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Roses parfumées Des senteurs passées au crible

Rose Princesse de Monaco® Meidysouk. Sa fragrance délicate et suave rappelle R. centifolia ou rose de Mai.

Des recherches fondamentales s’attachent à trouver l’origine des fragrances des roses. Une des molécules responsables, le géraniol, a fait l’objet de grandes avancées ces dernières années.

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« La rose coupée n’a quasiment plus d’odeur aujourd’hui, regrette Guillaume Beaugey, sélectionneur chez Meilland. Les critères principaux lors de la sélection sont la forme de la fleur, pour qu’elle puisse voyager en avion, et sa tenue en vase. » Les obtenteurs tentent de remettre du parfum lors de la création de nouvelles variétés. « Leur diversité est un critère très important pour nous », assure Matthias Meilland, responsable des relations publiques de l'entreprise. Mais connaître les composés responsables du parfum d’une rose et comprendre leurs interactions est une tâche complexe. De nombreuses molécules sont à l’origine d’une grande diversité de fragrances. « On ne devrait pas dire qu’une rose est parfumée ou non parfumée, estime Jean-Claude Caissard, maître de conférences à l’Université de Saint-Étienne (42). Ce serait comme dire qu’il y a des roses colorées et non colorées plutôt que de dire qu’il y en a des rouges, des jaunes ou des blanches, par exemple. Il y a une grande diversité de senteurs dans les roses. Et un parfum, c’est un ensemble de molécules chacune sélectionnable. »

Le gène NUDX1, le géraniol, le citronellol... sous intenses observations

Depuis quelques années, l’université de Saint-Étienne travaille avec différents partenaires sur l’une de ces molécules : le géraniol. En comparant les gènes exprimés chez des roses parfumées et non parfumées, les chercheurs ont identifié que le gène NUDX1 était corrélé à la présence de cette molécule dans la fleur. Une découverte publiée dès 2015. L’équipe à l’origine de ces travaux continue d'informer régulièrement sur ses avancées. Comme, a priori, ce gène n’avait rien à voir avec la production de parfum, « nous nous sommes demandé si la production de géraniol était due à la sélection humaine, ou si c’était présent dans la nature », explique Jean-Claude Caissard. Non seulement le même mécanisme est présent aussi chez les roses sauvages, mais les scientifiques ont également découvert que le nombre de copies de NUDX1 est corrélé à l’intensité du parfum dans la fleur. Plus il y a de copies de ce gène, plus la rose fabrique du géraniol, donc du parfum. Même si la quantité finale peut dépendre des espèces. Les recherches se poursuivent. La dernière publication scientifique en date, publiée début mai 2023, a identifié une enzyme clé elle aussi impliquée dans la synthèse du géraniol.

« Le géraniol est une des molécules majeures. Ces travaux pourront aider à sélectionner des variétés avec plus de parfum », estime Guillaume Beaugey. Mais le transfert des connaissances en recherche fondamentale vers l’obtention variétale n’est pas aisé. Pour les obtenteurs, travailler sur les gènes et l’ADN des roses reste difficile. En partie parce que leur génome est complexe, résultat d’un croisement entre dix et vingt espèces sauvages. Mais aussi parce que les outils sont onéreux. D'autant que le géraniol reste une molécule parmi d’autres. Elle-même est liée à d’autres éléments intervenant dans les parfums, comme le citronellol. Mais d’autres composés sont présents dans les parfums, sans lien avec le géraniol. Les mécanismes ne sont pas encore bien compris.

La sélection de roses parfumées implique de nombreux travaux au champ comme au laboratoire. On est encore loin de maîtriser tous les facteurs qui gouvernent la production des parfums. ( © Meilland)

La chromatographie pour distinguer les composés

Un outil utilisé en sélection est la chromatographie. Cette technique aide à identifier les différents constituants d’un gaz ou d’un liquide. Elle permet de distinguer les composés à l’origine des différents parfums émis par les différentes variétés. Une première étape pour la sélection. « Il y a beaucoup de familles de molécules. Si on croise deux variétés de roses qui n’ont pas les mêmes molécules, les descendants ne seront pas forcément parfumés », explique Guillaume Beaugey. Un outil complémentaire aux recherches fondamentales, pour réussir à réintégrer plus de parfum chez les roses, en particulier les fleurs coupées.

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