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Producteurs : des efforts trop peu valorisés

Prix trop élevés pour le consommateur, dialogue au point mort et sentiment de ne pas pouvoir négocier d’égal à égal : face aux distributeurs, les producteurs ont le blues.

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Dans un contexte difficile, nous avons enquêté via le web auprès d’une centaine de producteurs commercialisant auprès de distributeurs spécialisés pour évaluer leur état d’esprit vis-à-vis de cette clientèle. Et le résultat, qui n’a pas vraiment valeur de sondage car l’échantillon est limité, est néanmoins édifiant : sans surprise, aucun producteur ne juge sa relation à ses clients en sa faveur, mais seul un tiers de l’échantillon estime la relation équilibrée. Les deux tiers restants des producteurs qui ont répondu à notre sollicitation estiment que la relation commerciale est en leur défaveur. L’ensemble des répondants ont rencontré, au cours de la saison écoulée, des problèmes avec leurs clients. Plusieurs points de friction sont évoqués, les livraisons (leur fréquence et les franco ainsi que leur organisation), la qualité des produits, les conditions commerciales et en particulier les marges arrière. Mais ce sont de très loin les prix demandés par les clients qui sont la principale raison de la grogne de producteurs, ils représentent la moitié des doléances émises par les producteurs. Sur une échelle de 1 à 5, 1 étant la plus grande fréquence et 5 la plus faible, la fréquence à laquelle des problèmes se posent est évaluée à 2, pour près de la moitié des personnes interrogées et c’est la valeur moyenne de l’ensemble des répondants.

Globalement, les producteurs estiment que le « made in France », qui fait aujourd’hui l’objet de bien grands discours, est insuffisamment mis en valeur sur les points de vente. Pour améliorer ce point, ils proposent, pêle-mêle, de favoriser la production française, le rapport qualité/prix plutôt que le prix. Ils aimeraient que la distribution mette plus en avant auprès de ses clients des sujets comme l’impact carbone des transports ou l’existence de labels écoresponsables comme Plante Bleue. Mais là aussi, c’est le prix qui est vite évoqué comme le principal écueil au meilleur écoulement des produits français. Beaucoup aimeraient que la marge de distributeurs soit calculée en fixe plutôt qu’en pourcentage, pour limiter les prix de produits qui rebutent à leurs yeux le consommateur. Ils aimeraient aussi que la distribution soit plus présente sur le dossier de l’amélioration de l’offre vers le consommateur.

Les producteurs aimeraient un partage plus équitable

Les producteurs estiment aussi que la palette végétale disponible n’est pas suffisamment mise en valeur. Enfin, nous avons demandé en question ouverte quelle était la question la plus urgente à résoudre pour chacun dans le but d’améliorer la relation producteurs/distributeurs. Impossible de citer toutes les réponses, mais la plupart du temps, une fois de plus, les réponses portent sur des questions d’argent : meilleure répartition de la valeur ajoutée entre les deux partis (un tiers des réponses), limitation des marges pour rendre les produits plus attractifs (un tiers également), réduire les offres promotionnelles qui sont jugées trop fréquentes au détriment des marges. Le fait qu’il reste aujourd’hui un nombre restreint d’enseignes face à quelques centaines de producteurs rend évidemment aux yeux de beaucoup les relations déséquilibrées. Enfin, certains évoquent le dialogue qui devrait être meilleur afin d’ajuster les livraisons quand la météo fait des caprices…

Pascal Fayolle

Enquête réalisée fin août auprès de 100 producteurs commercialisant via la distribution spécialisée ou non, par courrier électronique.

© g.dedieuleveult - g.dedieuleveult

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