Arbres du xxie siècle Les recherches se poursuivent
Suite de la série « Quels arbres planter en ville ? » débutée avec le dossier de septembre et l’article du mois dernier (p. 26-27) avec les travaux d’Astredhor, du Cerema et d’E6 consulting.
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Le programme de recherche «L’arbre, de la pépinière aux milieux urbains », financé par FranceAgriMer est porté par Astredhor Est, en partenariat avec Astredhor Seine-Manche et la société Up4Green. Lancé au début de 2020, il a pour premier objectif de développer de nouveaux produits végétaux de pépinière répondant aux prescriptions des aménageurs et ainsi permettre de renforcer la compétitivité de la filière pépinière française dans un marché très concurrentiel : la végétalisation du milieu urbain. Le second objectif est d’évaluer plusieurs compositions possibles de technosols pour la plantation en ville répondant à des problématiques telles que le manque de terre franche, l’économie circulaire ou encore les nouvelles utilisations comme la verticalisation de la végétalisation sur le bâti.
Un programme en quatre actions
Le projet comporte quatre actions :
- la mise au point d’itinéraires techniques dans le but d’obtenir une meilleure prédisposition des plantes ligneuses à leur utilisation dans un milieu contraint urbain. Avec préparation du système racinaire (avec quatre conteneurs, mycorhization, substrat) et de la partie aérienne (taille vs préformation de la couronne) ;
- l’évaluation de différents technosols, avec deux horizons de croissance et un horizon squelette ;
- la validation des itinéraires techniques de préparation des arbres en environnement opérationnel, avec implantation dans les technosols évalués dans l’action 2 ;
- favoriser le transfert de ces itinéraires techniques.
Un Sésame pour les bonnes décisions
L’outil d’aide à la décision Sésame initié par la Ville de Metz, Metz Métropole et le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) guide les décideurs vers une palette qui soit adaptée au contexte local de même qu’aux contraintes liées au projet d’aménagement.
En priorisant certains services écosystémiques – l’amélioration de la qualité de l’air (absorption des polluants gazeux, fixation des particules fines), la régulation du climat local, la qualité du cadre de vie et des paysages, le rôle de support de biodiversité –, l’outil présente une base de données de 85 espèces (arbres et arbustes) qui s’affine en fonction de facteurs tels que le lieu d’implantation dans la ville ou des facteurs non souhaités : potentiel allergisant, tolérance au sol compact ou sec, présence de racines superficielles, branches cassantes, fructifications toxiques, gênantes…
L’élaboration de ces critères s’est appuyée sur l’analyse de données comme la taille des feuilles, l’indice de surface foliaire, la persistance du feuillage, la densité du houppier, le caractère autochtone ou mellifère ou encore l’intérêt pour les chiroptères… Elles sont issues d’une analyse bibliographique de publications scientifiques ou du retour d’expérience des collectivités partenaires. Le rapport d’études, les 85 fiches espèces, l’applicatif (format Excel) et sa notice détaillée sont en libre accès sur le site Internet de la Ville de Metz*. La phase de plantations tests est en cours de réalisation pour la fin de l’année 2020, avec plus d’une centaine d’arbres.
Un second volet du projet Sésame est en cours de formalisation à une plus large échelle, avec une palette végétale d’environ 250 espèces, un plus grand nombre de services écosystémiques étudiés et le développement de partenariats avec certaines grandes villes.
400 essences pour faire face à toutes les situations
Grâce à une étude réalisée à la demande de la région Hauts-de-France en 2013, le bureau d’études E6 consulting a pu développer un outil multicritère d’aide au choix d’essences pour ce territoire, en partenariat avec Atelier Colin et Poli paysages. Une déclinaison a ensuite été élaborée pour l’échelon national, baptisé « Arbre en ville » et sa version 3 vient tout juste de sortir, avec de nouvelles fonctionnalités et une base de données comptant 400 espèces d’arbres.
« Cet outil d’aide au choix de plantations ne décide pas à la place des élus ou des aménageurs. Il permet d’asseoir la prise de décision sur une analyse croisée de plusieurs indicateurs, variables selon les essences, l’âge de l’arbre, le contexte urbain », explique Olivier Papin, responsable innovations au sein d’E6 consulting.
Les indicateurs actuellement disponibles concernent notamment le stockage de carbone (lire l’infographie), les bénéfices apportés dans la lutte contre les îlots de chaleur urbains (capacité d’ombrage et d’évapotranspiration en été), la résilience au changement climatique (capacité de l’essence à résister à un scénario de + 2 °C), l’intérêt pour la biodiversité, le potentiel non allergisant.
La base de données peut être enrichie des connaissances spécifiques acquises sur le territoire étudié. La sélection multicritère proposée tient également compte des conditions édapho-climatiques locales. Le calcul de la séquestration des polluants atmosphériques (particules fines, oxyde d’azote, ozone, dioxyde de soufre, monoxyde de carbone) grâce aux arbres, la vulnérabilité des essences (menace d’extinction), l’identification des espèces le plus adaptées en fonction de la zone climatique, le calcul de scénarios de neutralité carbone figurent parmi les nouvelles fonctionnalités développées dans la dernière version.
Grâce à l’évaluation du potentiel de séquestration, selon le stade de croissance, il est possible de souligner le rôle des arbres dans l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, de modéliser l’impact de la suppression de plantations mais aussi de calculer la quantité d’arbres devant être plantés pour compenser les émissions dans le cadre de projets pour atteindre la neutralité.
L’outil permet également de réaliser une analyse cartographique des îlots de chaleur urbains au sein de la collectivité, ce qui facilite la conception de scénarios de plantations avec une évaluation de l’impact des arbres sur le confort thermique du quartier ou de la ville.
Les collectivités de Valence (26), Grande-Synthe (59), Lille (59), Lens (62), Saint-Omer (62), Grand Lyon (69), région Hauts-de-France, Amiens (80), Nanterre (92), Saint-Nazaire (44), Grenoble (38), Bordeaux (33) utilisent différentes fonctionnalités d’« Arbre en ville ».
Yaël Haddad*https://metz.fr/projets/developpement-durable/ville-nature.php
Lire également en pages 42 et 43 « La végétalisation sur un boulevard, si... ».
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