Villes vertes La santé publique comme moteur de développement
Pour sa 11e édition, l’Observatoire des villes vertes a interrogé 34 responsables de lieux de nature afin de mesurer la prise en compte du critère santé dans les aménagements paysagers. Résultat : le rôle bénéfique des espaces verts sur la santé est largement reconnu, mais des efforts de pédagogie restent indispensables en direction de certains élus.
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Amélioration de la qualité de l’air, réduction des effets des épisodes de canicule, protection des plus fragiles, effets avérés sur l’amélioration de la santé physique et mentale : « Les bienfaits des espaces verts sur la santé sont multiples, et particulièrement plébiscités en cette période de crise de la Covid », note l’Observatoire des villes vertes dans le rendu de sa onzième édition. Selon cette dernière enquête, les villes comptent sur les espaces verts pour installer des solutions durables et concrètes de santé publique au bénéfice de tous : les trois quarts des municipalités interrogées (74 %) déclarent que la protection de la santé publique est un critère pris en compte dans la politique de développement des espaces verts. Il s’agit même d’un critère prioritaire pour une ville sur cinq (20 %).
Très engagées sur le sujet, certaines communes ont renforcé les initiatives dans ce sens depuis quelques années : quatorze d’entre elles (40 % des villes interrogées) ont par exemple mentionné la mise en place de jardins thérapeutiques, comme Argenteuil (95), Beauvais (60) ou Cholet (49).
La qualité de l’air devant celle des sols
Les réflexions et initiatives des responsables d’espaces verts se concentrent sur deux actions visant en priorité à protéger l’environnement au profit de la santé : l’amélioration de la qualité de l’air arrive en tête (61 %), suivie de la protection de celle des sols (52 %).
À Marseille (13), avant toute création d’un nouvel espace vert, la direction des parcs et jardins fait procéder à des analyses systématiques des sols par une société prestataire et consulte, si besoin, la direction des solidarités, de la santé et de l’inclusion.
À Angers (49), la Ville insiste sur le fait que la qualité de l’air est une priorité. Elle a lancé un projet de forêts urbaines (150 000 arbres d’ici à 2025) et des arbres d’alignement sont plantés dans les rues pour contribuer à la filtration de l’air urbain (50 spécimens supplémentaires par an).
Des difficultés à rassembler les différents services
Si le sujet de la santé est prépondérant dans les critères pris en compte pour définir la politique « espaces verts », il peine toutefois à rassembler de manière uniforme les différents services de la Ville pour mettre en œuvre les projets : seul un quart des responsables d’espaces nature interrogés (26 %) déclare des liens forts (Caen (14), Montpellier (34), Limoges (87) ou Strasbourg (67)) ou très forts (Lyon (69) et Châlons-en-Champagne (51)) avec d’autres services, notamment avec celui des sports.
40 % des répondants (soit quatorze villes) déclarent des liens faibles ou inexistants avec leurs homologues des autres services sur le sujet – pourtant global – de la santé.
En revanche, pour mener à bien leurs projets, certains services espaces verts s’adjoignent des expertises extérieures : 50 % des villes interrogées déclarent faire appel à des spécialistes ou des professionnels de santé dans leurs projets de végétalisation.
Le grand public méconnaît encore le sujet
Au-delà des initiatives visant à amplifier les effets du vert sur la santé, un travail de pédagogie et de sensibilisation semble toujours nécessaire auprès du grand public : 85 % des responsables d’espaces nature en ville estiment que le rôle du végétal dans la protection ou l’amélioration de la santé publique n’est pas suffisamment reconnu par les citoyens.
Si les principaux bénéficiaires des initiatives mises en œuvre sont peu sensibilisés, les initiateurs et les décideurs publics sont également en forte majorité trop éloignés du sujet : 68 % des responsables d’espaces nature estiment que les décideurs publics, pourtant à l’origine des politiques activées, ne sont pas assez informés des liens existants entre végétal et santé. Les sensibiliser est un enjeu important afin de s’assurer de leur appui dans l’établissement de projets transversaux.
Pascal Fayolle*Méthodologie : l’enquête a été réalisée du 19 octobre au 12 novembre 2021 au moyen d’un questionnaire envoyé par e-mail au panel de villes de l’Observatoire : 34 ont répondu.
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