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Changement climatique Les pétales des fleurs changent de couleur

Certains pigments présents dans les pétales des fleurs les protègent des rayons UV. ©L. Hespel

Dans une étude scientifique parue le 17 septembre, des américains ont montré que la teneur en pigment des pétales aurait augmenté de 2% par an en soixante-quinze ans, pour se protéger des rayons du soleil.

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Les pigments présents dans les pétales des fleurs leur donnent leurs couleurs : les anthocyanes par exemple dotent les pétales de couleurs allant du rouge orangé au bleu pourpre, mais certains émettent aussi dans l’ultraviolet (UV). Si ces couleurs attirent les pollinisateurs, elles permettent aussi de protéger le pollen des dommages causés par ces UV et ont un rôle dans la thermorégulation* florale.

Une équipe américaine dirigée par Matthew H. Koski, chercheur à l’université de Virginie (Etats-Unis), a analysé 1238 fleurs de 42 espèces différentes collectées entre 1941 et 2017, issues d’herbiers. Leurs résultats ont été publiés le 17 septembre 2020 dans la revue scientifique Current Biology : à l’échelle mondiale, la teneur en pigments absorbant les UV chez les fleurs a augmenté au cours du 20e siècle.

Une augmentation des pigments absorbant les UV

En comparant les pétales d’une même espèce à plusieurs décennies d’intervalle avec des caméras UV, les scientifiques ont montré que la teneur en pigments absorbant les UV a augmenté d’environ 2% par an ces 75 dernières années.
Toutefois les changements de pigmentations varient en fonction des espèces. Si en moyenne la teneur a augmenté, chez certains taxons elle a diminué.
Pour les espèces où le pollen n’est pas protégé par les pétales mais exposé aux rayons ultraviolets, la pigmentation augmente dans les lieux où la couche d’ozone est plus fine (proche des pôles), et laisse donc passer plus de rayons UV.

En revanche, pour les espèces où le pollen est protégé par les pétales, la pigmentation diminue lorsque la température augmente. En effet, le pollen peut être asséché par la chaleur. Des pétales plus clairs permettent de diminuer la température, et éviter que le pollen ne sèche.

Quelles conséquences sur les pollinisateurs ?

Si cette différence de pigmentation est indétectable pour les humains à l’œil nu, elle a une incidence pour les pollinisateurs. En effet, l’absorption dans l’ultraviolet produit des motifs perceptibles par les insectes et pouvant les guider vers le nectar.

Cette étude montre une réponse rapide de la pigmentation florale face à l’augmentation des températures et des rayons UV. Si ces variations de pigmentations dépassent un certain seuil pour une plante donnée, les motifs ne seront plus reconnaissables par les pollinisateurs qui pourraient alors abandonner les fleurs concernées. Avec des répercussions sur la capacité de reproduction des plantes.

Léna Hespel

*La thermorégulation est l’ensemble des mécanismes qui permet à un organisme de se maintenir à une température souhaitée.
L’étude est disponible en libre accès (en anglais)

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