Expérimenter pour « apprendre autrement »
Systèmes de culture innovants, patrimoine végétal, services, robotique appliquée, jardins perchés sur un HLM… d’intenses activités d’expérimentation se déroulent dans les exploitations de lycées horticoles, souvent via des appels à projets européens, nationaux ou régionaux pour trouver des financements. Et toujours en partenariat avec des entreprises et/ou organismes.
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L’expérimentation est plus que jamais au cœur des formations horticoles. Elle est interface et support d’opportunités pédagogiques. Il s’agit de participer à l’évolution des pratiques de productions horticoles, notamment pour accompagner la transition agroécologique de nos filières et « enseigner à produire autrement ». Il s’agit aussi, pour les exploitations dans les écoles, de répondre à l’exigence ministérielle de participer à l’animation de leurs territoires. Elles doivent également prendre appui sur des chantiers, s’adapter aux nouvelles approches sociétales, et favoriser la capacité d’analyse des étudiants dans des situations réelles, ou proches de la réalité. La diversité des actions est plutôt méconnue. Les exemples qui suivent (non exhaustifs), mettent en lumière une multitude de choix possibles, des savoir-faire ancestraux aux méthodes de production innovantes, du patrimoine végétal aux projets les plus futuristes. L’essentiel étant, la plupart du temps, d’apporter aux entreprises de nouvelles références. Et parfois aussi d’accompagner la création de nouvelles formations.
Sauvegarder les patrimoines horticoles
Suite à la tempête de 1999, un « Verger conservatoire » a été créé en juillet 2004 à Roville-aux-Chênes (88). L’exploitation a réagi en faveur du patrimoine végétal horticole régional. Sur 9 000 m², un terrain pédagogique permet aux apprenants de s’initier à l’arboriculture, à l’histoire des fruitiers et à la préservation de variétés anciennes, dont l’abricot « pêche de Nancy », réhabilité en 2009 (cf. http://rovilleverger.webnode.fr/). Depuis quelques années, deux projets phares ont été lancés en lien avec la pépinière : le « Patrimoine horticole lorrain » et les « Roses patriotiques » (cf. www.patrimoine-horticole-lorrain.fr/). Les producteurs régionaux peuvent déjà recommercialiser certains cultivars, et chacun d’entre nous est invité à apporter son soutien, via un appel aux dons (cf. page 50). De leur côté, des BTSA Productions horticoles en 1re et 2e année au CFA horticole du Nord dans la commune de Lomme (59) ont expérimenté des cultures mixtes : 36 pommiers greffés et rustiques (‘Reinette des Flandres’, ‘Reinette des capucins’et ‘Cabarette’), également des petits fruits (framboisiers, cassissiers, groseillers) et de la rhubarbe. Le verger-maraîcher a été retenu dès 2015 dans un appel à projets « Casdar » (cf. encadré). Il a été conçu et réalisé avec des professeurs, des chercheurs/techniciens/professionnels comme Agroof, Gabnor, CRRG… et l’association des planteurs volontaires. L’aventure des BTS en 2017 est rapportée via leur blog sur http://concours-lh-2017-vergerlomme.blogspot.com/
Prestations-services en expérimentation
Au lycée Angers Le Fresne (49), les équipes et en particulier l’exploitation de production, travaillent sur de nombreux projets en lien avec des problématiques professionnelles, souvent en prestation de services. Entre autres : une filière « Végétal local » qui accompagne la mise en œuvre du titre « Technicien du génie écologique » proposé en formation continue ou en contrat de professionnalisation, un atelier et un distillateur pour les plantes médicinales… en appui au BTSA PH dans un module de 40 heures et au certificat de spécialisation CS PPAM par apprentissage. Cet équipement est mis à disposition des professionnels qui veulent valoriser leurs plantes sous forme d’huiles essentielles. Par ailleurs, Biof’Horma, PlacoHB, Ibicus, Enaucs… sont autant de programmes d’expérimentations dans lesquels s’est investie l’exploitation du Fresne avec de multiples partenaires.
Faire accepter une gestion plus écologique
Enseignants coordinateurs au lycée d’Évreux (27), Valérie et Lionel Lardinais se sont mobilisés pour mener un projet d’écoconception paysagère multifonctionnelle en gestion différenciée, et des jardins à thème en travaillant avec 21 classes d’étudiants en horticulture et paysage, 18 formateurs et de multiples partenaires professionnels. L’Atelier technologique horticole (ATH) du lycée, conçu comme un pôle de compétence et d’expérimentation, a servi de base pour les projets ; 500 m2 de jardin ont accueilli les essais d’aménagements et des plantes Végétal local®. Les bonnes pratiques sont diffusées largement, aux autres écoles et aux professionnels (cf. Lien horticole n°1067 du 22 août 2018). Des tiers-temps pour les formateurs ont été financés via le fonds Casdar.
Une formation en aquaponie
En septembre 2018, le lycée horticole de Ribécourt, dans l’Oise, a mis en eau ses premiers poissons fournis par Aquakoi (à Cauffry – 60). Le système de Végéto (à Villeneuve-Saint-Germain — 02), choisi avec la Fédération française d’aquaponie, donne lieu à un module complet d’expérimentation. Trois formes de production d’aquaponie — tables à marées, tours verticales et Deep Water Culture (DWC) — ont pu commencer dès octobre. Les BTS PH planifient les cultures, les tâches étant réparties entre les BTS et les BPA TPH pour produire des légumes feuilles. Ils apprennent leurs métiers respectivement de chef d’équipe, chef de culture et de technicien. Un futur partenariat est souhaité avec un lycée capable de réaliser des analyses plus poussées sur l’eau et les végétaux. En ligne de mire : le projet d’une formation spécialisée.
Robot désherbeur ou jardins perchés high tech
À Saint-Germain-en-Laye (78), en plus de la rénovation de ses serres en 2017, l’exploitation a testé le robot désherbeur Oz, et l’a financé à 70 % dans le cadre d’un appel à projets Ecophyto de l’agence de l’eau de Seine-Normandie. Une douzaine de démonstrations ont permis de modifier les mentalités de maraîchers locaux, milieu souvent frileux vis-à-vis des changements.
L’exploitation du lycée EPL de Tours-Fondettes Agrocampus a été appelée en urgence pour aider à la réalisation d’un site de production en agriculture urbaine. Elle apporte son expertise à la société d’HLM Tours Habitat pour installer des productions alimentaires (champignons en conteneurs et aquaponie sous serres sur toiture), maraîchage et vergers partagés au sol, avec l’objectif de proposer un modèle associant habitat social et agriculture urbaine. Le challenge, c’est le transfert de compétences sur des productions viables pour l’installation d’un mhttps://bit.ly/2V488oGes si nécessaire (Cf. vidéos https://bit.ly/2V488oG et www.tours-habitat.fr/jhabite-mon-jardin/).
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