Ventes :bonnes nouvelles et grosses incertitudes
Les ventes pour les fêtes de fin d’année semblaient se dérouler correctement à la mi-décembre. Mais les cultures du printemps doivent se mettre en place maintenant et les producteurs veulent des garanties pour qu’on puisse les leur acheter.La rédaction
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Les chefs d’entreprise de la filière du végétal qui sortiront indemnes de la crise engendrée par la pandémie de Covid-19 seront armés pour aller faire le Vendée Globe : ils maîtriseront encore mieux qu’avant la gestion des alternances de chaud et de froid, de calme plat et de gros temps. Sans oublier la capacité à prendre des décisions en toutes circonstances.
Après un début de printemps bloqué puis en surchauffe, est arrivé le temps d’une Toussaint qui s’amorçait bien mais qui a été stoppée net. Puis la saison des sapins de Noël qui s’augurait catastrophique, puisque les arbres devaient être coupés alors que le reconfinement était annoncé, et qui, si l’on en croit tous les échos à la mi-décembre, se déroule très favorablement… La crise sanitaire n’est pas simple du point de vue de l’activité ou de la trésorerie, mais elle laissera peut-être encore davantage de traces au niveau humain.
Quoi qu’il en soit, à la mi-décembre, un sondage lancé auprès de l’ensemble de la filière via la newsletter du 11 décembre (www.lienhorticole.fr) et une enquête auprès de quelques acteurs du monde horticole laissaient présager des ventes correctes pour les fêtes de fin d’année. Outre les sapins, les plantes fleuries, hellébores, camélias… qui s’écoulaient plutôt bien, certains parlaient de ruptures de disponibles pour les poinsettias.
Il semble que les Français aient eu, malgré le couvre-feu en vigueur à partir du 15 décembre et les restrictions sur le nombre de convives pour les réveillons, l’envie de rendre la période moins triste et moins anxiogène. Cela représente aussi une relative bonne nouvelle, alors qu’au début du mois, le pessimisme régnait largement chez les producteurs : le reconfinement avait beau être plus souple que celui du printemps, il était aussi plus mal vécu, que ce soit moralement ou économiquement.
L’investissement, c’est maintenant !
Ce chaud et froid est-il amené à durer ? Marquera-t-il aussi le printemps prochain ? C’est la prochaine étape cruciale pour le secteur, et pas des moindres. Nombreux sont ceux qui se demandent, depuis des semaines, que mettre en culture, dans quelles quantités. Maintenant, au pied du mur, la décision à prendre pèse – selon l’interprofession – la bagatelle de 500 millions d’euros. Val’hor et la FNPHP ont été reçus par le président de la République le 6 décembre. Ils ont tenté d’obtenir des garanties sur les ventes de printemps. « Nous ne pouvons pas investir cette somme sans avoir la certitude de pouvoir vendre notre production demain ! » ont-ils plaidé. Ils ont demandé « le classement immédiat du végétal comme produit de première nécessité au risque de voir sacrifiée cette filière française d’excellence ».
Les représentants des professionnels ont rappelé au président que le printemps représente la plus grosse part du chiffre d’affaires des activités du secteur. Et que, pour disposer de végétaux à cette date, les producteurs sont contraints d’investir aujourd’hui dans les plants, les intrants, le recrutement de contrats saisonniers et le matériel à acheter ou à rénover.
« Ce choix ne tolère ni l’incertitude, ni la précarité de la situation actuelle quant à la pleine liberté d’ouverture de l’ensemble des circuits de commercialisation au printemps 2021. Car les fleurs, les plantes, les arbres sont vivants, périssables, non transformables, non stockables et sans autre alternative commerciale. Ce sont les végétaux dont les Français pourront disposer au printemps et qui maintiendront la production française nécessaire également disponible à la végétalisation des paysages urbains et du cadre de vie de tous. »
Respecter tous les maillons de la filière
Les représentants de la filière ont aussi assuré à Emmanuel Macron que « l’ensemble des circuits de commercialisation disposent de protocoles sanitaires garants de la sécurité des clients et des salariés, même en cas de situation sanitaire dégradée ».
Enfin, ils ont insisté sur le fait que l’existence du secteur du végétal « repose sur la vitalité de ses trois maillons essentiels et interdépendants : la production, le commerce et le paysage. Empêcher l’un d’entre eux de fonctionner pleinement, c’est en condamner l’ensemble. C’est ce qui s’est notamment passé au printemps 2020, avec des répercussions immédiates et quantifiables pour cette seule période, résultant de la limitation drastique des circuits de commercialisation durant plusieurs mois : destruction de 3 600 emplois, cessation d’activité de 3 000 entreprises, pronostic vital engagé pour d’autres, mise en décharge de 100 millions de tiges et une perte estimée à 60 millions d’euros pour la destruction des végétaux invendus ».
Une demande de garanties
Pour Mikaël Mercier, président de Val’hor , « le président a été attentif aux problématiques de la filière et à l’enjeu du printemps à venir. Cet échange a été l’occasion de rappeler que nous faisons partie de l’âme de la France ».
Alors que l’on sait que la situation sanitaire est loin d’être stabilisée, qu’une troisième vague de coronavirus est plus qu’envisageable et que les vaccins ne régleront pas tout en quelques semaines, obtenir des garanties pour pouvoir travailler au printemps prochain n’empêchera peut-être pas de connaître des sueurs froides et des périodes de doute. Mais cela permettrait a minima de mettre en culture dans une relative sérénité.
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