Un drive végétal pendant le confinement... et au-delà !

«Dès le 16 mars, soit la veille du début du con­finement, nous avons envoyé un e-mailing aux clients pour les informer que nous fermions le magasin le soir même », se souvient Pierre Migné, chargé de mission chez Pépinières Allavoine. Dans cette entreprise familiale, les acti­vités paysage et pépinières, en pleine terre et en hors-sol, cohabitent depuis plus de 90 ans. Trois sites de production – aux Loges­-en-Josas (Yvelines), à Gaillon (Eure) et à Bièvres (Essonne) – alimentent le point de vente, également situé à Bièvres. « En quelques heures, nous avons dû fermer le magasin et sortir tous les végétaux qui avaient été commandés et préparés dans le hangar d’expédition, raconte-t-il. Ils ont ainsi pu profiter de la lumière et d’un arrosage régulier en attendant que les clients puissent venir les chercher. » Ensuite, toutes les activités se sont arrêtées, hormis les services productions et commerciaux, en effectifs réduits, ainsi que quelques chantiers.

« Tous les jeunes plants que nous avions commandés pour notre mise en production ont été reçus comme prévu. Grâce aux mesures barrières rapidement appliquées pour sécuriser les salariés (lire l’encadré), nous avons pu préparer les plants pour nos plantations en pleine terre et nos rempotages et surrempotages en conteneurs, qui seront vendus au cours des prochaines saisons », précise-t-il. Pour le secteur paysage, le confinement a surtout eu pour effet de reporter les commandes et les chantiers.

Commandes annulées ou reportées

Concernant les végétaux déjà présents sur la plateforme de vente, il en va tout autrement. « Pour certains lots, nous avons subi des pertes, déplore le chargé de mission. Des commandes ont également été annulées alors que les plantes avaient déjà été arrachées et préparées. Le secteur public, de son côté, a brutalement arrêté ses commandes. D’autres ont été maintenues mais les clients, paysagistes ou collectivités, souvent encore fermés, n’ont pas pu venir les chercher pour l’instant. Les végétaux qui sont en motte peuvent être perdus. Pour cela, nous en stoc­kons certains en jauge. Cette opération nécessite un travail considérable pour les garder en bon état avant leur expédition. »

En pépinières, les pertes sont en cours d’évaluation même si la majorité des végétaux parviendront à attendre la reprise des ventes. Néanmoins, mars, avril et mai sont les trois plus gros mois de l’année, avec un nombre de ventes important aux particuliers. « Depuis fin mars, les professionnels peuvent venir, sur rendez-vous, retirer leurs commandes, explique Pierre Migné. Pour garder le lien avec tous nos clients, répondre à leurs besoins durant cette période de confinement mais aussi afin de limiter les pertes et pré­parer l’avenir, nous avons mis en place le 21 avril un service de drive, conformément aux directives en vigueur. »

Trente commandes par jour

Un e-mailing a été envoyé à l’ensemble des clients pour les informer de cette ouverture et des conditions sanitaires à respecter. Cette nouvelle, publiée sur le site Internet de Pépinières Allavoine, a en­suite été relayée localement par plusieurs mairies et collectivités. Puis le bouche-à-oreille a fait son œuvre. Résultat : très rapidement, une trentaine de commandes ont été enregistrées par jour, « le maximum possible pour garantir de bonnes conditions d’hygiène pour les clients et les salariés », indique-t-il.

Concrètement, le client passe sa commande par mail parmi une sélection de produits disponibles sur le site : aroma­tiques, légumes, plantes fleuries, vivaces, arbustes, fruitiers, semences, terreaux, pots... Un bon de commande lui est renvoyé avec un lien Web pour choisir la date et l’horaire de retrait. Les clients (deux toutes les quinze minutes) sont accueillis au portail d’entrée, où ils peuvent récupérer et payer ce qu’ils ont réservé.

Retraits dans l’après-midi

« Les commandes sont préparées le matin et stockées dans le hangar. Le drive ouvre du lundi au vendredi de 14 à 18 heures », rappelle Pierre Migné. Le règlement s’effectue par chèque ou carte bancaire, le terminal de paiement étant nettoyé entre chaque passage. « Nous avons été quasiment en rupture concernant les plants de tomates et les aromates. Les plantes à massifs, les vivaces et la terre ont également eu beaucoup de succès », note-t-il. Point positif de cette expérience, « le drive nous a permis de toucher une nouvelle clientèle locale qui ne prenait pas le temps de venir faire ses achats en magasin, se réjouit­ Pierre Migné. Il s’agit d’une autre façon de promouvoir, de vendre, de s’organiser et de servir les clients. Nous capitaliserons sur cette expérience et envi­sageons de faire perdurer ce dispositif de vente. »