comment s’y prendre pour répondre à la demande d’un client ? Le groupe de futurs installés est allé choisir, avec ses partenaires, des variétés et cultivars de courges. Il a fallu mettre en production, donc gérer un planning en prévision de deux événements festifs dédiés à la promotion des cucurbitacées… des plantes en vogue et dont l’extrême diversité mérite d’être mieux (re)connue ⁽¹⁾. Sans les impératifs du concours, « ils n’auraient pas autant rencontré et échangé avec leurs partenaires professionnels », a témoigné le responsable communication du CNPH.

La seconde équipe, de Marmilhat (63), a mis en pratique ses cours via le chantier et la participation au concours. Les apprenants se sont concertés et ont partagé le travail entre la classe des techniciens vente et celle des élèves en production horticole, une initiative suffisamment rare pour la souligner. Dans leur blog, à tour de rôle, ils témoignent sur les « ficelles du métier » qu’ils ont apprises : la communication, la décoration végétale et florale d’un magasin, la réalisation d’affiches (pour le concours et pour une animation) et de flyers, l’organisation d’une tombola…

« Nous rencontrerons les mêmes problématiques dans nos entreprises  »

L’équipe du blog « À vos courges… prêts, plantez ! » du CNPH-Piverdière se compose de 21 adultes en formation BPREA (brevet professionnel responsable d’exploitation agricole), la majorité en formation continue et quatre qui suivent par apprentissage sur deux ans. Tous se sont vraiment investis dans leur chantier avec le prieuré de Saint-Rémy-La-Varenne (49), près de Brissac. Un champ de 2 ha en production biologique y est réservé à plus de 6 000 pieds de courges (plus de 110 variétés et cultivars) gérés par une association de bénévoles depuis vingt-neuf ans. Les apprenants du CNPH-Piverdière ont eu à mettre en place les productions pour un marché nocturne qui se déroulait le 2 août, et en vue des 30^es Hortomnales (jardin et vraie fête familiale d’automne) les 26 et 27 octobre 2019.

Dès le début de son blog, le groupe expliquait bien son partenariat avec les professionnels de l’association et l’enjeu de la mission, en lien avec les projets respectifs d’installation : « Nous maîtrisons peu le sujet. Ce chantier en collaboration avec des professionnels va nous former à un support d’études intéressant. Une rencontre est prévue pour la sélection des semences, exercice que nous devrons réaliser tout au long de notre carrière pour pouvoir répondre aux attentes de nos futurs clients et partenaires. La prise en compte des périodes de récolte, l’originalité visuelle ou gustative ainsi que la rusticité des variétés vont nous pousser à une attention et une réflexion professionnelles. Les deux événements sur lesquels nous apportons un support à l’association nous ouvrent la possibilité de découvrir plusieurs variétés et nous offrent l’opportunité de construire un schéma et une rotation de cultures sur un créneau imposé. C’est un exercice de mise en situation véritable que l’on devra reproduire sur nos futures exploitations. Notre partenaire a une approche biologique de la production : c’est un atout car nous avons un groupe qui est attiré par ce type de cultures […]. Ces problématiques agricoles nous intéressent fortement puisque nous souhaitons les appliquer dans nos futures entreprises à l’issue de cette formation. En outre, la confiance et l’attente que place en nous l’association nous préparent à l’accomplissement et au respect de nos commandes et chantiers à venir. »

Par ailleurs, pour le concours, en partageant leurs expériences individuelles, les membres du groupe ont su réaliser une affiche de qualité, une vidéo vivante, bien documentée et bien séquencée, et un blog complet (voir encadré Pour en savoir plus). Leur implication dans le blog et dans le concours est d’autant plus méritoire qu’ils ont assuré en même temps leur formation et leur projet personnel de reconversion.

« Nous avons tout fait pour aider Benoît à se faire connaître ! »

Mission réussie également pour l’équipe « Ça bouge au Bancal ! » de Marmilhat, à Lempdes (63), près de Clermont-Ferrand. Les 22 terminales en bac pro TCVP (technicien conseil vente des produits de jardin) et PH (production horticole) ont assuré à la fois la préparation d’un événement commercial pour dix agriculteurs, une animation, et leur blog pour le concours… Le tout en vrais professionnels qu’ils sont déjà. Leur challenge : se mobiliser pour donner de la visibilité à des producteurs lors de l’ouverture de leur magasin collectif Le Bancal, à Craponne-sur-Arzon (43), le 8 mai dernier. La mission leur a pris beaucoup de temps et d’énergie, en plus de leur examen de fin d’étude.

Ils ont choisi de découvrir l’univers de Benoît Pontivy (Le Jardin du parc) à Tourris-Sauvessanges (63). Ce maraîcher cultive en permaculture. Il leur a expliqué son choix de produire sous le label Nature & Progrès et non sous la certification AB (Agriculture biologique) et dans l’esprit des microfermes. Ils ont découvert la conservation de fruitiers anciens adaptés pour la production à 1 000 m d’altitude, le greffage, l’agroforesterie (culture de légumes sous des fruitiers). Ils ont préparé une interview pour la radio locale… Pour toutes ces tâches, trois enseignantes les ont accompagnés et soutenus : Christine Bicard, professeure en écojardinage (pratiques de culture « plus saines et naturelles »), en horticulture, aide aux TP sur le terrain et rapports de stage ; Marie Sanciaume, professeure en reconnaissance de végétaux et en art floral  et Charlotte Labeaume, enseignante en techniques horticoles avec laquelle les élèves ont aussi évoqué « tout ce qu’il y a dans une jardinerie pour donner des conseils aux client­s », et en reconnaissance de végétaux.

En découvreurs du monde horticole, les apprenants se sont pris au jeu et ont témoigné, au fil du blog, comme de vrais reporters mais en gardant leur humour. Laissons Karine, l’une d’entre eux, résumer et apporter son ressenti sur le chantier et le concours : « […] Durant cette aventure, nous avons eu beaucoup d’idées ! Je pense qu’on a été créatifs. Madeline nous a fait découvrir l’exploitation de son frère, Benoît, qui pratique la permaculture. Au départ, nous avons vécu une journée en Haute-Loire pour découvrir ce nouveau lieu et plein de pratiques intéressantes, puis une autre façon de voir la culture des légumes et fruits. Il y a une vraie histoire de famille car ces terrains appartenaient à Nénesse, le grand-père.

Nous avons tout fait pour donner le meilleur de nous-mêmes et partager des moments forts. Nous avons travaillé tous ensemble en faisant preuve de plus de maturité pour ce projet-là, car nous avons eu envie d’aider Benoît à se faire connaître. Et aussi de gagner le concours ! Tous les articles ont touché la famille de Madeline ; c’est un bel hommage, et aussi un plaisir d’écrire des articles qui permettent de comprendre l’évolution des parcelles. J’ai appris que la permaculture était une solution économique pour une bonne qualité de légumes. J’ai aussi compris l’importance de communiquer, de partager ses expériences. Cela a permis à notre classe d’avoir une bonne entente et une bonne écoute durant nos séances consacrées à ce projet ; j’ai beaucoup aimé tout ce qui a été fait durant les séances car c’était un moyen de faire collaborer toute la classe. »

(1) Des insolites, des ornementales (non comestibles), des gustatives, des souches non modifiées, bio et non traitées… ainsi que des cultivars utilisés en Amérique du Sud (thème du festival 2019).