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Nantes Devant la gare, le Jardin des plantes s’échappe dans la ville

Le projet de réaménagement du parvis nord de la gare de Nantes, piloté par l’agence Phytolab, s’appuie sur une palette végétale originale en lien étroit avec le Jardin des plantes, parc emblématique de la ville.

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En parallèle de la métamorphose de la gare de Nantes, conduite par l’architecte Rudy Ricciotti, les espaces publics situés à la sortie nord ont fait l’objet d’un vaste projet d’aménagement imaginé par l’agence de paysage et d’environnement nantaise Phytolab, offrant 4 000 m2 d’espaces verts de plus dont une soixantaine d’arbres supplémentaires. Il s’inscrit pleinement dans la continuité de la Promenade nantaise –entre­ le Jardin des plantes et le château des Ducs de Bretagne – dont l’ambition est de permettre aux visiteurs comme aux habitants d’accéder au cœur de ville au travers d’un maillage végétal favorisant les mobilités douces et la résilience urbaine. Au-delà, il s’insère dans l’une des branches de L’Étoile verte des vallées nantaises, un programme confié à Gilles Clément, qui connectera les grands espaces verts de la ville par un réseau de 42 kilomètres de promenades urbaines le long de la Loire et de ses affluents.

Le parti pris des concepteurs a été de s’appuyer sur l’un des joyaux de la ville, le Jardin des plantes, dont l’entrée principale est située juste en face de la gare. Considéré comme un site touristique incontournable au même titre que les Machines de l’île, il attire près de 2,2 millions de visiteurs par an et accueille de nombreuses animations culturelles et pédagogiques tout au long de l’année. « Notre ambition était de donner aux visiteurs le sentiment que le Jardin des plantes s’échappait hors de son enceinte. Pour ce faire, nous avons installé sur le parvis de la gare des “éclats botaniques”, des massifs offrant une véritable collection de végétaux rares ou peu communs. Sur cet espace public qui draine chaque jour des milliers de voyageurs, la présence végétale se renforce tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif, en s’inscrivant dans l’histoire voyageuse de Nantes », explique Loïc Mareschal, fondateur de l’agence Phytolab. La palette végétale a été constituée dans le cadre d’un long processus de réflexion associant la maîtrise d’œuvre, le service des espaces verts et de l’environnement de Nantes et le Jardin des plantes.

« Des espèces rares dans des massifs accessibles au plus grand nombre »

« Tout en proposant des espèces rares, l’objectif était que l’ambiance générale dégagée par ces massifs reste accessible au plus grand nombre », précise Marion Dervout, de l’équipe Phytolab. De ce fait, parmi des essences connues des seuls experts en botanique, d’autres végétaux identitaires donnent le ton. Si l’on prend l’exemple de « l’éclat austral », on y trouve deux grands eucalyptus, que beaucoup de personnes peuvent reconnaître et associer à l’Australie, mais aussi un Acacia melanoxylon plus rare. Les grands sujets ont fait l’objet d’un marquage en pépinière chez Val d’Erdre – cotraitant pour la partie végétale – ainsi que chez d’autres producteurs (Dauguet, pépinières de La Roselière, Innocenti & Mangoni et Lappen). Les plantations ont été réalisées dans des substrats adaptés au contexte, fournis par l’entreprise Florentaise, avec des profondeurs variant de 1 mètre pour les éclats botaniques à 50 cm pour les massifs d’arbustes et de vivaces, des fosses de 24 m3 pour les arbres hors massifs – le long de la plateforme de tramway notamment – et de 4 m3 pour les arbustes isolés.

La transformation des abords de la gare concerne également la station de tramway de la ligne 1 « Gare nord-Jardin des plantes » ainsi que la suivante en direction du centre-ville « Duchesse Anne-Château ». Les abris voyageurs ont pris la forme de corolles de lotus à la gare et de canopée au niveau du château et plus de 1700 m2 de la plateforme ont été engazonnés. Elle englobe aussi la rénovation et la végétalisation du parking silo situé non loin de la gare. Après un sablage de la façade de béton, noircie et taguée au fil des années, le bâtiment a été végétalisé par un système imaginé par Phytolab avec des câbles en Inox sur lesquels des plantes grimpantes (glycines, hortensias, akébies) vont s’installer. « L’intention est de créer une image assez végétale, un peu à la manière d’un château fort émergeant de la végétation, pour révéler ce bâtiment mal aimé des Nantais », explique Christophe Cozette, paysagiste au sein de l’agence. En complément, les jardinières installées depuis l’origine sur les façades est et ouest du bâtiment vont faire l’objet d’une rénovation et le talus se verra agrémenté de nouveaux arbres.

Le Jardin des plantes ouvre largement ses portes

Pour renforcer le lien étroit entre l’espace public et le Jardin des plantes et donner l’impression que ce dernier se diffuse dans la ville, un travail de requalification de l’entrée principale, baptisée « porte des Magnolias », a été mené en complément de la création des éclats botaniques. La grille d’enceinte a été reculée de quelques mètres pour passer derrière deux imposants Magnolia grandiflora qui donnent ainsi le sentiment d’avoir sauté le mur…

Par ailleurs, l’éclaircissement des bosquets denses présents le long de la grille a permis la création de fenêtres sur l’intérieur du Jardin des plantes. La clôture a entièrement été redessinée dans un esprit résolument contemporain, validé par l’architecte des Bâtiments de France, pour une plus grande transparence. Enfin, la porte a été largement agrandie avec deux ouvertures de 7 mètres d’envergure chacune contre 3, 40 mètres auparavant. Fermée durant la phase de travaux, la porte des Magnolias rouvrira à l’automne 2019.

Dans le secteur sud-ouest du Jardin des plantes, une cinquième entrée – la porte des Cerfs – a été percée dans le mur d’enceinte. Inaugurée en mars 2019, elle permet de relier la future entrée principale de la gare et le jardin par une rue devenue entièrement piétonne et d’offrir un chemin de traverse pour rejoindre le musée des Beaux-Arts et la cathédrale. Le portail s’ouvre sur une allée­ plantée d’espèces emblématiques du territoire : magnolias, fougères, bruyères, andromèdes et digitales. Au bout de celle-ci trône la statue des Cerfs au repos, entièrement restaurée. Cette monumentale sculpture de bronze, 5 mètres de haut par 3,5 mètres de large, réalisée en 1900 par le sculpteur animalier Georges Gardet, avait été endommagée durant la Seconde Guerre mondiale et retirée du jardin. De nouvelles grilles, au design ajouré, viendront progressivement remplacer l’ancien mur de pierre, offrant une ambiance conviviale à la petite place Charles-Le Roux située à ce niveau.

Yaël Haddad

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