Entre récit d’aventure, balade naturaliste et voyages sur les routes des arbustes et arbres remarquables, Yves Darricau a pris l’habitude d’inviter ses lecteurs à porter leur regard sur les paysages, à la découverte du beau et des propriétés utiles, à la ville comme à la campagne, sans oublier la cohorte d’organismes vivants (dont les abeilles) qui cohabitent avec les plantes. Face à toutes les vicissitudes que l’être humain impose à son environnement proche, dans son dernier ouvrage de septembre 2022, Des arbres pour le futur- Mémento du planteur pour 2050, l’auteur propose un voyage avec une cinquantaine « d’arbres emblématiques, compagnons de notre passé et de notre avenir ».
Dans la scène des « arbres premiers », l’auteur propose au futur planteur de regarder du côté des « arbres pionniers » ou « premiers champions qui s’avèrent adaptés aux aléas du futur annoncé ». Il y classe le frugal chêne vert et le chêne-liège. Viennent aussi le pin parasol, le sorbier et ses cousins, l’alisier et le néflier, modestes et trop souvent oubliés, ou les noisetiers dont celui dit de Byzance.
Reprenant les arbres « historiques, utiles des champs », Yves Darricau invite à revenir sur la palette des arbustes et arbres champêtres beaux et/ou utiles, souvent des valeurs sûres. Il y décrit les ormes, compagnons historiques dont le petit-cousin asiatique « pleureur de Chine ou Ulmus parviflolia », intéressant pour sa floraison tardive. Mais aussi, entre autres, certains frênes, l’érable Acer opulus...

Dans l’objectif de « planter la ville », la domestication urbaine ayant fait son œuvre, l’auteur constate que les conditions rudes urbaines ont servi de laboratoire d’acclimatation. Il propose donc d’introduire de multiples tilleuls (voir encadré), l’ailante, le sophora, ou le févier et le buddleia de Weyer, eux aussi beaux et utiles.
Dans la scène « planter les forêts », Yves Darricau retrace les multiples fonctions des arbres. Pour le planteur il recommande, notamment, le chêne de Bourgogne ou chêne chevelu (Quercus cerris), adapté au chaud et au sec, qui a fait ses preuves en Italie. Ou le cèdre voué à une carrière prometteuse en forêt pour sa résistance et les qualités de son bois.
Dans la perspective de « planter pour rêver », le lecteur retrouvera ce qu’Yves Darricau appelle des « belles plantes inutiles », mais intéressantes. Par exemple les arbres aux écorces remarquables, au feuillage ou au port originaux : cyprès, palmier à chanvre, pin napoléon ou Pinus bungeana (voir encadré), cabrillet, arbre de Judée, sapin d’Andalousie…
Dans une mission qui serait « planter pour réparer la nature », le planteur pourra s’intéresser à une palette favorable à la biodiversité, « même si l’offre ne suit pas toujours en pépinière ». Classiques de la flore locale mais sous-utilisées, parfois oubliées dans les arboretums, elles ont pour atout une floraison à un moment stratégique, des apports bénéfiques, une intégration facile. Saules aux racines dépolluantes, savonniers et arbre à miel pour les pollinisateurs, châtaignier de Seguin, viorne-tin, arbousier, heptacodion de Chine…
Dans la scène « planter le décor », l’auteur invite à penser renaturalisation des espaces résidentiels, avec des îlots de biodiversité, des fermes ornées…
En épilogue, Yves Darricau propose de « planter naïf », généreux, imaginatif, confiant dans les arbres et leur capacité à nous accompagner dans un futur proche plus chaotique. « Notre flore “locale” ne fut jamais figée, ni réduite à une liste gravée dans le marbre », conclut-il, avec son « invitation à retrouver l’imagination végétale et paysagère, à reprendre le fil de l’histoire voyageuse des arbres ».
*Des arbres pour le futur-Mémento du planteur pour 2050. Format 19 x 24 cm. 287 pages. 35 euros. Éditions du Rouergue.
En complément, pour en savoir plus :
- "Du pollen et du nectar d’arbres et arbustes… toute l’année !" : ;
- Livre Planter des arbres pour les abeilles, aux éditions du Terran (2018).