Covid-19 Sortir de la crisepuis s’adapterà un monde nouveau
Alors que le déconfinement a lentement débuté, nous avons tenté dans ce dossier exceptionnel de treize pages de dresser un état des lieux des branches d’activité du secteur. Bien malin qui peut dire aujourd’hui de quoi demain sera fait, mais on peut dresser le constat qu’au-delà des spécificités de chacun, de grandes tendances se dessinent, dans la filière et dans la société.
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Entre la production (page 26), la distribution (page 30) et le paysage (page 32), l’impact de la pandémie de Covid-19 présente des différences. On n’est pas concerné de la même manière par le risque de contracter ou diffuser la maladie selon que l’on travaille en toutes petites unités dans un carré de culture à un kilomètre d’un village ou sur un chantier en cœur de ville avec du public à proximité. Ce sont ces spécificités que nous avons tenté d’évaluer ici au plus près de ce que chacun peut vivre sur le terrain.
Néanmoins, quelques tendances lourdes se dégagent de l’épisode unique que nous avons vécu au cours de ce printemps qui vont affecter l’ensemble des métiers de la filière. C’est le cas de la crise économique qui va inévitablement suivre la pandémie et le confinement. Quelle que soit l’importance de la baisse d’activité en France, en Europe et dans le monde, les chiffres sont et resteront longs à obtenir et sujets à caution en ces temps de suspicion généralisé. On peut avec certitude anticiper une forte montée du chômage, qui pourrait s’accompagner de violentes tensions sociales. À n’en pas douter, la crise sanitaire laissera des traces dans nos sociétés, durables et profondes.
Un profond sentiment d’injustice entre acteurs de même métier
On peut aussi imaginer que l’organisation du travail et de la société va changer. Ainsi le télétravail, qui a subitement connu un coup d’accélérateur forcé, le débat sur la place des hommes et des femmes dans la société, vieux comme le monde mais avivé par la nécessité de suivre la scolarité des enfants à la maison, entre autres, ou encore la confrontation d’idées qui fait rage actuellement en politique pour savoir s’il faut travailler plus pour rattraper le temps perdu dans les entreprises ou préserver les avantages sociaux acquis ne sont peut-être qu’un aperçu de ce qui nous attend.
Sur ce point de l’organisation du travail, il semble qu’on puisse avancer aujourd’hui que les petites entreprises, plus agiles, aient mieux fait face à la crise que les grosses, dans lesquelles les procédures de sauvegarde des agents semblent plus complexes à mettre en place. À moyen terme, le temps de travail, sa restructuration et sa répartition vont probablement redevenir des sujets forts, avec des conséquences tant dans la vie des entreprises et des services des collectivités que pour les travailleurs. La législation du travail pourrait aussi être clarifiée afin de rendre le quotidien plus facile et d’apaiser la peur de mal faire des dirigeants.
Autre élément qui a transcendé les métiers de la filière : le sentiment d’absence d’équité. Entre gammes de produits que l’on pouvait vendre ou non, entre points de vente ouverts et fermés, entre espaces verts accessibles et clos depuis le 11 mai... Il faudra trouver des solutions afin que les procédures soient plus justes si jamais les autorités devaient décider un nouveau confinement.
De nouvelles perspectives et une vraie solidarité
Reste que cette crise, comme toute autre, ouvre aussi des perpectives. Et certaines des tendances qui se dégagent des deux mois que notre société a vécus confinée s’avèrent incontestablement plutôt favorables aux métiers du végétal. Les consommateurs réclament davantage de proximité pour leurs achats ? Constitué d’une nuée de petites entreprises, le secteur répond bien à cette attente. Souvent citée comme un handicap dans un monde ouvert et concentré qui demande toujours plus de réactivité sur des volumes de plus en plus importants, l’atomisation devient un atout quand l’objectif est la proximité. Il va falloir moins voyager ? Les possesseurs de jardin vont s’y recentrer et jardiner encore plus, comme l’ont montré certaines tendances de consommation dès le mois d’avril. La demande d’un meilleur cadre de vie urbain va se renforcer ? C’est le cœur du métier.
Reste qu’il faudra résoudre des contradictions sociétales, comme ces demandes paradoxales vis-à-vis des pratiques des collectivités dans les espaces verts (voir page 33), des dissonances aussi autour des prix : le made in France sera plus cher, il faudra l’assumer. Or de nombreux articles tournant autour de l’alourdissement de la facture pour certains produits montrent que l’unanimité est loin de régner en la matière. Être dans la tendance ne va pas forcément de soi, même s’il s’agit de sauver les métiers.
Enfin, la crise sanitaire a mis en avant une autre tendance, constatée à différents échelons de la société mais qui s’est vérifiée également dans les métiers horticoles, la solidarité. Elle s’est ainsi traduite par des initiatives visant à offrir des brins de muguet aux personnes âgées dans les Ehpad ou encore des fleurs au personnel soignant (page 34)...
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