Salon du végétal 2020 La relation professionnelle 2.0 est en train de s’inventer

L’édition digitale du Salon du Végétal aura lieu les 14 et 15 septembre. Ses contours se dessinent, en particulier ceux des plateaux télé du lundi 14. f.arnould
L’édition digitale du Salon du Végétal aura lieu les 14 et 15 septembre. Ses contours se dessinent, en particulier ceux des plateaux télé du lundi 14. f.arnould

Lieux de proximité peu compatibles avec la « distanciation sociale » prônée en ces temps de pandémie, les salons professionnels doivent se trouver de nouvelles perspectives.

Il est encore bien tôt pour le dire, l’arrivée d’un traitement efficace pourrait rendre toutes les analyses « à chaud » obsolètes, mais on peut imaginer que la crise sanitaire que nous traversons risque de trier les activités économiques en deux catégories : celles qui vont devoir évoluer et celles qui vont devoir se réinventer. L’ampleur de la crise à venir, qui reste à ce jour largement atténuée par les amortisseurs sociaux français, sera à n’en guère douter assez forte pour impacter la société tout entière. A minima, il faudra, comme souvent en cas de crise, ajuster les prestations et les coûts, étoffer son offre de service, rogner dans les investissements trop risqués en les retardant…

Les secteurs les plus indispensables, comme l’agroalimentaire, devraient relever de ce mécanisme : renforcer l’offre de produits plus abordables et limiter le haut de gamme, ajuster les marges et les process, par exemple, devraient permettre de passer le cap. D’autant qu’il ne faut pas s’y tromper : comme les autres, il reste dans un contexte d’adaptation permanente, ne serait-ce qu’au niveau de la demande montante de produits plus sains. Pour ces secteurs, les crises ne font souvent qu’accélérer des mutations sous-jacentes.

Par-contre, certains pans du tourisme de masse risquent de souffrir infiniment plus et plus durablement de la crise et vont devoir se réinventer. Les structures situées à 2 ou 3 000 Km de l’Europe et se remplissant essentiellement grâce à des avions low cost d’une clientèle aisée peu disponible sur place, comme en Afrique du Nord, par exemple, ont sûrement plus de soucis à se faire. Les évolutions des mentalités sur l’avion couplées aux risques sanitaires risquent de remettre durablement en cause de nombreux modèles économiques.

Un nouveau modèle économique à inventer

Il en va de même dans le secteur du végétal : le petit producteur jouissant d’une image locale et qui a pu surfer sur la popularité des plants pour le potager ne sera pas immunisé contre les conséquences de la pandémie. Ceux qui perdront leur emploi lui achèteront moins de plantes et il va rester indispensable de faire évoluer les services commerciaux, comme le drive ou la livraison, par exemple. Mais les conséquences de la crise sur lui devraient être moindres que sur un producteur hyper spécialisé ayant fait le choix de commercer via la grande distribution.

Les salons font partie des acteurs de notre secteur d’activité lourdement impactés par la crise : basés sur la relation physique, ils représentent des rassemblements de personnes surveillés de près par les temps qui courent. A quelques exceptions près (ceux qui ont lieu en extérieur, par exemple), tous sont en train de s’imaginer une vie différente, au moins pour le court terme.

Le phénomène n’a pas encore été très flagrant en France, car le confinement n’a impacté que peu de rendez-vous de la filière. Mais à l’étranger, plusieurs salons ont dû s’inventer des éditions digitales, faute de pouvoir accueillir plusieurs milliers de visiteurs sous le même toit. Le Salon du végétal ouvre le bal de cette tendance dans l’Hexagone. Le salon devait se tenir sur ses terres d’origine à Angers, du 8 au 10 septembre. L’édition « physique » du rendez-vous a dû être reportée à février 2021. En attendant, les 14 et 15 septembre, les organisateurs ont imaginé un salon « digital », un rendez-vous professionnel, avec des contenus tournés vers l’avenir de la filière, que tout un chacun pourra suivre de chez lui sans risquer sa santé.

On pourra évidemment se dire que comme tous les autres secteurs, les salons en sont aujourd’hui à s’adapter au contexte et que ces éditions « digitales » avaient déjà commencé à fleurir ici et là avant la pandémie. Mais il ne faut pas s’y tromper, ces rendez-vous professionnels risquent de pâtir plus durablement que les autres de la situation. Même si l’on sait que le modèle économique du salon virtuel reste à trouver, voir le Salon du Végétal, un acteur majeur de notre secteur qui avait de toute façon, au vu de son histoire récente besoin de se réinventer, écrire les premières pages françaises de l’histoire des salons post-Covid est en tout cas de bon augure.

Pascal Fayolle

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