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Couverts enherbés Des évolutions dans les pratiques

À l’ère du zéro phyto, des restrictions d’arrosage en période de sécheresse et des contraintes de budget, les pratiques en espaces verts évoluent. Les couverts enherbés ne font pas exception. Les prairies « naturelles » et fleuries, qui demandent moins d’entretien et favorisent la biodiversité, sont de plus en plus plébiscitées dans certaines collectivités.Dossier réalisé par Claude Thiery et Léna Hespel

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Concilier la demande de nature, mais aussi­ d’ordre et de propreté, des citadins, sans augmenter (voire diminuer) les coûts n’est pas chose aisée pour les ser­vices des espaces verts municipaux. L’enherbement de certains espaces (telles les zones sablées) est à même de répondre à plus de vert en milieu urbain. Avec le zéro phyto, semer des couverts végétaux demande moins d’entretien que le dés­her­bage, tout en végétalisant les villes. Pelouses, gazons ou prairies : les couverts enherbés sont d’ailleurs de plus en plus présents dans l’espace public. Mais leur coût d’entretien reste non négligeable pour les collectivités.

Optimiser les temps de travaux

Le choix de l’enherbement et de la gestion de ces couverts est délicat. Les espèces à implanter doivent répondre à certains critères : les plantes doivent être adaptées à la fréquentation du lieu, comme par exemple la résistance au piétinement pour les graminées, mais aussi aux conditions climatiques locales. Attention aussi au choix des semences de gazon : une pelouse qui pousse trop vite revient plus cher en entretien, en raison de la nécessité de tondre régulièrement.

Ces dernières années, les obtenteurs de gazons ont beaucoup adapté leur offre et proposent des variétés qui n’existaient pas il y a dix ans. C’est le cas par exemple, pour engazonner des espaces très extensifs, de la koelérie, qui nécessite peu d’entretien, ou les microtrèfles et microluzernes, résistant bien à la sécheresse.

Pour le choix de la gestion, il est nécessaire dès la conception de prendre en compte les tâches d’entretien sous-jacentes. Certains espaces ne sont pas adaptés à une tonte régulière, il vaudra peut-être mieux y installer des plantes pérennes. Une fois le type de couvert et de gestion sélectionnés, l’entretien peut être optimisé afin de limiter le temps passé (pages 28 et 29). Pelouses rus­tiques, gazons de prestige, prairies fauchées ou broyées, écopâturage… la diversité des pratiques se répercute sur le paysage urbain, qui évolue avec elles.

Davantage de biodiversité

Si les pelouses tondues sont encore majoritaires, la conversion­ de diverses étendues enherbées aux prairies naturelles et fleuries a le vent en poupe (pages 30 à 32). Ces espaces ont l’avantage d’amener davantage de biodiversité­, à la fois floristique et faunique, puisque les mellifères attirent les pollinisateurs, tandis que des plantes hautes fauchées tardivement donnent la possibilité aux macro- et micro-organismes de s’y dévelop­per en toute tranquillité.

Mais lors du passage à la pratique, les fauches tardives impliquent un changement de paysage parfois difficile à faire accepter. Certains citadins ne supportent pas la vue des herbes hautes jaunissantes. La vision de la pelouse parfaitement tondue du jardin à la française reste très ancrée dans l’imaginaire collectif. Pour faire bouger les lignes et amener le grand public à accepter ces nouveaux paysages, il est impératif de communiquer autour de ces nouveaux usages et d’en présenter les avantages, notamment en termes de biodiversité.

Ces nouvelles pratiques (fauche tardive de prairies fleuries, écopâturage...) ont aussi l’avantage de demander moins de temps d’entretien, comparées aux gazons qui nécessitent d’être tondus et arrosés régulièrement.

Comme toujours, les revendications des citoyens dé­cideront en grande partie du visage futur des espaces verts en ville.

L. H.

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