Login

Prêt-à-poser : le végétal pour consommateurs impatients

À tous les niveaux de la filière, de l’obtention au point de vente, du distributeur de semences ou plants au producteur, on se soucie des nouveaux usages et « d’une meilleure expérience consommateur ».Odile Maillard

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

­Le végétal se doit d’être esthé­tique, coloré, pour des acheteurs potentiels de produits par­faits, sans contraintes (ar­ro­sages limités). Les com­positions de plantes en coupes ou jardinières et les associations de fleurs et feuillages voient leur attractivité dans les points de vente se renforcer. Suffisamment pour mobiliser l’amont de la filière : obtenteurs et stations­ d’expérimentation s’impliquent, notamment pour optimiser la production de cultivars susceptibles de bien s’associer : homogénéisation de la taille des plantes, synchronisation des floraisons... afin de mieux satisfaire­ les consommateurs. En particulier les jeunes, qui ne veulent pas avoir à chercher dans plusieurs rayons et attendent une fiabilité tout au long de la saison, avec un entretien et des contraintes réduits au strict minimum.

En amont, dès le jeune plant...

Les obtenteurs de chrysanthèmes avaient été parmi les premiers à sélectionner puis proposer des cultivars parfaitement compatibles et à repiquer – dès le jeune plant – dans le même contenant. Objectif : des potées multicolores, notamment pour relancer les ventes de Toussaint.

De longue date, depuis la création de ses gammes Féerie d’automneTM, Féerie d’hi­verTM­ ou FrülingsflirtTM, la firme allemande Kienztler (commercialisée en France par Graines Voltz) a beaucoup fait avancer la cause, en visant des saisons déterminées et de belles associations pour une réussite­ quasi garantie (dont les concepts Quartett ou Trio Mio). Aux FlowerTrials de juin dernier, elle déclinait aussi diverses palettes végétales pour gourmets, à base d’aroma­tiques (Kräuter LustTM).

… et dans les stations

Les stations d’expérimentation se mobilisent aussi. Avec des partenaires, elles mutualisent leurs réflexions et actions pour proposer de nouvelles présentations de végétaux, validées techniquement ainsi que par des jurys d’acheteurs.

La station Astredhor AURA/Ratho, à Brindas (69), a travaillé pendant trois ans sur un « concept de prêt-à-poser estival ». Vegepap­**­ concerne des associations d’annuelles­, arbustes et vivaces en pots colorés, testées selon divers modes d’arrosage. L’objectif étant d’aider les pro­ducteurs à proposer une offre à l’effet « waouh­ » immédiat, qui durera toute la saison­, à des consommateurs de plus en plus novices et peu patients. Sur 166 es­pèces et variétés au départ, 70 à 80 ont été retenues, après une saison de culture comprenant un été caniculaire, et après avis d’un jury de consommateurs en septembre 2019. Des succulentes vont être ajoutées à l’essai.

« Pour les années à venir, il faut encore améliorer le choix des plantes associées, notamment afin qu’elles résistent aux grandes chaleurs », précise l’équipe. Les contenants devraient soit inclure une mèche, soit privilégier un volume de substrat très important pour s’affranchir de la réserve d’eau. David Vuillermet, responsable d’expérimentation, l’annonce : « Cette action va monter en puissance. Dès 2020, nous allons faire un test consommateur dans un point de vente au détail (le lycée de Dardilly, dans le Rhône). En 2021, l’idée est d’avoir un kit de communication à disposition pour présenter la démarche aux acheteurs. » À terme, le concept devrait décliner les modalités technico-économiques pour les producteurs et un outil en ligne pour afficher les résultats et les plantes le mieux adaptées.

Marier esthétique et prix

De son côté, la station Astredhor Sud-Ouest/GIE Fleurs & Plantes, à Villenave- d’Ornon (33), n’oublie pas les autres saisons. En 2018-2019, elle a travaillé sur la tendance « marketing, nouveaux concepts de vente pour les produits horti­coles (projet MarkHor***) ». Elle engage des expérimentations sur une gamme végétale d’automne-hiver en prêt-à-poser. Pour aider à compenser « un marché qui tourne beaucoup plus lentement qu’au printemps » alors que « la diversité végétale disponible à cette période est pourtant importante ».

Aux vivaces fleuries et feuillages colorés, elle ajoute aussi des plantes de pépinière de petit format. Les résultats en 2018 ont validé un nouveau concept de sacs, issus du recyclage de bouteilles plastique, comparés à des pots marquetés ou classiques. Ils sont déplaçables et très en vogue (style « concept urbain »).

Les feuillages sont appréciés, mais, parfois, il faudrait un petit peu plus de fleurs et de couleurs vives.

Ce concept représente d’emblée un gros budget. Il est donc difficile à vendre vu la quantité de plantes et le mélange avec de petits arbustes. Le produit final doit sortir à une vingtaine d’euros maximum, pour ne pas rebuter le consommateur.

Début 2019, des enquêtes auprès de particuliers ont montré que la majorité d’entre eux, dont les jeunes, sont plus attirés par le sac, notamment pour un achat personnel, et sont prêts à payer dix euros de plus que pour les pots plastique classiques.

La station travaille également sur la tenue des plantes pendant plusieurs saisons.

« Fin 2019, nous avons mis à l’étude des concepts d’intérieur, avec des poinsettias aux couleurs tendance, associés à d’autres plantes », conclut l’équipe.

**Partenariat entre le Ratho, l’EPL Dardilly-Ecully et Greenseeker, financé par la région AURA-Pepit.

***Essai financé par FranceAgriMer.

Pour en savoir plus : diaporamas

sur www.lienhorticole.fr

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement