Recherche participative Pour ses dix ans, « Sauvages de ma rue » fait le point sur son activité
Créé en 2012, l’observatoire de sciences participatives dédié à la flore urbaine, porté par le Muséum national d’Histoire naturelle et l’association Tela botanica à travers le programme Vigie-Nature, dresse aujourd’hui le bilan de ces quelques années d’observations citoyennes et d’analyses scientifiques.
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« Sauvages de ma rue », qu’est-ce-que c’est ? Le Muséum national d’Histoire naturelle, à Paris, qui fête les dix ans de cette action participative qu’il a initiée en collaboration avec l’association Tela botanica, montre à quel point son existence n’est pas totalement encore entrée dans les mœurs.
Pourtant, « le protocole est très simple et accessible à tous. Il suffit, au cours d’une promenade citadine, en vacances ou en face de chez soi, de choisir une rue et de noter toutes les espèces logées sur le trottoir. Une fiche de terrain et des fiches d’identification pour reconnaître les 240 espèces les plus communes sous nos latitudes sont mises à disposition sur le site de l’observatoire pour démasquer les « sauvages » les plus difficiles à déterminer. Une fois à son domicile, les données sont envoyées directement aux chercheurs via l’outil de saisie », explique le Muséum.
Les sauvages suivent le réchauffement climatique
Mais, même encore insuffisamment connue et reconnue, l’action mise en œuvre alors que les sciences participatives n’en étaient qu’à leurs balbutiements a porté ses fruits. Elle a « mobilisé plusieurs milliers de participants pour référencer les plantes sauvages des rues de France. Ces apprentis botanistes ont compilé plus de 100 000 données représentant 2 400 taxons dans 470 communes », explique le Muséum national d’Histoire naturelle.
Et les scientifiques de compléter : « Grâce à ces données envoyées par les observateurs, la distribution des espèces est mieux connue. En effet, les trottoirs les plus riches sont dans les quartiers de périphérie et, de même, les plantes pollinisées par les insectes ont tendance à déserter les centres-villes trop densément bâtis. Par ailleurs, les résultats concernant Paris sont tout à fait significatifs. Grâce aux travaux de Joseph Vallot, botaniste du xixe siècle qui avait recensé ces plantes, les données de “Sauvages de ma rue” montrent la manière dont la flore actuelle diffère de celle d’il y a 150 ans. La flore contemporaine a, de fait, suivi le réchauffement climatique, les modifications d’urbanisation (perte des potagers), le passage des voitures tractées par les chevaux aux automobiles actuelles à moteur thermique ainsi que les changements de pratiques de nettoyage des rues. »
Le pissenlit roi des identifications
Enfin, les experts du Muséum précisent que la capitale n’est pas le seul lieu où « Sauvages de ma rue » fonctionne. « Les résultats pour les autres communes sont tout aussi intéressants : grâce à leurs excellentes participations, les scientifiques peuvent à présent établir une description très fine de la flore des rues dans plusieurs grandes villes telles qu’à Grenoble (38) et son agglomération, Clermont-Ferrand (63) et ses communes limitrophes, Blois (41), Angers (49)… »
Et le Muséum de conclure sur les espèces les plus fréquemment identifiées : ce sont « les pissenlits, le laiteron maraîcher, les séneçons, le pâturin annuel et le mouron blanc ».
Les créateurs de l’observatoire profitent régulièrement d’actions de communication, comme la dernière Fête de la nature, fin mai, pour peaufiner et améliorer encore l’efficacité de son réseau.
En savoir plus, participer : Sauvages de ma rue | Vigie-Nature
Pascal FayollePour accéder à l'ensembles nos offres :