Login

Le Buis un avenir en pointillé

Comme en témoignent les actualités qui se sont multipliées sur le sujet ces dernières années - conférences, études et même un texte législatif -, la menace phytosanitaire qui pèse sur le buis inquiète. Saura-t-on le protéger envers et contre tout ?Par Valérie Vidril

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Avec plusieurs dizaines d’espèces originaires de tous les continents et nombre de cultivars et variétés, le genre Buxus offre une grande diversité de formes et d’usages (isolé, colonnaire, haie, couvre-sol, topiaire…). Il a connu son apogée au XVIIe siècle avec les jardins à la française dont il est le symbole si caractéristique. Mais son usage ornemental apparaît déjà vers 4 000 ans avant Jésus Christ en Égypte, a introduit Hubert Puzenat, architecte paysagiste, lors du colloque organisé par Végéphyl (ex-AFPP, Association française de la protection des plantes) les 16 et 17 octobre 2018 à Tours. Notre buis commun (Buxus sempervirens), à croissance très lente et aux petites feuilles persistantes, peut vivre plusieurs siècles… et pourtant sa sauvegarde est menacée.

Risques sanitaires du buis

Réputé pour être facile et coriace, le buis n’en est pas moins sensible à différentes maladies cryptogamiques (Puccinia buxi, Thielaviopsis basicola, Pythium sp., Phytophthora sp…) et susceptible d’attirer l’intérêt de plus d’une centaine d’insectes et acariens ravageurs occasionnels (psylle Psylla buxi, cécidomyie Monarthropalpus flavus, cochenilles, lépidoptères phytophages…), dont une soixantaine d’espèces exotiques, encore non présentes sur le territoire. « Dans leur grande majorité, les espèces indigènes se développant sur ce végétal n’ont aucune conséquence sur le buis », souligne l’entomologiste Philippe Reynaud (Anses-LSV, Montpellier). Le buis peut aussi abriter des nématodes phytoparasites (Meloidogyne sp., Pratylenchus sp.…) qui en détériorent le système racinaire (lésions, galles, déformations) et entraînent des retards de croissance, des flétrissements ou encore des chloroses. Mais les principales sources d’inquiétude sont les maladies du dépérissement (Cylindrocladium buxicola syn. Calonectria pseudonaviculata et Volutella buxi syn. Pseudonectria buxi), ainsi que la pyrale du buis Cydalima perspectalis. La rapidité de dispersion et la voracité de la larve de ce lépidoptère laissent peu d’espoir à l’arbuste. L’invasion fulgurante du papillon ces dernières années s’expliquerait par des capacités de vol relativement élevées associées à une importante dispersion via le commerce des plantes ornementales.

Les risques sanitaires encourus par le buis sont tels qu’il a été cité en exemple dans un amendement autorisant des dérogations à l’interdiction des traitements chimiques dans les espaces ouverts au public. En effet, dans la loi relative à la lutte contre l’accaparement des terres agricoles et au développement du biocontrôle n° 2017-348 du 20/03/17 (dite Loi Pothier), l’article 8 donne la possibilité de recourir à des traitements conventionnels (dans les espaces ouverts au public) lorsque, « sur la base des résultats de la surveillance biologique du territoire, ces traitements s’avèrent nécessaires pour lutter contre un danger sanitaire grave menaçant la pérennité du patrimoine historique ou biologique et ne pouvant être maîtrisé par un autre moyen, y compris une méthode non chimique ». Les modalités de cet article restent toutefois à préciser.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement