Entre son magasin et son flower truck, son cœur balance !
À Montpellier, Lucile Bianco a lancé un flower truck sur le principe du food truck il y a trois ans. Depuis, elle a aussi investi dans un magasin de fleurs, mais sans compromettre l’aventure.
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Lucile Bianco vient d’une famille de fleuristes. Ses parents avaient chacun un magasin, la maman à Montpellier, le papa à Nîmes. Mais ce n’est pas d’eux qu’elle tient son parcours. Ils l’ont même dissuadée de reprendre un jour l’une des affaires familiales ! Ce n’est qu’après des études de comptabilité et après avoir exercé divers métiers considérés comme « alimentaires » qu’elle s’est lancée. Parce que « sa grand-mère, qui adorait les fleurs et a mis au monde deux fleuristes lui en a donné le goût ». On verra que le détail a son importance. Mais elle a choisi, pour se tracer un chemin plutôt original, un flower truck. Un choix stratégique qui ne faisait pas l’unanimité, que ce soit auprès de ses parents ou de ses amis : « si j’avais écouté tout le monde, je ne serai pas là aujourd’hui », précise-t-elle. L’idée lui est venue alors qu’elle coorganisait à un festival local, le Wild Summer. Elle a offert à tous les membres du personnel de ce festival, qui conjugue musique et marché d’artisans, une couronne de fleurs. Nombre de visiteurs ont voulu lui en acheter… C’est à ce moment que l’idée est née : acheter un camion pour y vendre ses couronnes de fleurs, sur des festivals ou ailleurs. Nous sommes en 2016, la mode des food truck bat son plein : « on ne les finance plus », lui disaient les banquiers contactés et qui ne faisaient guère l’effort de distinguer food truck et flower truck… Leurs remarques ne la découragent pas pour autant.
Unique en France
« J’ai commencé à me documenter sur les flower trucks, raconte Lucile Bianco. Mais il n’y avait rien, aucune référence… ». Il lui a donc fallu tout inventer. Tout d’abord, trouver un véhicule. Elle voulait un Combi Volkswagen. Trop cher. Son mari a alors l’idée de se tourner vers une Estafette. Elle en dégote une datant de 1973 auprès d’un collectionneur. Elle est en parfait état et rentre dans son budget. Elle doit donner un nom à son camion : ce sera celui de sa grand-mère, Marguerite, un nom de fleur ! Dès son installation, le quotidien local fait la Une sur son initiative. Les banquiers suivent et l’aventure est partie.
Reste à trouver des emplacements pour vendre ses produits. Quand les espaces intéressants sont privés, il faut trouver un accord avec le propriétaire, ce qui n’est pas toujours simple. Quand ils sont publics, il faut aller voir la mairie, que le dossier passe en commission, un processus long et fastidieux… Elle fait quelques marchés, certains sont porteurs d’autres moins. Un lieu branché un peu excentré de Montpellier émerge, le Marché du Lez. Comme son nom l’indique, il est au bord du fleuve local, le Lez, et en fait de marché, il s’agit d’un lieu de vie en plein développement, avec food trucks installés à demeure, commerces branchés, antiquaire, etc. Elle contacte le propriétaire des lieux pour y poser ses roues régulièrement. Il est d’accord, mais la pousse à prendre boutique sur place…
Cela ne signifie pas la fin du flower truck, mais plutôt le début d’un équilibre qui semble tout à fait convenir à la jeune chef d’entreprise, entre un magasin qui offre une structure plus facile à gérer et un camion qui sort pour des temps forts, comme la Saint-Valentin, la fête des Mères, ainsi que des festivals comme le Wild Summer. Ne vendre qu’à partir d’un camion est plus original que dans un magasin, mais pas forcément simple : la place y est limitée, le camion préparé la veille au soir d’un marché doit être protégé du gel, et l’Estafette offre peu de protection contre les intempéries sur les marchés.
Entre magasin et truck, trouver l’équilibre
Depuis peu, Lucile Bianco alias Marguerite, a embauché une salariée. À deux, elles gèrent le magasin et le flower truck. Seule, il est trop difficile de mener les deux de front, sans compter les levers à 4 h les jeudis pour aller s’approvisionner en marchandise… La gamme proposée par le magasin est composée de fleurs coupées, de préférence locales et de saison. Actuellement, les anémones et renoncules qui arrivent toutes fraîches d’Hyères se vendent très bien, comme le mimosa. S’y ajoutent des plantes en pot, l’aloe vera, le pilea, les grandes euphorbes. « Je vends peu de plantes fleuries », précise-t-elle, constatant que la tendance nous ramène à grands pas vers une gamme proche de celle des années 1980. Qui eut cru à la fin du siècle dernier que les Sansevieria reviendraient à la mode ? Si c’était à refaire ? Lucile ne semble avoir aucun regret. Pour elle, son parcours s’est déroulé sans encombre. Trouver son créneau ? Son emplacement ? Cela a coulé de source. Embaucher une salariée ? Elle s’est présentée d’elle-même. Reste aujourd’hui à trouver un équilibre à long terme entre le magasin et l’Estafette. Considérer comment vieillira le véhicule, qui a, certes, passé récemment et sans anicroches le contrôle technique, mais qui pourrait poser des problèmes d’approvisionnement en pièces en cas de panne. Pour l’instant, tout se passe au mieux et la rencontre entre la proposition commerciale et son public s’est parfaitement réalisée. Dans le monde de la fleur, aujourd’hui, les histoires ne s’écrivent pas toutes ainsi !
Pascal FayollePour accéder à l'ensembles nos offres :